Quand la direction de la SNCF continue à fermer les guichets
SOURCE : L'Humanité
La SNCF veut réduire l’ouverture de ses guichets dans des gares du Nord et du Pas-de-Calais. La CGT cheminots fait le parallèle avec l’ouverture à la concurrence du TER.
Lille (Nord), correspondance.
Les guichets de la gare de Dunkerque (Nord) ouvrent dès 4 h 50 (5 h 15 le samedi) et ferment à 21 h 30. Et le dimanche de 7 h 30 à 19 heures. Sous couvert de « rationaliser l’offre de service », la direction de la SNCF a décidé que ce serait désormais de 9 heures à 17 heures et fermeture le dimanche. Idem dans six autres villes du Nord et du Pas-de-Calais : Douai, Lens, Valenciennes, Béthune, Boulogne-sur-Mer et Calais.« Nous voulons que les guichets ouvrent du premier au dernier train,tranche Guillaume Grisolet, de la CGT cheminots de Dunkerque-Hazebrouck. Les bornes automatiques, c’est bien, mais elles ne sont pas accessibles à tous et certaines personnes ont besoin de conseils. »La direction a présenté ses chiffres : à Dunkerque, le coût annuel de fonctionnement des guichets représenterait 900 000 euros et, une fois déduites les ventes, un déficit de 300 000 euros.« Nous n’avons aucun moyen de vérifier et nous préférons raisonner en temps de conseils (délivrés aux usagers – NDLR) plutôt qu’en chiffres de ventes. À combien la SNCF évalue le savoir-faire des agents ? »interroge Guillaume Grisolet.
« Choix purement financiers »
Début novembre, la CGT cheminots s’est mobilisée devant les gares concernées. Ce jeudi matin, elle était à Lille pour remettre au président du conseil régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, les 27 000 signatures de sa pétition contre ces« choix purement financiers ».« Le train est un outil essentiel au service des territoires, qui doit être soutenu par l’État et les collectivités locales »,insiste au micro Xavier Wattebled, pour la CGT cheminots. Franck Dhersin, vice-président de la région chargé des mobilités, joue le jeu et prend la parole face aux drapeaux rouges.« Nous sommes contre la fermeture des guichets »,assure-t-il, joignant le geste à la parole en ajoutant sa signature à la pétition.« C’est une décision de la SNCF, qui nous dit qu’il n’y a plus que 6 % des billets qui y sont vendus. Elle ajoute que si nous voulons prendre le relais (pour maintenir ces guichets – NDLR), cela nous coûtera 4,5 millions de plus. »Une somme qui s’ajouterait aux 500 millions d’euros de l’actuelle convention régionale du TER. Certes, rétorque la conseillère régionale PCF Héloïse Dhalluin, elle-même cheminote, le plan émane de la SNCF. Mais, pour se justifier, cette dernière« répond systématiquement qu’elle doit être rentable »pour aborder l’ouverture à la concurrence, prônée par la majorité régionale de droite.« Nous sommes contre le monopole »,acquiesce Franck Dhersin, qui tente de rassurer :« Nous ne chercherons pas à gagner de l’argent et je veillerai à ce qu’il n’y ait pas de dumping social. »La preuve ?« La SNCF nous avait proposé de faire 62 millions d’euros d’économies en supprimant les chefs de bord (dans les TER – NDLR). Nous avons refusé. »
La majorité de droite n’a cependant pas voté la motion, proposée le matin même par le groupe Gauche démocratique et écologique, réclamant« d’auditionner en séance plénière la SNCF ». Même scepticisme chez Karima Delli, tête de liste d’union de la gauche et des écolos aux dernières régionales, qui réclame« un vrai grand plan régional ferroviaire de service public ». Histoire de rompre avec les retards, annulations et autres rames bondées qui font aujourd’hui le quotidien des usagers du TER dans les Hauts-de-France. La région assure avoir obtenu que la SNCF embauche des conducteurs et des contrôleurs pour améliorer le service. Uniquement du personnel précaire et non pérenne, soulignent les cheminots CGT. Quant à la récente commande de 33 trains, bénéficiera-t-elle à un opérateur privé ?