Ce que cache la campagne de propagande autour de l’appel à la Russie à « lever son embargo sur les ports ukrainiens pour permettre l’évacuation du blé et éviter la famine »
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C’est un gros mensonge qui est orchestré à l’échelle mondiale depuis quelques jours. Ceux qui l’ont monté veulent camoufler les pratiques spéculatives des grandes firmes capitalistes qui tiennent le commerce des produits alimentaires de base.
Après les interventions du Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, c’est au tour du SG de l’ONU, le Portugais António Guterres et des médias français de reprendre en boucle en ce mois de mai, une demande adressée à la Russie afin d’autoriser les ports ukrainiens à livrer du blé et éviter la famine qui guette le monde. Toutes ces interventions font l’impasse sur la spéculation qui caractérisent les marchés du blé et des céréales. Le silence des pays capitalistes est assourdissant quand il s’agit des profits voire des surprofits que réalisent leurs firmes.
Nulle part, il n’est question des conséquences des sanctions infligées à la Russie, notamment sur la navigation de ses navires marchands et sur les circuits de paiement internationaux. Et pourtant, ce pays dispose de stocks de céréales plus importants que l’Ukraine ; il est même le principal fournisseur des pays pauvres ou en difficulté, de l’Egypte, en passant par l’Erythrée, le Bénin, le Liban, le Niger, le Yémen ou la Somalie.
Les défenseurs des pseudo « valeurs » morales ou politiques de l’Europe s’accommodent bien de la poursuite de leur approvisionnement en gaz et pétrole russes pour faire tourner l’industrie européenne, faire rouler les voitures, voler les avions ou chauffer les populations, mais frappent la Russie par des sanctions qui privent les peuples de l’énergie-blé si vital pour les hommes et les femmes des pays pauvres.
Cette « Europe des libertés et des valeurs » s’oppose à la levée des sanctions, évite d’évoquer que le régime ukrainien a miné les voies maritimes pour empêcher tout trafic maritime russe en Mer noire.
Dernier scandale qui montre le niveau de complicité et l’implication de cette « Europe des valeurs » mais aussi des Etats-Unis, « rempart ultime de la défense de la démocratie dans le monde », dans l’entreprise d’affamer les peuples qu’ils dominent honteusement.
L’Europe évite de dénoncer les pratiques spéculatives de ses sociétés exportatrices de blé. Le blé qui est échangé aujourd’hui sur les marchés mondiaux est un blé produit entre septembre 2020 et juillet 2021, c’est-à-dire un blé qui n’avait pas été touché par la hausse des cours de l’énergie, des machines ou des engrais intervenue bien après. C’est un blé produit en Europe à un prix coûtant variant entre 160 et 190 dollars la tonne et qui est vendu à près de 440 dollars la tonne aujourd’hui. Ce blé, faut-il le rappeler, ne valait sur les marchés mondiaux en août 2021 aux pays importateurs que 250-270 dollars la tonne. En d’autres termes, le blé qui est vendu aujourd’hui – et qui a été produit il y a presque un an- intègre sans raison toutes les hausses intervenues après le 24 février 2022.
Dernier fait qui rappelle que le capitalisme n’a que faire de la lutte contre la faim dans le monde. Le Président américain Joe Biden a rappelé, à ceux qui l’invitait à convertir en terres à blé, celles que son pays consacre au maïs ou au soja dans le but de produire des biocarburants, que la sécurité énergétique est une priorité absolue pour les Etats-Unis : celle-ci passe bien entendu devant la sécurité alimentaire mondiale.
Voilà la belle affaire que le capitalisme européen ou américain appelle la « transparence » des marchés. Voilà ce que masque l’initiative FARM (Food and agriculture mission) que Macron vend au G7 et à la FAO !
Sid’Ali