Les ravages idéologiques du " DIALOGUE SOCIAL "

Publié le par FSC

REPRIS de la page facebook de Stéphane SIROT :

 

lentement instillé l’idée que le dialogue serait une fin en soi et que l’expression d’éventuelles divergences serait la condition à remplir pour légitimer un processus de discussion, quel qu’en soit le résultat.
On peut ainsi aujourd’hui soumettre au « dialogue social » un projet quasi-ficelé, passer des heures voire des jours à en discuter (un peu) le calendrier d’application et quelques modalités marginales, l’imposer à la fin avec de maigres aménagements et pouvoir donc affirmer que le projet a été soumis à l’indispensable feu du « dialogue social ». C’est comme cela que l’on glisse de la notion de négociation, qui implique un rapport de force, à celle de concertation. C’est ce qui est devenu courant à tous les niveaux, dans les entreprises et administrations, comme au plan national et interprofessionnel.
Des organisations sont même formatées pour se prêter à cet exercice, au premier rang desquelles la CFDT. Cette dernière organisation, ultra-hiérarchisée et au fonctionnement pyramidal, a même d’une certaine manière substitué à la démocratie syndicale une forme de dialogue social syndical appliqué à son fonctionnement interne.
Dans d’autres organisations, les choses demeurent heureusement bien plus complexes. Cela tient à l’histoire, cela tient aussi à des modes de structuration plus décentralisés. La CGT fait partie de ces organisations où la culture du « dialogue social » rencontre toujours de puissants freins. A la CGT, de manière globale, l’institutionnalisation du syndicalisme voulue par le patronat et ses serviteurs politiques continue d’être combattue dans les discours et dans les faits. Même si tout n’est pas parfait, le travail de masse en direction des travailleuses et travailleurs, la construction du rapport de force, le temps consacré à la démocratie syndicale continuent d’être considérés comme des composantes déterminantes de l’activité des militants.
 
 

 

 
Nous déplorons à juste titre le recul de la culture du débat à différents niveaux de notre organisation. Nos débats y sont souvent perçus et désignés comme inexistants et, s’ils existent, comme insatisfaisants. D’où vient ce mal et quels en sont les sources ? Au motif d’une nécessaire efficacité, de moyens insuffisants devant donc être consacrés à d’autres tâches, d’un recul idéologique global, de problèmes considérés comme n’agitant les esprits que de quelques-uns quand la masse des syndiqués aurait d’autres préoccupations, ne nous arrive-t-il pas de nous exonérer assez allègrement du minimum de démocratie syndicale nécessaire à toute prise de décision engageant l’organisation ?
Et quand nous estimons devoir organiser un débat, au-delà de la nécessaire écoute de points de vue différents voire divergents, sommes-nous réellement soucieux de prendre en compte au moins en partie ces points de vue ? Et quand nous prenons un minimum en compte ces points de vue, le faisons-nous parce que nous nous sentons obligés de le faire ou parce que c’est la condition pour construire un point de vue collectif rassemblant largement ? Si c’est ce dernier objectif qui est recherché, cela doit d’ailleurs conduire à interroger tant les formes du débat que les conditions de sa préparation et les finalités de son résultat.
Traiter ces questions est aujourd’hui essentiel pour recréer les conditions de la décision collective et pour faire face à nos tâches dans un contexte très difficile. Ne pas chercher à y répondre, c’est laisser perdurer les conditions de la controverse stérile, de la difficulté à rassembler, de l’absence d’élan collectif, de la division non sur les contenus mais sur la méthode pour élaborer des contenus ambitieux, partagés et portés largement.
Il ne peut donc être question d’en rester au constat du recul de la culture du débat. Il convient d’engager à tous les niveaux une véritable politique du débat permettant de revitaliser notre démocratie syndicale au service de notre efficacité revendicative et de notre visée de transformation sociale.
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R
La CGT et la CFDT ont reçu chacune 18 millions d euros en application de la loi sur le dialogue social.. Ça calme les ardeurs.<br /> Comme aurait dit ma grand-mère, " un chien mord pas la main de celui qui le nourrit..."
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