La troublante «commission Bronner» sur les fake news
On peut remarquer aussi à l'occasion du passage de Gérald Broner - sans contradicteur- à l'emission C Politique ce dimanche que les accusations de complotisme sont toujours dirigées vers ceux d'en bas.
Et on attend toujours les accusations de complotisme des classes dominantes et des médias système qui accompagnent de manière récurrente par exemple toutes les entreprises de guerre occidentales.
Comme on a pu le constater à l'occasion du déclenchement de la guerre contre l'Irak ou contre la Lybie.
Pour s'en tenir à ces seuls exemples.
A quand une commission " indépendante " contre les fake news émanant des pouvoirs et des médias ayant pignon sur rue ?
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SOURCE : Libération
Le sociologue Gérald Bronner va conduire une mission sur la diffusion des théories complotistes et la propagation de la haine sur Internet. Un projet à l’initiative de l’Elysée dont la crédibilité et la composition interrogent.
Face à l’épidémie de désinformation sur le Web, l’Elysée veut montrer qu’il se retrousse les manches. Il en va ainsi de la mise sur pied d’un groupe d’experts contre les fake news. La «commission Bronner» - du nom du sociologue médiatique, spécialiste des croyances collectives - sera chargée de mesurer les dangers des fausses nouvelles sur la cohésion nationale afin de mieux y parer. Le groupe de travail devra rendre un«rapport» d’analyse et de propositions courant décembre. Parmi les objectifs cités mercredi lors d’une présentation : «Définir un consensus scientifique sur l’impact d’Internet», «formuler des propositions dans les champs de la prévention et de la judiciarisation des entrepreneurs de haine» ou encore «développer une analyse historique et géopolitique de l’exposition de la France aux menaces internationales».Une tâche ardue pour une mission express.
Grincer des dents
Avec Gérald Bronner, treize autres personnalités composeront la commission intitulée «Les Lumières à l’ère numérique». On y trouve la spécialiste des enjeux géopolitiques du cyberespace Frédérick Douzet, la chercheuse en sociologie politique Anne Muxel, l’ex-journaliste Rose-Marie Farinella, le politologue Roland Cayrol, le sociologue Laurent Cordonier, le chasseur de complot et directeur de Conspiracy Watch Rudy Reichstadt, la journaliste et youtubeuse Aude Favre, le professeur d’histoire-géographie Iannis Roder, l’historienne de la Shoah Annette Wieviorka, l’historien Jean Garrigues, la spécialiste de culture numérique Rahaf Harfoush, l’ancienne athlète de haut niveau et essayiste Rachel Khan, récemment autrice de Racée (éditions de L’Observatoire), et enfin le chirurgien Guy Vallancien.
La présence de ces deux derniers dans le panel d’«experts» interroge. Comme l’a révélé Marianne, Guy Vallancien vient d’être sanctionné d’un blâme par l’ordre des médecins pour certificat médical «mensonger» et «constitutif d’un manquement au principe de moralité». Ce n’est pas tout puisque l’urologue, proche d’Alain Minc, qui fréquente le Siècle et soigna François Mitterrand, a aussi dirigé de 2004 à 2014 le Centre du don des corps (CDC) de l’université de médecine René-Descartes à Paris, dont les sordides conditions de conservation des dépouilles ont fait scandale, après les révélations de l’Express. L’affaire, pour laquelle une information judiciaire est en cours, a suscité 72 plaintes de familles de défunts et mené à plusieurs mises en examen.
Le nom de Rachel Khan fait aussi grincer des dents. Ni scientifique ni spécialiste des médias, celle qui «prend ses distances avec la pensée décoloniale», selon la présentation de l’Elysée, s’illustre avant tout par des prises de position polémiques dans le débat public, s’attaquant systématiquement aux nouveaux discours antiracistes et féministes. Quel est donc son domaine de compétence sollicité pour lutter contre la propagation des fausses nouvelles ? «C’est la seule membre qui n’est pas impliquée dans la recherche scientifique, concède Gérald Bronner, arguant cependant qu’elle est «confrontée de par son activité à toutes sortes de conflictualités sur les réseaux sociaux». Assez pour en faire un «témoin» de référence, selon le sociologue.
Combattre la désunion nationale qui sévit sur le Net, conjurer le pessimisme ambiant qui creuse les fractures et abîme les liens entre les Français, pourquoi pas… Mais, à un peu plus de six mois de la présidentielle, la manœuvre ne manquera pas d’éveiller quelques soupçons sur la volonté de l’Elysée d’imposer une «vérité officielle» des événements. «On n’est pas là pour juger des contenus qui doivent être autorisés ou interdits, se défend Frédérick Douzet, on ne pense pas en termes de "vrai" et de "faux" mais selon un spectre d’acteurs qui s’étend de ceux qui agissent avec transparence et des méthodes journalistiques jusqu’à d’autres qui utilisent des moyens artificiels d’amplification de message et cherchent à tromper la population.»
«Cornériser»
L’initiative élyséenne est, en tout cas, concomitante du désir de la majorité de préempter le camp des «raisonnables» sur la scène politique, comme en témoigne l’un des tout derniers éléments de langage de la macronie. «En 2022, il nous faudra incarner le camp de la raison et de l’équilibre qui tient une société», disait le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Clément Beaune, à la fin du mois d’août dans le Monde. Une déclaration suivie de près par le patron de La République en marche, Stanislas Guerini, qui confirmait vouloir être «la voix de la raison et de l’intérêt général». Une façon de «cornériser»,comme l’écrivait Libé, les anti-pass sanitaire, les opposants politiques et les radicalités de tous bords.