Il y a 82 ans, le 17 juin 1940, depuis Bordeaux, Charles TILLON lance le premier appel à la Résistance !

Publié le par FSC

Tiens AVANT même l'appel de De Gaulle qui date donc du 18 juin et qui infirme - comme de nombreux autres témoignages et faits incontestables- contre le martelage dominant de tous les anti-communistes et de leurs larbins, l'affirmation ressassée de nos jours encore selon laquelle les communistes ne seraient entrés en résistance qu'après l'agression hitlérienne contre l'URSS !

Le silence organisé depuis des décades autour de cet appel n'est au fond que l'expression du mépris de classe et de la falsification de l'histoire nécessaire à la domination bourgeoise, masquant par ailleurs sa trahison nationale bien réelle elle !

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REPRIS des sites de Jean LEVY et de Gilles QUESTIAUX ainsi que d'Initiative Communiste :

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Charles Tillon, auteur de cet appel, est élu en 1936 député communiste d’Aubervilliers.

Il devint le principal dirigeant des Francs-Tireurs et Partisans Français (F.T.P.F).

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Les Jeunes communistes, le Parti communiste et les associations d'anciens combattants se sont réunis hier pour commémorer l'appel lancé par Charles Tillon près de Bordeaux, le 17 juin 1940. Cela fait sept ans que nous nous réunissons ici pour demander que soit apposée une plaque à l'endroit même où Charles Tillon lança le premier appel à résister en France. Son appel eut une résonance particulière dans le secteur de l'aviation, qui connut une forte activité de résistance. L'appel eut lieu dans le moulin des époux Souques, où était installée une blanchisserie. Ses exploitants, sous couvert de leur activité, furent des résistants au fascisme et à l'envahisseur hitlérien. Le 25 août 1942, Mme Jeanne Souques y fut arrêtée. Déportée à Auschwitz-Birkenau, elle y succomba le 1er avril 1943. Henri Souques fut arrêté peu après. Déporté à Mauthausen, il en revint en 1945. Les Jeunes communistes se sont exprimés en ces termes.

Le 17 juin 1940, le Maréchal Pétain prononçait un discours radiodiffusé dans lequel il annonçait aux Français la capitulation militaire et politique de la France. Charles Tillon, délégué par la direction du Parti communiste, fut le premier à répondre publiquement, ici, à Gradignan. L'appel qu'il lançait était clair et sans compromis : il fallait résister au fascisme sur le sol de France, avec les forces vivantes du pays. Le lendemain le Général de Gaulle invitait à poursuivre les combats auprès de lui à Londres. Ces deux appels préfiguraient chacun à leur manière la résistance militaire extérieure, et la résistance citoyenne à l'intérieur du pays.

L'appel de Charles Tillon est plein de la politique des communistes, de la politique qu'ils menaient depuis longtemps contre les "200 familles" avec le Front populaire, dénonçant le fascisme et les accords de Munich. C'est une référence claire aux appels lancés dès les premiers jours de l'invasion allemande par le PCF à la défense de Paris. Et c'est enfin une dénonciation évidente de la "drôle de guerre" qui ne fut pas tant dirigée contre l'Allemagne que contre l'Union soviétique et mena des armées entières, comme l'avait alors remarqué Marc Bloch, à déposer les armes.

Le combat qu'il fallait mener alors n'était pas une simple lutte militaire. C'était un combat intégral contre le fascisme et les politiques de misère qu'il allait bientôt instaurer en France. Et il a sans doute fallu beaucoup de courage et d'abnégation pour que le PCF maintienne sa conduite malgré toutes les difficultés, malgré l'enfermement dans des camps de ses députés, pas par les nazis mais par le gouvernement Daladier. Malgré son interdiction. Malgré l'expulsion, ici à Bordeaux par le maire Adrien Marquet, des syndicats proches des communistes. Dans son ouvrage, Georges Durou [1] rappelle cette phrase terrible de Léon Blum : "C'était inévitable".

Cet appel est donc un symbole fort. Et il l'est particulièrement pour les jeunes communistes. Il permet aux nouvelles générations de se pencher sur l'histoire de la Résistance et sur la place qu'y occupèrent les communistes, trop souvent salie par le discours dominant. C'est un appel qui nous touche particulièrement en Gironde, parce qu'il nous permet de ne pas oublier cette histoire militante locale que nous continuons aujourd'hui.

J'en viens donc à la raison qui donne sans doute toute son importance à cette commémoration. Les nouveaux avatars du fascisme n'ont jamais été aussi forts en France et en Europe. Nous n'oublierons pas de si tôt le score du Front national à cette élection présidentielle, pas plus que toutes les collusions à droite qui l'ont fait monter et permettront peut-être dimanche l'élection de quelques députés. Cette politique du Front national, nous avons choisi de la combattre avec la JC, à la fois en soutenant le Front de gauche dans sa démarche, mais aussi par notre travail militant quotidien : contre le racisme et pour la solidarité, pour l'emploi des jeunes, l'accès de tous à la formation et à des études... Bref par un travail de fond et de longue haleine contre un capitalisme en crise et les conséquences terribles qu'il peut avoir sur la vie des gens.

 

Gradignan, le 15 juin 2012

 

[1] Militant des Jeunes communistes à l'époque, et du PCF aujourd'hui, il fut emprisonné au fort du Hâ puis déporté en Allemagne. Il est l'auteur de l'ouvrage Mes printemps de barbelés, éditions Les nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest, 2011.

 

Source : « Jeunes communistes de la Gironde »

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Sur Initiative Communiste :

Cet appel, rédigé en réaction au discours de Pétain (diffusé à la radio le 17 juin 1940 à midi trente) qui demandait aux militaires qui se battaient encore de capituler[3] , ne « traduit que le sursaut d’un esprit de classe qui ne capitulera jamais »[4] et avait pour son auteur « la valeur d’un serment ».

Le moulin de Gradignan

Alors caché dans le vieux moulin de Gradignan (commune limitrophe au sud-ouest de Bordeaux), Charles Tillon transmet ce tract à Henri Souques (son logeur), qui le confie à Paulette Lacabe, afin de le reproduire.

Au total, ce sont des milliers de tracts qui seront distribués, et ce alors que le Parti Communiste Français est interdit, ses militants pourchassés, emprisonnés. Dès le 18 juin, « il est répandu clandestinement dans les hôtels où résident les parlementaires », qui avaient été transféré par Paul Reynaud à Bordeaux le 10 juin, où Pétain, Laval et le maire SFIO Marquet les attendait (comme un sentiment de déjà-vu).

Malgré le manque de militants de confiance dans cette ville (mis à part un petit secrétariat clandestin de communistes : Covelet, le cheminot Sabail, le parisien Sautel[5] et quelques dizaines de militants communistes), d’anciens guérilleros espagnols, ainsi que des dockers du port, diffusent ce tract. De plus, le 21 juin, une délégation de 3 femmes, dont Danièle Casanova, lui apportent 80000 francs, des nouvelles (dont le manifeste de l’International Communiste publié à Moscou pour le 1er mai, et un tract, qui n’avait pas pu être distribué, écrit par Politzer, appelant à défendre Paris) et s’en vont rejoindre Frachon à Toulouse, avec de nombreux exemplaires du tract, qui sera diffusé dans les départements du sud-est.

Enfin, jusqu’au 27 juin (jour de l’invasion de Bordeaux par les troupes allemandes), « des tenanciers de kiosque en glissent dans les journaux », alors que la radio de Bordeaux ne « verse plus que de la musique. Mais pourquoi cette insistance à repasser ainsi dans ces jours noirs le boléro de Ravel ? Le disque préféré de « son ami le maréchal pour son ami Von Stoher, ambassadeur d’Allemagne à Madrid » ». (Rappelons que le maréchal Pétain avait été nommé ambassadeur de France à Madrid dès 1935 et qu’il entretenait d’excellents rapports avec Franco et ses soutiens italiens et allemands[6].)  « Cependant un silence de prison entre dans les maisons. Tout semble fini de la drôle de guerre… Passons à tout ce qui commence. »

Charles Tillon

Martin pour www.initiative-communiste.fr


[1]Voir le texte de A. Badiou: « pandémie, ignorance et nouveaux lieux collectifs »

[2]« Les FTP, témoignage pour servir à l’histoire de la résistance » C. Tillon, chez Julliard (disponible sur bnf gallica)

[3] même si précise Tillon,  «nos troupes se battent dans un chaos suspect d’ordres et de contrordres, avec l’impression tragique d’être abandonnées à l’impéritie, ou à pire encore »

 «  Les FTP, témoignage pour servir à l’histoire de la résistance ». Charles Tillon

[4] « Les FTP, soldats sans uniformes » C. Tillon

[5] Ces deux derniers seront fusillés en 1941.

[6] Voir les travaux d’Annie Lacroix-Riz, notamment « les élites françaises, d’un tuteur à l’autre »

 

 

 

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