Étudiant en cyber-sécurité, inscrit depuis cinq ans à l’Université d’Odessa, il a fui à l’annonce des premiers bombardements russes sur l’Ukraine. Passé par la Pologne, puis par l’Allemagne, il a été orienté, à son arrivée à Paris, vers un Centre d’accueil mis en place par la préfecture d’Ardèche, à Darbres. Mais à partir du vendredi 14 mai, Willy sera considéré en situation irrégulière et expulsable du sol français.
A la discrétion des préfets
Sa différence avec les autres réfugiés venus d’Ukraine : sa peau noire et sa nationalité ivoirienne. « Je ne suis pourtant pas un sans-papiers,rappelle-t-il fermement. Je suis arrivé en Europe légalement. Je disposais, en Ukraine, d’un titre de séjour en bonne et due forme. Je payais mon logement et ma scolarité. Imaginez tout ce que mes parents ont investi pour que je puisse suivre ces études. Et il faudrait que je rentre sans aucun diplôme ? »
L’application en France du dispositif d’urgence déclenché le 4 mars par l’Union européenne pour accueillir ceux qui fuient l’Ukraine, exclut d’emblée « les ressortissants de pays tiers en mesure de regagner leur pays d’origine dans des conditions sûres et durables » . Le ministère de l’intérieur laissant à la discrétion des préfets l’examen individuel « du droit au séjour de ces personnes ».
Ils étaient une vingtaine, avec Willy, à être reçus par le préfet d’Ardèche début mars. Parmi eux, une dizaine d’étudiants originaires de pays africains. Alors que les ressortissants ukrainiens ont immédiatement bénéficié de la protection temporaire et d’importantes aides sociales, ces derniers n’ont obtenu qu’une autorisation provisoire de séjour (APS) de trente jours.
« Le préfet leur a d’abord dit que s’ils trouvaient un emploi ou une inscription en fac, l’APS serait prolongée, insiste Hervé Giot, président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) d’Aubenas.