ACCORDS scélérats de Munich
Suite à l'émission négationiste de la chaîne parlementaire LCP, et aux protestations notamment d'Annie-Lacroix Riz son animateur Jean-Pierre Gratien répond.
REMARQUE : cette falsifiacation est du même accabit récurrent que l'accusation anti-communiste d'ếtre entré dans la résistance seulement après l'agression hitlérienne contre l'URSS.
Dans les deux cas il s'agit de masquer à l'opinion le rôle primordial des communistes dans la lutte contre le nazisme et de blanchir dans la foulée les forces de la collaboration, bourgeoisie comme classe en tête!
Dans l'actualité brûlante et en prolongement de cette entreprise négationiste les médias système occultant la nature pro-nazie du régime ukrainien.
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Annie Lacroix Riz rebondit à son tour (Voir ci-après)
La réponse de Jean-Pierre Gratien :
Le 04/07/2022 à 18:54, Jean-Pierre GRATIEN a écrit :
Bonjour,
Je prend connaissance de vos réactions à la suite notre émission Débat Doc « 1939-1945 : quand la gauche collaborait… » autour du deuxième volet de la série documentaire « Les paradoxes français ». Et je vous remercie pour ce retour.
Nulle intention, bien entendu, de notre part, de procéder à une forme de « révisionnisme historique avec la négation de faits réels » sur le sujet.
En revanche, les trois invités historiens présents , soit Alya Aglan, Olivier Dard et Fabrice Grenard , par ailleurs reconnus pour leurs travaux et leurs connaissances sur la période, ont été libres de leurs expressions sur la question. Leurs propos leurs appartiennent.
Après une première vérification, le site de l’Assemblée nationale semble effectivement indéniablement faire foi sur le vote des communistes concernant les accords de Munich. Je vous fais donc aussi part de mes excuses pour ne pas avoir suffisamment fait préciser les propos de mes invités sur la question.
En outre, je vous propose d’en parler directement avec eux via alyaaglan@hotmail.com , olivierdard@orange.fr, fabrice.grenard@
fondationresistance.org En cas de rediffusion de ces émissions à l’automne prochain, nous prendrons par ailleurs soin, après une ultime vérification factuelle, de revoir ce passage du débat, en procédant, si cela le nécessite, à un remontage.
Bien cordialement.
Jean-Pierre Gratien LCP et Débat Doc
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La réplique d'Annie Lacroix Riz :
Monsieur Gratien,
Je vous remercie de votre prompte réponse. Je m’étonne cependant vivement,
-- d’une part, que vous envisagiez une nouvelle vérification pour un fait historique établi qui, comme l’a écrit hier mon collègue Damon Mayaffre, est connu des enseignants d’histoire de tous cycles depuis les événements eux-mêmes : votre alléguée « ultime vérification factuelle » vous exposerait au ridicule, tous les types de sources faisant « effectivement indéniablement […] foi sur le vote des communistes concernant les accords de Munich ».
Les parlementaires munichois, dont aucune ne fut « d’un jour » (au contraire de ce qu’a affirmé M. Grenard) sont définitivement connus ; les parlementaires anti-munichois ne le sont pas moins, c’est-à-dire les 75 que j’ai mentionnés hier.
Ces faits sont aussi formellement établis que le suivant : tous les parlementaires qui votèrent les pleins pouvoirs à Pétain avaient approuvé les accords de Munich ‑‑ même si tous les Munichois n’ont pas soutenu Vichy dès sa naissance, comme l’attestent les 80 NON à Laval et Pétain – parlementaires communistes, cette fois, évidemment exclus puisqu’ils ne siégeaient plus au Parlement, ayant été déchus de leur mandat en janvier 1940 par les parlementaires qui avaient ratifié les accords de Munich le 4 octobre 1938 :
ils se partageaient alors entre clandestins et détenus (d’ailleurs privés du statut politique dont avaient joui les chefs cagoulards emprisonnés après la tentative de putsch de la Cagoule de septembre 1937, voir De Munich à Vichy) ‑‑ avant éventuelle livraison à partir d’octobre 1941, via Pierre Pucheu, ministre de l’Intérieur, et ses adjoints, à l’occupant allemand à titre d’otages (voir Les élites françaises, 1940-1944 et La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950).
-- et, d’autre part, que vous imputiez à deux de vos invités une libre affirmation erronée, sidérante, j’y insiste, affirmation que vous avez pleinement partagée avec eux, sur un mode plus catégorique qu’interrogatif, tandis que Mme Aglan n’a rien trouvé à ajouter à votre question-réponse, et aux interventions de MM. Grenard et Dard.
Votre responsabilité est donc identique à celle de mes deux collègues, l’un, « directeur historique, chef du département recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance », dont l’ignorance sur Munich, si ignorance il y a, est proprement stupéfiante, l’autre, notoire pour sa dissimulation systématique de l’antisémitisme morbide, devenu létal sous l’Occupation, de Maurras, dissimulation avérée par sa biographie parue chez Armand Colin en 2013.
La notoriété de M. Dard, conférencier coutumier de l’Action française, a encore grandi après qu’il eut été, de façon difficilement compréhensible, en 2017 chargé par un aréopage d’historiens « reconnus » de rédiger une fiche sur Maurras pour le Grand Livre des Commémorations officielles, édition de 2018 (pièces nécessaires : https://www.les-crises.fr/le-
L’affaire a provoqué en janvier 2018 un scandale dans les milieux dits « spécialisés », à la fois scientifiques et choqués par le silence sur l’antisémitisme de la fiche relative au « Maître » Maurras, sous-titre de la biographie de 2013 ‑‑ les historiens étant aussi, je le rappelle, formateurs civiques. Le scandale (https://www.lefigaro.fr/
Mme Aglan a pris la responsabilité de ne pas démentir ses deux collègues et vous-même, responsabilité considérable si, comme je l’espère pour elle, elle connaissait la vérité. Et que dire de l’éventuelle ignorance de celle que vous présentez, comme ses deux collègues masculins, comme une historienne « reconnu[e] pour [ses] travaux et [ses] connaissances sur la période » ? Quel critère scientifique préside exactement au choix de vos habituels interlocuteurs, notamment sur les années 1930 et 1940?
Bref, ne demeure qu’une double hypothèse, tant pour mes collègues ‑‑ auxquels je vous laisse l’éventuel soin de transmettre mes réponses ‑‑, que pour vous-même, supposé « spécialiste » du Parlement par vos anciennes fonctions de président de l'Association des Journalistes Parlementaires (AJP) et par vos fonctions actuelles à la chaîne LCP : l’ignorance crasse ou la volonté de falsification.
Il s’impose donc que LCP avise son public trompé, dans les meilleurs délais, et assurément ni (uniquement) à l’automne ni, hypothèse proprement ahurissante, par un « remontage »-coupe qui ajouterait à la malhonnêteté initiale.
Je remercie par avance la direction de LCP, chaîne dotée par définition d’une importante mission scientifique et pédagogique, de veiller à l’information honnête de son public.
Bien cordialement,
Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine, université Paris VII-Denis Diderot
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Autres réactions
De : Damon Mayaffre <Damon.Mayaffre@unice.fr>
Envoyé : lundi 4 juillet 2022 19:18
À : Jean-Pierre GRATIEN
Bonjour,
Grand merci pour votre réponse.
Peut-être ignorez-vous que vos invités n'en sont pas à leur coup d'essai ? Si vous l'ignorez, peut-être irez vous regarder autour du scandale ministériel, relayé notamment par France Culture, sur l'antisémitisme d'Oliver Dard dans sa (fausse)-biographie de Charles Maurras. C'est saisissant.
Je me réjouis en tout cas que LCP ne soit pas devenu CNews =:))
Reste que vos excuses dont je vous remercie à nouveau épargnent les protagonistes et laissent les auditeurs dans le révisionnisme historique : c'est votre responsabilité dont il est difficile de se dédouaner au nom de la liberté de parole de vos invités. Pourquoi voudriez-vous que j'en parle directement à nos collègues puisque, je vous cite, "Après une première vérification, le site de l’Assemblée nationale semble effectivement indéniablement faire foi sur le vote des communistes concernant les accords de Munich...". C'est à vous de rectifier ces propos contre-factuels, pour ne pas dire mensongers de la part d'historiens qui savent pertinemment le vote historique par coeur, tenus sur votre plateau afin d'éclairer les téléspectateurs.
En vous remerciant à nouveau,
Bien cordialement
Damon Mayaffre
CNRS - Université Côte d'Azur
Cher monsieur Bertrand Délais,
Ayant entendu l'émission, je me permets d'ajouter ma sidération à l'étonnement de notre collègue Annie Lacroix-Riz. Il me semble que nous frôlons le révisionnisme historique avec la négation de faits officiels, dûment établis, facilement vérifiables dans les archives officielles du Parlement. Ayant moi-même fait ma thèse sur les années 30, publiée chez Honoré Champion 2000, dans laquelle je reprends après 1000 autres collègues et tous nos manuels scolaires cette réalité historique (les députés communistes ont voté contre Munich = c'est écrit au JO), je me permets de vous demander de bien vouloir intervenir sans détour pour un démenti sans ambiguïté : il en va de notre histoire, de notre mémoire et de notre démocratie.
En vous remerciant sincèrement par avance,
Bien cordialement, cher monsieur Bertrand Délais,