GUADELOUPE : « L’État joue la carte de la répression et gagne du temps », Jean-Marie Nomertin Secrétaire général de la CGTG démasque l'opération !
Et l'ensemble des médias système, chaînes en continu propriété des milliardaires mais médias publics compris, en coeur ont subitement cessé de couvrir l'actualité en Guadeloupe et en Martinique.
Alignés par conséquent sur la tactique macronienne !
Qui consiste par ailleurs à ignorer totalement les revendications sociales par peur sans doute de la contagion à l'ensemble du pays frappé lui aussi par les politiques régressives et anti-sociales du pouvoir que les candidats à la présidence de la République de droite et d'extrême droite entendent poursuivre et aggraver !
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SOURCE : L'Humanité
Le secrétaire général de la CGT Guadeloupe dénonce la sévérité des peines prononcées à l’encontre d’une centaine d’habitants. Il accuse les élus et le gouvernement de miser sur un essoufflement de la mobilisation pour ne pas négocier. Entretien.
Jean-Marie Nomertin
Secrétaire général de la CGTG
Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), envoyé spécial.
Alors que le « Kollectif » des organisations de lutte à l’origine de la mobilisation a proposé un accord de méthode pour encadrer la négociation, le gouvernement et les élus n’ont toujours pas donné leur réponse. Jean-Marie Nomertin, le secrétaire général de la CGTG, met en cause les pouvoirs publics, accusés de laisser pourrir la situation.
Le « Kollectif » dénonce la répression contre la mobilisation. Quelle est son ampleur ?
JJean-Marie Nomertin
Plus d’une centaine de personnes ont été poursuivies en comparution immédiate et condamnées parfois à de la prison. Des habitants l’ont même été parce que la faim les a poussés à voler de la nourriture. La justice a été d’une sévérité avec eux qui tranche avec l’indulgence dont elle fait preuve avec les employeurs. Nos camarades d’Arcelor Mittal de Jarry sont en grève depuis début septembre pour dénoncer le harcèlement subi par les représentants du personnel. Une plainte a été déposée et des preuves ont été apportées, mais nous attendons toujours que la justice fasse respecter leurs droits et sanctionne l’employeur.
Les négociations n’ont toujours pas débuté avec les élus et l’État. Qu’est-ce qui bloque ?
Jean-Marie Nomertin
La CGTG et les autres organisations membres du collectif ont proposé un projet de méthode pour engager les discussions autour de quinze thèmes qui vont de l’obligation vaccinale à laquelle nous sommes opposés, le lancement d’un plan d’embauche et de formation des jeunes, le droit à la santé et à l’eau potable ou encore la lutte contre la pauvreté. Jusqu’à présent, le gouvernement a joué la carte de la répression et a renvoyé la population guadeloupéenne vers les élus. Il a fallu attendre le 2 décembre pour que ceux-ci daignent nous rencontrer. Aujourd’hui, l’État et les élus essaient de gagner du temps en espérant que la mobilisation s’éteigne sans qu’ils n’aient à satisfaire nos revendications.
Qu’est-ce qui, selon vous, pourrait les contraindre à réellement négocier ?
Jean-Marie Nomertin
Le pari de miser sur un essoufflement est hasardeux. Il a été fait à plusieurs reprises cet été. Le gouvernement a d’abord pensé que le mois d’août et les congés mettraient fin au mouvement, puis la rentrée scolaire. Il croit maintenant que l’approche des fêtes de fin d’année en aura raison. Le succès des manifestations de samedi devrait l’amener à se montrer plus prudent.
Ce week-end, les gendarmes ont levé plusieurs barrages, mais dès lundi matin les grévistes en ont érigé de nouveaux, en particulier à Anse-Bertrand et Port-Louis où il n’y en avait pas eu jusqu’à présent. Il s’agit là d’un sacré pied de nez au préfet qui, en n’appliquant pas le couvre-feu dans ces deux communes, espérait inciter les habitants à ne pas s’engager dans la lutte.
Cela dit, si notre mobilisation est puissante à l’échelle de la Guadeloupe, elle reste minime à l’échelle de la France. C’est pourquoi, nous lançons un appel aux travailleurs de métropole à entrer dans l’action contre le gouvernement et ses attaques en règle contre les chômeurs, l’hôpital public, l’éducation nationale et contre les travailleurs.
Beaucoup des revendications actuelles étaient déjà exprimées lors du mouvement de 2009. Comment expliquez que l’accord conclu à l’époque ne soit plus appliqué ?
Jean-Marie Nomertin
L’accord a été arraché par la lutte. La baisse du prix de l’essence, la prime Bino de 200 euros ou encore l’encadrement des prix ont été mis en œuvre parce que les Guadeloupéens étaient fortement mobilisés. Nous n’avons pas su maintenir le rapport de force et surtout continuer à fédérer les luttes en Guadeloupe. C’est pourquoi l’État et les employeurs ont cessé d’appliquer l’accord. Aujourd’hui, nous luttons pour qu’il le soit à nouveau.
Pour sortir de la crise, le gouvernement propose une autonomie accrue. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Marie Nomertin
La CGTG est pour le droit à l’autodétermination des Guadeloupéens. Mais la proposition d’autonomie du gouvernement s’inscrit dans une logique de désengagement et de contrôle. Il faut en quelque sorte que tout change pour que rien ne change, en faisant que l’État s’implique moins et que la Guadeloupe soit gérée par des élus qui continueront de servir les intérêts des groupes privés contrôlés par les békés. Ceux-là mêmes qui l’ont mis en coupe réglée.