CARREFOUR, la lutte continue : salariés en grève à Hérouville Saint-Clair, ils veulent des embauches
SOURCE : Actu.fr
À l'appel de la CGT, une cinquantaine de salariés sont en grève jeudi 23 décembre 2021 chez Carrefour à Hérouville Saint-Clair (Calvados). Ils réclament "avant tout" des embauches.
Le mot d’ordre ? Une revalorisation des salaires pour tous. Le syndicat réclame une hausse de 300 € pour atteindre le salaire minimum de 2 000 € brut mensuel. Devant le nombre croissant d’employés en souffrance et d’arrêts maladie dans l’enseigne avec la pandémie de Covid-19, la CGT réclame également de « meilleures conditions de travail ». À Hérouville, c’est surtout cette dernière revendication qui est défendue.
Une manifestation dans le magasin
La cinquantaine de salariés mobilisés ont débrayé, pour certains, dans le rayon épicerie, dès 5 h ce matin. Ils se sont tous rassemblés vers 8 h 30 à l’entrée 1 du magasin, sans en interdire l’accès aux clients, comme dans d’autres hypermarchés du groupe.
Ils ont préféré distribuer des tracts, avant de défiler dans les rayons du centre commercial, fort de plus de 10 000 m² de surface de vente.
D’après Olivier Lemaire, délégué syndical CGT, qui travaille depuis plus de 20 ans dans l’hypermarché hérouvillais, son organisation « est ouverte au dialogue ». Mais il serait inexistant avec le directeur du magasin, nommé en octobre 2018.
Passé en coup de vent dans l’allée vers les caisses, le directeur a demandé aux grévistes qui manifestaient de « sortir du magasin », selon Olivier Lemaire. Sollicité, il n’a pas souhaité nous répondre, préférant nous renvoyer vers l’agence de communication de Carrefour en Normandie.
Celle-ci rappelle que la CGT a été le seul syndicat, « minoritaire », à ne pas signer l’accord national, qui entérine une augmentation générale de 1 % des salaires dans le groupe au 1er novembre 2021. Juste avant, la direction de Carrefour avait annoncé doubler la prime inflation, et verser en plus une prime d’engagement de 200 € pour les salariés des hypermarchés.
Des services et rayons fermés à Hérouville
Des avancées insuffisantes pour les grévistes d’Hérouville. Deux employées du rayon textile, officiant depuis 25 ans dans l’hypermarché, aimeraient bien « 500 € de plus ». Mais, localement, elles déplorent « surtout le manque de personnel ».
La pandémie n'excuse pas l'absence d'embauche. Tout s'enchaîne. On peut se retrouver à être seulement trois pour gérer huit rayons. En décembre, nous avons fonctionné avec une quinzaine de stagiaires d'école, de 15-17 ans, qui ont bossé comme nous.
Si l’on en croit Olivier Lemaire, le magasin serait tombé de 283 salariés en équivalent temps plein en 2018 à un peu plus de 200 cette année. « En ce moment, on compte 32 arrêts maladie dans le magasin, expliquent des salariés du rayon textile. Les gens ne sont pas remplacés. Le rayon charcuterie peut fermer à 15 h. On n’arrive pas à faire notre travail correctement. »
La location-gérance des magasins, nouvelle menace
Sur ce sujet, l’agence de communication de Carrefour n’avait pas encore d’éléments à nous fournir. En face, les employées mobilisées regrettent « parler dans le vide ». Pour elles, « c’est la première fois qu’on voit autant de salariés partir en vrille ». Elles craignent l’avenir proche :
La période des soldes arrive, nous ne sommes pas prêtes du tout. En stock, nous avons 40 palettes de retard.
Comme leur délégué syndical CGT, elles redoutent enfin que leur magasin passe un jour prochain en location-gérance. Comme d’autres enseignes en difficulté chez Carrefour. Pour Olivier Lemaire, ce mode de gestion « casse la convention collective nationale » et priverait les salariés déjà à bout de quelques avantages, dont le 13e mois, la 6esemaine de congés payés, la participation ou l’intéressement.