Bibliothèque Nationale de France : La lutte paye !

Publié le par FSC

PUBLIÉ LE :

02/07/2022 à 09:48

Antoine Oury

 

 

 

 

 

La BnF revient (un peu) sur sa réforme, avec 20 postes “supplémentaires

Aux prises depuis plusieurs semaines avec une grève de ses agents et une fronde d'usagers, notamment de chercheurs et d'écrivains, la Bibliothèque nationale de France a fait marche arrière. Son projet de réforme touchait notamment aux délais de communication des documents. Mais le comité scientifique de l'institution en a revu les contours et, au passage, la BnF a obtenu la création de 20 postes supplémentaires.

 

ActuaLitté

Depuis plusieurs semaines, la Bibliothèque nationale de France connaissait des épisodes réguliers de grève des agents, auxquels s'étaient joints des usagers et chercheurs. Tous réclamaient plus de moyens financiers et humains pour les services de l'institution, mais aussi l'abandon d'une réforme des conditions de communication des documents aux lecteurs.

Cette réforme avait mis le feu aux poudres : mettant en avant un changement dans les habitudes de consultation, la direction de la BnF avait annoncé une fin de la communication directe des documents le matin. Pour les chercheurs, il devenait donc impératif de commander la veille, pour le lendemain, ou d'attendre 13h30 pour commander et obtenir son livre, jusqu'à 17h.

Les manifestations – ActuaLitté en a couvert quelques-unes – ont rapidement attiré des personnalités politiques, dont Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent ou encore Sandrine Rousseau, mais aussi des écrivains, comme Éric Vuillard, Laurent Binet ou encore l’historienne Arlette Farge.

Pour tenter de calmer le jeu et faire état d'un autre avis sur la réforme, la direction avait annoncé la consultation du conseil scientifique de l'établissement, présidé par Pascal Ory.

Réforme revue et postes supplémentaires

Réuni le 28 juin dernier, le conseil scientifique a rendu un avis sur la réforme des délais de communication des documents, soulignant quelques améliorations « souhaitables dans un terme proche ». Citant l'ergonomie de l'application de réservation de la BnF, le conseil pointe aussi « la possibilité de réserver dès le matin des documents communiqués de manière différée le jour même », qui serait la bienvenue.

Sur les horaires eux-mêmes, le conseil propose de repousser l'heure limite de réservation (actuellement jusqu'à 20h la veille, 17h le vendredi) et d'avancer celle du début de la communication directe, de 13h30 actuellement à 12h30, 12h ou « mieux encore », 11h30.

« Ces premiers aménagements ne peuvent être mis en œuvre sans octroi de postes supplémentaires », précisait le conseil scientifique à la fin de son avis, en appelant au ministère de la Culture, mais aussi à celui de l'Enseignement supérieur et celui du Budget.

D'après le communiqué diffusé par la direction de la BnF à l'issue du conseil d'administration de ce 30 juin, cet appel a été entendu, puisque la rue de Valois octroie « 20 postes supplémentaires à la BnF ». Toujours d'après le communiqué de la direction, ces effectifs supplémentaires permettront « de prolonger jusqu’à minuit, à la place de 20h, la possibilité de réserver des documents pour le lendemain matin (dans la limite d’un quota augmenté de 25 documents) ». Seul le vendredi ne connaîtra pas de changement, avec une limite à 17h.

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Suivant presque la recommandation du conseil, la direction indique par ailleurs que le début de la communication directe des documents conservés en magasin se fera « dès 12h » à la place de 13h30.

Autre point très critiqué de la réforme de la BnF, l’augmentation du tarif réduit du pass recherche annuel illimité à 38 € est supprimé, conservant le tarif à 35 €. 

Par ailleurs, la direction ajoute qu'elle « formulera ainsi dans les prochains mois des propositions visant, notamment, à mieux partager le résultat des études qu’elle conduit sur ses publics et à échanger dans la durée sur les usages et les besoins des chercheurs ».

Si la majorité des membres du conseil d'administration a voté les propositions, les représentants ne sont clairement pas satisfaits : la CGT n'a pas siégé, la CFDT s'est abstenue, insistant pour une communication directe toute la journée, et les représentants élus des lecteurs ont voté contre, souhaitant un début de la communication à 11h30.

La promesse des 20 postes supplémentaires n'a pas vraiment convaincu non plus, alors que l'établissement doit assurer la numérisation de la presse, la réouverture de Richelieu et l'aménagement de nouveaux sites à Amiens. Comme le montre le tableau ci-dessous, tiré du Rapport d'activité 2021, l'ajout de ces postes ne compense pas les baisses successives.

Autrement dit, la mobilisation semble toujours de mise, du côté des opposants à la réforme, comme l'AluBnF qui en appelle à présent à des « états généraux de la BnF », qui rassembleraient tous les acteurs concernés.

 

 

 
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