Ukraine et les retombées possibles : le point de vue d'un universitaire

Publié le par FSC

 

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/les-retombees-possibles-de-l-240142 

 

 

Dans l’affaire de l’Ukraine, qu’observe-t-on ?

Au delà de ce que E. Macron, donc les principaux médias, et la quasi-totalité des candidats à la présidentielle dénoncent 

( l’atteinte à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, les souffrances des civils, avec photos à l’appui -dont certaines sont un peu « bizarres » à première vue- , …) que peut-on relever en faisant un effort d’information et de réflexion ?

V. Poutine, (qui contrairement aux dirigeants des Etats européens, est libre de penser aux intérêts internes de son pays) ne souhaitait pas que l’Ukraine entre dans la zone économique sous suzeraineté américaine - via les institutions de « l’Union « européenne », avec leurs textes et leurs mécanismes- .

Poutine voulait encore moins que les Américains – via l’OTAN sous leur contrôle - installent des fusées au raz des frontières russes. Comme Kennedy n’avait pas voulu que les soviétiques installent des fusées à Cuba à proximité du territoire des USA.

Comme les Américains n’hésitent pas à faire la guerre quand c’est leur intérêt économique, comme les Américains commencent à désigner les concurrents économiques russes et chinois comme des « ennemis », comme les Américains n’ont pas tenu leurs promesses de ne pas installer, dans les pays bordant la Russie, des bases permettant de détruire tout ou partie de la Russie … on ne voit pas ce que les Russes pouvaient faire … d’autre. Dans le contexte et dans le langage pratiqué (spécialement par les Américains ainsi que histoire l’enseigne ; histoire qui enseigne que ce n’est ni la morale ni le respect de la vie des civils qui les ont retenus) et compris par tous. A un moment où l’on progressait vers la date d’installation des fusées. A moins pour les Russes d’envisager de sabrer le champagne pour fêter l’installation de fusées supplémentaires pointées sur leurs villes.

 

Les dirigeants européens, comme E. Macron, auraient pu se poser une question : qu’est-ce que rapporterait à mon pays (et aux Français dans l’exemple ci-dessus) l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ? Et une autre : qu’est que rapporterait à mon pays et aux Français l’installation en Ukraine de fusées américaines pointées sur les villes russes ?

( Sans compter la question des vies épargnées sur le terrain en cas d'opposition française à l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne et surtout dans l'OTAN) 

 

Non seulement ils ne se les sont pas posées, mais ils ont foncé tête baissée, dans le sillage américain, dans des mesures de guerre économique ( dites « sanctions ») contre les Russes.

Et sans étudier préalablement (ce qui ne se fait pas en quelques heures) quelles pourraient être les retombées de ces mesures ( retombées liées aux « sanctions » ou retombées dues à des mesures de rétorsion russes ) par exemple sur le niveau de vie des Français. C’est à dire concrètement, et pour commencer, sur les plus vulnérables. Car l’augmentation du prix du chauffage ou celle du prix de denrées alimentaires n’ont certes jamais empêché les personnes qui financent les campagnes électorales des dirigeants, ni les dirigeants en question eux-mêmes, d’avoir, eux, assez chaud dans leurs habitations ou de donner correctement à manger à leurs enfants. Mais quand même !

 

En ne le faisant pas, les gens en place ont certes fait, une fois encore, ce qui était attendu d’eux.

Et ils n’ont pas saisi l’occasion pour échapper à la suzeraineté des USA ( question de dignité en matière militaire). Ils n’ont pas saisi cette occasion pour engager le processus de retour à la démocratie ( question du respect rôle des citoyens dans le processus décisionnel). Démocratie qui veut que les citoyens puissent choisir la politique et en changer.  Ce qui est impossible avec ce qui a été habilement mis en place par les élites dirigeantes dans divers traités (Maastricht et autres) . Démocratie qui veut que les élections ne soient pas truquées. Or, elles le sont actuellement par des techniques de manipulation utilisées à haute dose. Quotidiennement.

 

Mais ça … !!

Jusqu’au moment où le besoin des citoyens de recouvrer une dignité bafouée tant à l’intérieur que vis-à-vis de l’extérieur sera assez fort et pressant pour déclencher chez eux un sursaut. Sursaut qui s’annonce, comme probable (1) ( même si l’on ne peut dire ni quand, ni sous quelle forme). Et qui permettra aux citoyens dans leur ensemble (gens «  qui ne sont rien » compris) de trouver dans leur réserves d’intelligence et de bonne volonté, ceux qui imagineront les techniques d’un retour à la démocratie après que les mesures d’hygiène indispensables auront été prises.

 

Il est possible que les retombées des décisions prises dans l’affaire ukrainienne par les dirigeants français ( et d’autres en Europe) fassent avancer les pendules.

 

 

 

Marcel-M. MONIN

maître de conférence  hon. des universités.

 

 

(1) sur cette éventualité / probabilité , lire le livre de M. Maffesoli : « le temps des soulèvements » ( Ed. du Cerf) , et entendre son interview : https://www.bvoltaire.fr/michel-maffesoli-lere-des-soulevements/?utm_source=La+Gazette+de+Boulevard+Voltaire&utm_campaign=d5534ea961-MAILCHIMP_NL&utm_medium=email&utm_term=0_71d6b02183-d5534ea961-30652837&mc_cid=d5534ea961&mc_eid=74b2259772 

 

 

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R
Poutine , pour reprendre la formule de l auteur, à fait avancer les pendules mais en sens inverse et va obtenir l inverse de ce qu il recherchait : l UE très discréditée notamment par le peuple français sort renforcée et plus unie, l OTAN qui selon Macron était en mort cérébrale, redevient le bouclier protecteur, et même si la Russie parvient à denazifier et demilitariser l Ukraine, l invasion va inciter les ex républiques socialistes qui ne le sont pas encore à demander leur adhésion à l OTAN qui leur sera accordée et il y aura encore davantage de missiles à proximité de la Russie. <br /> Et les pauvres Ukrainiens qui ont eu la malchance de vivre dans une zone géographique convoitée par les deux impérialismes en plus de subir les bombes se voient refuser d exercer leur droit à choisir leur destin, qu ils habitent le Donbass ou le secteur pro-occidental.
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