Le débat/confrontation à gauche pour les législatives ... et pour après dans la construction d'une véritable alternative au capitalisme !
La lettre à Jean-Luc Mélenchon de Pierre-Alain MILLET
animateur de Faire Vivre et Renforcer le PCF
élu communiste à Vénissieux et de la métropole de Lyon
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La France Insoumise vient de publier une lettre au Parti Communiste Français proposant un échange sur la présidentielle et un label commun aux prochaines législatives dans la perspective d'une majorité gouvernementale. Le ton déterminé, les reproches faits aux autres, l'absence de toute ouverture sur les sujets qui divisent... la forme ne laisse que peu de chance à un échange positif. Cependant, les discussions sont encours, et il est important d'aider à un débat franc et en vérité. Permets donc que nous commencions par une lecture critique de cette lettre qui ressemble plus à une injonction au ralliement qu'à la recherche des conditions d'un rassemblement.
Dimanche dernier, trois blocs politiques clairement délimités ont émergé des urnes. L'un autour des libéraux, l'autre avec l'extrême droite, le troisième avec l'Union populaire.
C'est un constat facile, mais qui cache le fait principal, la faiblesse historique de la gauche, résultat bien sûr de décennies d'une gauche gouvernementale qui a délaissé les milieux populaires, mais aussi du poids écrasant des idées de droite, réparties entre une droite nationale-populiste et une droite libérale-atlantiste, mais au total très largement majoritaire.
Dans ce contexte, l'Union Populaire a certes écrasé la gauche, mais n'a pas freiné son affaiblissement. Au contraire, à coté d'un vote communiste réapparu à un niveau faible, d'un vote écologiste très loin de ses espoirs, la "famille socialiste", comme l'appelle Jean-Luc Mélenchon, est au plus bas. Le total des forces issues du parti socialiste de Mitterrand, socialistes et insoumis, est à 23,69% en dessous de 2017 (25,94%), et même de son bas niveau de 2002 (23,83%). Le total gauche et écologistes est à 31,92% à 12 points de 2002 qui était pourtant son plus bas niveau, celui qui a donné pour la première fois le 2eme tour à Le Pen. Et ne comparons pas avec le niveau de la gauche en 1981 !
La lettre et tous des discours au peuple de gauche reposent ainsi sur un incroyable mensonge. Non, il n'y a pas trois blocs, mais un peuple divisé comme jamais, écartelé entre le vote fasciste, l'abstention, et une gauche défaite. Et il y a un bloc décisif, l'abstention, qui a progressé encore une fois alors même que la colère contre Macron et les craintes contre Le Pen-Zemmour semblaient de voir mobiliser largement.
Ce refus de dire la vérité du rapport de forces politique est un choix conscient qui vise à justifier une stratégie électoraliste visant à conforter la prééminence de la FI à gauche, acceptant de fait la domination des idées de droite. C'est pourtant un débat nécessaire pour tous ceux qui ont combattu la politique de Macron. Comment expliquer que pour la première fois, un président de droite sortant progresse ?
En toute hypothèse, compte tenu des positions prises par les deux protagonistes, le second tour bloque surtout les ruptures indispensables, vitales, pour répondre à la crise écologique, sociale et démocratique.
Ce n'est pas le second tour qui serait, par erreur en quelque sorte, ce qui bloque les ruptures nécessaires. C'est le fonds même de cette élection présidentielle qui enferme tout débat politique dans le débat de second tour, dans le vote contre le pire, contre ce qu'on ne veut pas. C'est l'élection présidentielle de cette cinquième république qui bloque les ruptures, celle que François Mitterrand appelait le coup d'état permanent avant de s'en servir jusqu'à réintroduire le Front National dans la vie publique. Le débat qu'il faut ouvrir est bien celui des conditions pour construire une hégémonie politique populaire avant une élection présidentielle, en dehors même des logiques électorales, pour refuser la logique médiatique électorale des présidentielles et imposer une autre logique, celle d'un peuple uni et organisé porteur par lui-même de ces ruptures. Or, ton choix de concentrer la construction de ta force politique autour des seules élections présidentielles, autour de tes candidatures en jouant à fonds la médiatisation présidentielle, jusqu'à ces hologrammes symboliques, ce choix est par lui-même un frein à la construction de cette hégémonie populaire pourtant nécessaire.
Dans ce but, l'Union populaire est notre stratégie : rassembler sur des propositions plutôt que sur des logos de parti. Mais elle est aussi d'ores et déjà un cadre avec son parlement. Il affiche un rassemblement cohérent, ouvert à la société et ses combats. Porté par des personnalités associatives et syndicales, il l'est aussi par plusieurs partis et organisations, notamment le mouvement « La France Insoumise » qui l'a proposé et réuni. Son horizon est une société d'entraide fondée sur l'harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature.
Tu sais pourquoi les communistes ne partagent pas cette stratégie. D'abord parce-que nous considérons ce cadre incohérent, artificiel, cachant ses nombreuses contradictions afin d'assembler des forces diverses sans cohérence programmatique réelle. Prenons deux exemples
L'AEC [1] propose de construire 200 000 logements par an. Nous sommes d'accord. Pourtant ce programme veut aussi diviser par deux les consommations énergétiques totales, afin de pouvoir sortir du nucléaire. Mais le scénario negawatt, au coeur de ce choix énergétique, impose une forte réduction de la construction à 36 000 logements/an, compensant juste les démolitions, afin d'arriver en 2050 à un nombre de logements équivalent au niveau de 2020 [2]. Où sont passés alors les 200 000 logements par an ? Bien sûr, tu ne peux pas dire la vérité. Pour sortir du nucléaire, il faut réduire massivement les consommations énergétiques, il faut donc se déplacer moins, manger moins, se chauffer moins, et... se loger plus tassé. Impossible de construire 200 000 logement par an en divisant par deux les consommations énergétique. On peut faire la même remarque sur la réindustrialisation, la création d'emploi, le développement des services publics...
l'AEC veut une SECU à 100%. Nous sommes d'accord. Mais ce programme propose de rapprocher la fiscalité et une CSG par tranche de revenus. Nulle part n'est évoquée l'avenir des cotisations sociales qui sont pourtant au cœur d'une sécurité sociale dégagée de la finance. Ne pas dire qu'il faut augmenter les cotisations patronales pour assurer le financement de la SECU, notamment pour les retraites ou pour le grand age, c'est désarmer les luttes face aux discours des contraintes économiques du "trou de la SECU". Généraliser la CSG par tranche, c'est s'inscrire dans le projet de Rocard de fiscalisation de la SECU. Or, la SECU appartient aux travailleurs qui cotisent et devraient la diriger. Mais le projet AEC ne propose pas de revenir à l'élection dans chaque entreprise des représentants des salariés dans les caisses d'assurance maladie. Le modèle de démocratie proposé ne reconnait pas sa place spécifique au monde du travail dans la gestion de la SECU, confirmant de fait une conception étatisée.
Au total, le programme de l'AEC est l'assemblage de revendications diverses pour capter des motivations électorales diverses, avec un discours de rupture dans les mots, le genre de formule que Mitterrand n'aurait pas renié, lui qui affirmait « celui qui n'accepte pas la rupture avec l'ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste ». Au moins, il dénonçait le capitalisme, quand l'AEC nous dit que l'alternative au capitalisme serait l'économie sociale et solidaire [3], loin des propositions communistes sur les nationalisations et les droits des travailleurs dans l'entreprise capitaliste. En résumé, la formule « une société d'entraide fondée sur l'harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature »est bien insuffisante pour les communistes.
Mais au-delà du programme et de ses contradictions, nous avons une raison plus fondamentale de refuser cette stratégie. Nous avons l'expérience historique de l'union de la gauche que tu connais bien et dont nous ne tirons pas les mêmes leçons que toi.
Oui, l'union de la gauche construite par François Mitterrand s'est enlisée dans la gestion loyale du capitalisme jusqu'à la dérive macroniste du parti socialiste. Tu en décris bien l'histoire dans ton « bilan raisonné de la présidence de François Mitterrand ». Tu considères en résumé que Mitterrand a cédé en 1983 à la droite du PS parce-qu'il na pas pu faire appel à l'intervention populaire. Les communistes considèrent au contraire que c'est la construction même de l'union de la gauche qui a fait du peuple un spectateur, laissant le capital imposer sa loi, avec ou sans le consentement des dirigeants de gauche, peu importe. Contrairement à ce qui se dit souvent, les communistes ne considèrent pas que ta candidature est un problème. On peut même dire que tu es sans doute plus proche de Allende que de Tsipras. Mais même Allende n'a rien pu faire quand le peuple n'impose pas sa loi aux puissants.
Et c'est cette question de l'intervention populaire qui nous oppose. Tu la considères comme ce qui doit se mobiliser pour permettre la victoire électorale dans l'élection présidentielle. Entre 2012 et 2017, tu as délaissé le Front de Gauche. Entre 2017 et 2021, la France Insoumise s'est éparpillée, divisée. Au lieu que la force de tes résultats électoraux alimentent les forces sociales, c'est l'inverse. Après ton succès de 2017, le mouvement social s'est retrouvé en recul, battu sur les retraites, les lois travail, l'assurance chômage...
Nous proposons une conception totalement inverse du mouvement populaire, en considérant que les forces politiques sont des outils à sa disposition, mais que ce mouvement populaire doit se construire d'en bas, doit construire le rapport de forces idéologique et politique sur le terrain des entreprises et des quartiers. C'est ainsi dans les luttes pour le droit au logement que se construit le rapport de forces pour imposer une autre politique du logement. Ce sont dans les luttes des entreprises pour l'emploi, le salaire et les droits au travail que se construit le rapport de forces pour une autre politique économique et sociale. C'est la même chose pour la santé, la SECU, les services publics, l'école...
A partir de là, comment converger ? Nos relations ont été lourdement dégradées pendant cette campagne. Sans vous répondre jamais, nous avons pris au sérieux vos accusations souvent blessantes et vos appréciations selon lesquelles existeraient entre nous des difficultés insurmontables. Vous les avez assez répétées pour que nos électeurs respectifs s'en souviennent. Nous nous souvenons que vous nous avez exclus de toute liste commune y compris face au Rassemblement national en région PACA. Dès lors, un arrangement de dernière minute pour de simples soucis de sauvetage électoral d'organisations serait incompris et démoralisant pour le grand nombre que la politique politicienne exaspère et désespère.
S'il faut faire le bilan des attaques, alors demandons à une équipe de journaliste de lister les occasions où Roussel a parlé de Mélenchon et réciproquement, et il sautera aux yeux que les relations "lourdement dégradées" sont à minima d'une responsabilité commune. Depuis des semaines, les dirigeants insoumis interviennent sans cesse pour dénoncer la candidature communiste, à tel point qu'au lieu de faire reculer l'abstention et de regagner des voix sur la droite, le vote insoumis à écrasé la gauche tout en laissant l'abstention et la droite progresser !
Et s'il faut élargir l'observation aux réseaux sociaux, alors l'anticommunisme de soutiens de Mélenchon est sans conteste au premier rang ! Trop de militants communistes se sont laissés prendre à ce piège, mais demandons à un laboratoire de sciences de la communication de faire un bilan des expressions réciproques et tirons en des leçons sur l'usage de ces réseaux. Plutôt que des reproches réciproques, définissons les conditions de débats utiles !
Les communistes ont tenté de faire vivre un débat sur le programme, tentant d'expliquer les différences de fonds, et de montrer comment leurs propositions étaient porteuses d'une rupture franche avec le capitalisme et les traités européens, indispensables à beaucoup de propositions insoumises que nous partageons mais qui ne peuvent être réalisées dans le cadre économique de l'AEC.
On ne peut considérer que le résultat du premier tour a tranché ce débat. Au contraire, tout indique que le vote s'est limité à son utilité supposée pour le 2eme tour, reposant donc principalement sur les sondages et pas sur les programmes.
Il est donc nécessaire de lister les points de contradictions entre nos programmes pour construire un programme législatif cohérent et réaliste.
Si nous avions accédé au second tour, nous nous étions engagés à proposer à tous ceux qui le voudraient de se joindre à nous pour constituer une nouvelle majorité présidentielle. Nous maintenons cette proposition dans le but concret de construire une nouvelle majorité gouvernementale, c'est à dire une majorité politique à l'Assemblée nationale.
Comment peut-on faire croire à la possibilité d'une majorité politique à l'assemblée après un premier tour présidentiel qui a vu l'extrême-droite devant le total gauche, incluant socialistes et écologistes dont les programmes sont à l'évidence très loin de ceux des insoumis ou communistes ?
Cette fable ne sert qu'à faire croire à un accord possible qui ne peut être qu'un « arrangement de dernière minute pour de simples soucis de sauvetage électoral d'organisations » dénoncé quelques lignes plus haut.
La vérité est qu'il faut gagner le maximum de députés qui seront disponibles pour aider et défendre les luttes sociales, porter les revendications, faire vivre ce lien indispensable entre mouvement populaire et débat politique, justement pour reconstruire dans les années qui viennent cette hégémonie politique d'une large majorité du peuple.
Cela suppose d'affronter ce qui divise notre peuple, le monde du travail, les quartiers populaires. Comme le fait remarquer avec justesse François Ruffin, ton score est élevé dans les villes, mais faible dans les périphéries et le rural. Il faut même préciser. Il est très élevé dans les quartiers populaires, sans atteindre les niveaux de François Mitterrand en 1981, mais il est concurrencé par la droite et l'extrême-droite dans de nombreux quartiers urbains populaires. Car tout le monde sait dans les villes populaires que notre peuple est divisé sur la sécurité, les trafics, les migrants, la précarité, le chômage. Faire croire que c'est un débat entre "blancs" et "racisés" est stupide et dangereux. Dans tous les quartiers populaires, ce sont des familles immigrées qui souffrent des trafics, qui demandent plus de sévérité de la police, et qui dénoncent l'absence de "mixité sociale". C'est un débat difficile mais indispensable. C'est le défi qu'il faut relever et il y a besoin de toutes les forces politiques capables de porter des revendications populaires en les faisant converger, même quand elles sont dans un premier temps contradictoires. Ainsi l'action de certaines forces insoumises contre la viande se heurte à une revendication de manger "sain et à sa faim" portée par les communistes. On pourrait multiplier les exemples.
Le rassemblement suppose donc un cadre qui ne peut être celui de la seule Union Populaire, un cadre qui accepte le pluralisme des idées, des projets, un cadre qui suppose le débat, sans chef suprême pour dire une vérité unique.
C'est pourquoi nous ne pouvons accepter le cadre formulé ainsi :
En toute hypothèse, du fait des électeurs, ce cadre approfondira celui de l'union populaire. Sa base doit être un programme commun partagé. Il serait établi à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l'élection présidentielle : « L'avenir en commun », chacun conservant son propre programme par ailleurs. Mais dans l'action législative, il servira de référence pour les votes à formuler.
En toute hypothèse, cette proposition est faite aussi bien aux partis et regroupements qu'aux personnalités et groupements qui en sont membres et qui pourraient vouloir s'y associer. Tous ceux qui veulent construire une alternative politique majoritaire y trouveraient un cadre ouvert et la possibilité d'une action commune efficace.
Dans la relation entre insoumis et communistes, c'est une question lourde d'une histoire difficile pour les communistes. Pendant presque 20 ans, les dirigeants du PCF, dont Marie-Georges Buffet, sa première secrétaire, se sont acharnés à convaincre les communistes d'abandonner leur parti et de rejoindre un mouvement plus large, le tien. Plusieurs députés communistes sont allé au bout de cette démarche en refusant de soutenir Fabien Roussel et en s'inscrivant d'emblée dans le cadre que propose aujourd'hui la FI.
En insistant sur des décisions individuelles, la lettre de la France Insoumise est en pratique un appel à la désertion de leur parti par des individualités. Cette insistance conforte l'inquiétude que ton objectif soit au fonds de terminer le travail engagé par François Mitterrand contre le parti communiste et de tout faire pour empêcher l'existence d'un groupe communiste à l'assemblée.
Tous les insoumis devraient comprendre que, quelques soient les discussions entre dirigeants, et les négociations de places que la France Insoumise critique tout en l'organisant, les communistes se battront partout pour faire vivre et renforcer leur parti et leur programme, aux élections législatives comme dans les luttes à venir.
La lettre de la France Insoumise propose un "label commun"
de l'attribution du label commun pour des candidatures aux élections législatives. La base de répartition pourrait être celle établie par les électeurs au premier tour de l'élection présidentielle, dans l'application du principe proportionnel commun à nos programmes respectifs.
Créer les conditions d'avoir le maximum de députés d'opposition à Macron-Le Pen suppose d'abord de faire confiance aux militants locaux pour trouver les meilleures formules dans chaque circonscription. Le grand mercato dont tu es spécialiste ne nous intéresse pas. On entend déjà parler de parachutage. Ce n'est pas la pratique des communistes.
Nous proposons que se tiennent rapidement des rencontres locales par circonscription pour partager l'analyse des résultats, évaluer le potentiel de victoire à gauche, et faire la meilleure proposition possible pour la circonscription, choisissant les éléments de programme les plus pertinents localement.
Le label commun ne veut rien dire pour les électeurs. Et il peut faire croire que les tensions comme les discussions ne sont pas importantes et ne regardent pas les électeurs qui pourraient voter pour un "label" sans en savoir plus. Nous avons l'expérience dans la métropole de Lyon du label Gauche Unie acceptée par les communistes et les insoumis sauf dans la circonscription électorale de Vénissieux, ou insoumis et communistes ont construit une démarche sans label, mais avec un programme clair et partagé. C'est la bonne démarche.
On connait l'importance prise par la création de label dans l'histoire de tes campagnes électorales, du parti de gauche à la France Insoumise puis à l'Union Populaire. Les candidats communistes seront toujours des candidats présentés par le PCF avec le soutien d'autres forces dans le cadre d'accords réciproques. Les candidats présentés par le PCF ont vocation quand ils sont élus à faire vivre un groupe d'élus communistes. La qualité du travail entre parlementaires communistes et insoumis montre que cela n'interdit en rien la coopération institutionnelle et politique. Les électeurs doivent le savoir clairement.
La reconstruction de la gauche suppose un immense effort d'éducation populaire, un débat franc et fraternel qui éclaire les contradictions et les différences pour permettre une intervention populaire réellement unie et consciente. Elle ne peut se faire dans la confusion et l'électoralisme.
Pierre-Alain Millet
président du groupe communiste de Vénissieux et de la métropole de Lyon
[1] le programme de l'Union Populaire, l'Avenir en Commun
[2] Scénario negawatt, p 17, Figure 8 - Historique de rénovation du parc de logements de 2000 à 2020 et évolution dans le scénario négaWatt jusqu'en 2050
[3] AEC. Proposition 51
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La lettre de la France Insoumise au PCF :
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Dimanche dernier, trois blocs politiques clairement délimités ont émergé des urnes. L’un autour des libéraux, l’autre avec l’extrême droite, le troisième avec l’Union populaire. Mais seuls deux d’entre eux sont présents au second tour. Le choix n’est pas libre puisqu’il oppose deux dangers, même s’ils sont de nature différente. Ainsi, Marine Le Pen ajoute au projet de maltraitance sociale qu’elle partage avec Emmanuel Macron un ferment dangereux d’exclusion ethnique et religieuse. En toute hypothèse, compte tenu des positions prises par les deux protagonistes, le second tour bloque surtout les ruptures indispensables, vitales, pour répondre à la crise écologique, sociale et démocratique.
Dans le contexte présent et compte tenu des délimitations tranchées entre les trois groupes, ce deuxième tour élira donc une présidence par contrainte et par défaut. Aucune des tensions politiques du pays ne sera résolue. Il est probable qu’elles soient au contraire aggravées. Dans ces conditions, nous voulons stabiliser et enraciner davantage encore le pôle populaire pour le rendre disponible et majoritaire aussitôt que possible, notamment pour les prochaines élections législatives. C’est un objectif impraticable sans cohérence programmatique, unité d’action et respect mutuel.
Dans ce but, l’Union populaire est notre stratégie : rassembler sur des propositions plutôt que sur des logos de parti. Mais elle est aussi d’ores et déjà un cadre avec son parlement. Il affiche un rassemblement cohérent, ouvert à la société et ses combats. Porté par des personnalités associatives et syndicales, il l’est aussi par plusieurs partis et organisations, notamment le mouvement « La France Insoumise » qui l’a proposé et réuni. Son horizon est une société d’entraide fondée sur l’harmonie entre les êtres humains entre eux et avec la nature.
A partir de là, comment converger ? Nos relations ont été lourdement dégradées pendant cette campagne. Sans vous répondre jamais, nous avons pris au sérieux vos accusations souvent blessantes et vos appréciations selon lesquelles existeraient entre nous des difficultés insurmontables. Vous les avez assez répétées pour que nos électeurs respectifs s’en souviennent. Nous nous souvenons que vous nous avez exclus de toute liste commune y compris face au Rassemblement national en région PACA. Dès lors, un arrangement de dernière minute pour de simples soucis de sauvetage électoral d’organisations serait incompris et démoralisant pour le grand nombre que la politique politicienne exaspère et désespère.
Pour autant, nous continuons notre travail de construction d’une majorité. Nous sommes prêts à partager cet effort avec vous, sans volonté hégémonique ni exigence de ralliement. Bien sûr, il faut que vous vous engagiez pour cela à cesser les attaques. Nous croyons que vous devez vous en expliquer devant les électeurs, qui ont cru à vos propos, afin qu’ils puissent être convaincus de se rassembler avec nous. Nous-mêmes, nous devrons, dans ce cas, convaincre à notre tour que cette époque est révolue et qu’une nouvelle commence. Il faut passer à autre chose, sans condition démoralisante ni faux semblant.
Convaincus depuis plusieurs mois de la possibilité de l’emporter, nous nous sommes adressés à vous par courrier ces dernières semaines.
Si nous avions accédé au second tour, nous nous étions engagés à proposer à tous ceux qui le voudraient de se joindre à nous pour constituer une nouvelle majorité présidentielle. Nous maintenons cette proposition dans le but concret de construire une nouvelle majorité gouvernementale, c’est à dire une majorité politique à l’Assemblée nationale.
En toute hypothèse, du fait des électeurs, ce cadre approfondira celui de l’union populaire. Sa base doit être un programme commun partagé. Il serait établi à partir de celui qui a recueilli le plus de votes à l’élection présidentielle : « L’avenir en commun », chacun conservant son propre programme par ailleurs. Mais dans l’action législative, il servira de référence pour les votes à formuler.
Cette nouvelle étape sera évidemment une coalition de partis et mouvement mais aussi de personnalités et figures associatives et syndicales. Ils se réuniront dans un nouveau parlement, à l’image du parlement de l’Union populaire, reconstitué en vue de cette élection. Evidemment, chacun restera libre de son expression, de son organisation et de ses choix. Mais tous s’engageront à former un intergroupe à l’Assemblée nationale pour soutenir le gouvernement de notre majorité ou pour s’opposer sans faille ni compromis au pouvoir qui serait là.
En toute hypothèse, cette proposition est faite aussi bien aux partis et regroupements qu’aux personnalités et groupements qui en sont membres et qui pourraient vouloir s’y associer. Tous ceux qui veulent construire une alternative politique majoritaire y trouveraient un cadre ouvert et la possibilité d’une action commune efficace.
Pour ce faire, nous vous proposons de nous rencontrer pour discuter :
- du bilan de l’élection présidentielle
- de la constitution d’un nouveau Parlement, à l’image du Parlement de l’Union populaire
- de l’attribution du label commun pour des candidatures aux élections législatives. La base de répartition pourrait être celle établie par les électeurs au premier tour de l’élection présidentielle, dans l’application du principe proportionnel commun à nos programmes respectifs.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous adressons nos salutations cordiales.
Adrien Quatennens, coordinateur de la France insoumise
Mathilde Panot, présidente du groupe de la France insoumise à l’Assemblée Nationale
Aurélie Trouvé, présidente du Parlement de l’Union Populaire
Manuel Bompard, président de la délégation de la France insoumise au Parlement européen
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La réponse du comité exécutif national du PCF
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Cher·e·s camarades,
Nous avons bien reçu votre courrier transmis hier et nous vous en remercions.
Nous le recevons comme une réponse positive à l'appel de Fabien Roussel pour une rencontre entre nos formations politiques.
A l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, jamais l’extrême droite n’avait totalisé autant de voix sous la Ve République, ce qui lui permet à nouveau de se qualifier pour le second tour. Jamais depuis 20 ans, autant de nos concitoyennes et concitoyens ne se sont abstenus à une élection présidentielle.
L’heure est grave.
Dans cette situation, la priorité pour les communistes est de battre Marine Le Pen dans les urnes, dimanche 24 avril.
C’est pourquoi nous appelons à prendre des initiatives, partout dans le pays, pour révéler et combattre le projet de l’extrême droite et de ses forces organisées. Nos milliers d’élu·e·s, parlementaires, maires, conseillères et conseillers régionaux, départementaux et municipaux sont pleinement mobilisés en ce sens, en lien avec nos forces militantes présentes sur l’ensemble du territoire.
Et c’est pourquoi, dimanche 24 avril prochain, fidèles à notre histoire, nous utiliserons et nous appelons à utiliser le seul bulletin de vote à notre disposition pour battre Marine Le Pen dans les urnes.
Nous le ferons sans aucune concession à Emmanuel Macron, premier responsable de cette situation, dont nous avons été tout au long du quinquennat et dont nous resterons les adversaires résolus.
Dans cette situation très difficile pour le pays, il y a un motif d’espoir.
La gauche progresse de 4,27 points par rapport au scrutin de 2017 et obtient près de 32 %. Cela doit d'abord à la progression de 652 569 voix de Jean-Luc Mélenchon, qui avec l'Union populaire obtient 7 712 520 voix et aussi au résultat de notre candidat, Fabien Roussel, qui recueille 802 422 voix en portant le projet d’une France des Jours heureux. Ces candidatures, avec leur atouts respectifs, ont donc permis de renforcer la dynamique de toute la gauche.
Après avoir porté à cette élection présidentielle nos ambitions pour la France, la spécificité de nos projets, il s'agit désormais de continuer à élargir nos capacités de rassemblement respectives, dans le respect de nos objectifs et pratiques politiques, tout en travaillant les convergences indispensables à des avancées concrètes pour les Françaises et les Français.
Toutes les forces de gauche font face à une responsabilité historique et doivent agir ensemble : en se rassemblant, dans le respect de leurs résultats aux échéances électorales et de leurs spécificités, elles peuvent battre la droite de Macron, l'extrême droite et faire élire le plus grand nombre possible de député·e·s de gauche, en visant l’obtention d’une majorité de gauche à l’Assemblée nationale, en juin prochain.
Cette ambition est essentielle pour être en capacité de mener les combats sociaux et démocratiques dans le prochain quinquennat, avec les millions de citoyennes et citoyens qui sont prêts à s’y engager avec nous.
Nous sommes prêts à discuter de vos propositions et nous en avons également à vous soumettre, en visant une base d’accord partagé sur l’ensemble des questions, qui ouvre un espoir nouveau pour la gauche, et pour la France.
Dans l’attente de notre rencontre,
Cordialement,