OTAN : TOUT pour les dépenses de guerre ... RIEN pour les dépenses de santé, pour l'école, pour les salaires ...

Publié le par FSC

REPRIS du site de Danielle BLEITRACH

L’OTAN se prépare à «la guerre contre des concurrents dotés de l’arme nucléaire»
 
À l’issue du sommet de l’OTAN qui s’est tenu cette semaine à Madrid, en Espagne, les membres de l’OTAN, dont la plupart des États européens ainsi que les États-Unis et le Canada, ont adopté un document stratégique qui expose ses plans de militariser le continent européen, intensifier la guerre contre la Russie et préparer la guerre contre la Chine. La “toute puissance” des dirigeants occidentaux qui n’ont aucun mandat de leur peuple pour la guerre nucléaire et pas plus en ce qui concerne l’horreur d’une guerre nucléaire et les fronts ouverts partout qu’en ce qui concerne ‘le coût de la guerre. C’est dire à quel point ces proclamations irresponsables nécessitent d’urgence une intervention populaire et les forces politiques qui aujourd’hui se dérobent à cette priorité, se perdent dans des querelles de clocher en porteront le poids historique. Nous sommes parfaitement d’accord avec ce site trotskiste des USA qui déclare: Alors que les travailleurs entrent en lutte dans le monde entier contre la hausse du coût de la vie, il est essentiel qu’ils adoptent comme revendication critique la lutte contre la guerre et le militarisme. (note de danielle Bleitrach dans histoireetsociete)

 

Le sommet de l’OTAN à Madrid. (Jonathan Ernst/Pool Photo via AP)

Le document s’engage à «fournir toute la gamme des forces» nécessaires «pour des combats de haute intensité et multi-domaines contre des concurrents dotés de l’arme nucléaire». On y relève le passage suivant:

22. Nous continuerons à améliorer l’état de préparation, la réactivité, la capacité de déploiement, l’intégration et l’interopérabilité collectives de nos forces. Nous mettrons à disposition, individuellement et collectivement, l’ensemble des forces, des capacités, des plans, des ressources, des moyens et des infrastructures nécessaires à la dissuasion et à la défense, y compris pour des combats de haute intensité et multi-domaines contre des concurrents pairs dotés de l’arme nucléaire. Nous assurerons une structure de commandement robuste, résiliente et intégrée, nous accroîtrons l’alignement des plans de défense des pays et de l’OTAN, et nous renforcerons et moderniserons la structure de forces de l’OTAN. Nous renforcerons l’entraînement et les exercices, nous adapterons et rationaliserons nos processus décisionnels, nous améliorerons notre planification et nous accroîtrons l’efficacité de notre système de réponse aux crises.

Dans un changement radical par rapport au dernier document stratégique, publié pour la première fois en 2010, le nouveau document stratégique de l’OTAN proclame que «la zone euro-atlantique n’est pas en paix», ce qui revient à déclarer que l’alliance est en guerre. Et ce, en dépit du fait qu’aucun des membres de l’alliance de l’OTAN n’a déclaré de guerre au sein de la «zone euro-atlantique».

Voici le passage correspondant dans le document:

6. La zone euro-atlantique n’est pas en paix. La Fédération de Russie a violé les normes et les principes qui ont contribué à un ordre de sécurité européen stable et prévisible. Nous ne pouvons pas écarter la possibilité d’une attaque contre la souveraineté et l’intégrité territoriale des Alliés. La concurrence stratégique, l’instabilité généralisée et les chocs récurrents définissent notre environnement de sécurité au sens large. Les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont mondiales et interconnectées.

Le document stratégique adopte ouvertement le langage de la politique de grande puissance, mieux connu sous son nom allemand, Machtpolitik. Il fait référence au mot «intérêts» à sept reprises, affirmant que la Chine et la Russie remettent en cause «les intérêts de l’Alliance».

Le précédent document stratégique de l’OTAN, publié en 2010, n’utilisait le mot «intérêts» qu’une seule fois, en s’engageant à «renforcer les consultations politiques et la coopération pratique avec la Russie dans les domaines d’intérêt commun».

Alors que le document de 2010 désignait la Russie comme un «partenaire», le document stratégique de cette année qualifie la Russie de «menace» et la Chine de «défi». Le nouveau document stratégique de l’OTAN justifie explicitement ces désignations en déclarant que ces pays «posent un défi à nos intérêts».

Il déclare que «la RPC [République populaire de Chine] cherche à contrôler des secteurs technologiques et industriels clés, des infrastructures essentielles, des matériaux stratégiques et des chaînes d’approvisionnement. Elle utilise son influence économique pour créer des dépendances stratégiques et renforcer son influence».

Voici le passage correspondant du document:

13. Les ambitions déclarées et les politiques coercitives de la République populaire de Chine (RPC) remettent en cause nos intérêts, notre sécurité et nos valeurs. La RPC utilise un large éventail d’outils politiques, économiques et militaires pour accroître son empreinte mondiale et projeter sa puissance, tout en restant opaque sur sa stratégie, ses intentions et son renforcement militaire. Les opérations hybrides et cybernétiques malveillantes de la RPC, sa rhétorique de confrontation et sa désinformation ciblent les Alliés et nuisent à la sécurité de l’Alliance. La RPC cherche à contrôler des secteurs technologiques et industriels clés, des infrastructures essentielles, des matériaux stratégiques et des chaînes d’approvisionnement. Elle utilise son influence économique pour créer des dépendances stratégiques et renforcer son influence. Elle s’efforce de renverser l’ordre international fondé sur des règles, notamment dans les domaines spatial, cybernétique et maritime. L’approfondissement du partenariat stratégique entre la République populaire de Chine et la Fédération de Russie et leurs tentatives, qui se renforcent mutuellement, de saper l’ordre international fondé sur des règles vont à l’encontre de nos valeurs et de nos intérêts.

Afin de préserver leurs «intérêts», les alliés s’engagent à «renforcer considérablement la dissuasion et la défense».

De manière critique, le document affirme que la série d’actions qui a déclenché la guerre en Ukraine a été un succès, déclarant que «l’élargissement de l’OTAN a été un succès historique». Le Kremlin a justifié son invasion de l’Ukraine en affirmant que les efforts de l’Ukraine pour rejoindre l’OTAN et le déploiement d’armes nucléaires à la frontière de la Russie constituaient une menace pour sa sécurité nationale.

Le document de l’OTAN confirme l’expansion de l’alliance militaire en déclarant: «Nous réaffirmons notre politique de la porte ouverte… Notre porte reste ouverte à toutes les démocraties européennes qui partagent les valeurs de notre Alliance». Il ajoute: «Les décisions d’adhésion, ce sont les alliés de l’OTAN qui les prennent et aucune tierce partie n’a son mot à dire dans ce processus».

La guerre qui fait actuellement rage en Ukraine est la plus importante en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, et a déjà tué des dizaines de milliers d’Ukrainiens et de Russes. En décrivant l’expansion de l’OTAN comme un succès, l’alliance déclare effectivement que ces morts, et bien d’autres à venir, sont des coûts acceptables pour protéger les intérêts des membres de l’alliance.

En réponse aux défis posés aux «intérêts» de l’alliance, les membres de l’OTAN se sont engagés dans un programme de militarisation qui touchera tous les aspects de la société. Le document déclare: «Dans un environnement de concurrence stratégique, nous renforcerons notre conscience et notre portée mondiales pour dissuader, défendre et contester dans tous les domaines et toutes les directions, conformément à notre approche à 360 degrés».

Le document précise en outre que «tant qu’on aura des armes nucléaires, l’OTAN restera une alliance nucléaire» et que l’alliance s’engage à «assurer une présence substantielle et persistante sur terre, en mer et dans les airs, notamment par une défense aérienne et antimissile intégrée renforcée». Le document ajoute que «le dispositif de dissuasion nucléaire de l’OTAN repose également sur les armes nucléaires des États-Unis déployées en avant en Europe et sur les contributions des Alliés concernés».

La réalisation des objectifs énoncés dans le document nécessite une expansion massive des troupes, des munitions et des changements d’approvisionnement nécessaires pour faire la guerre. «Nous assurerons la dissuasion et la défense en avant avec des forces robustes en place, multi-domaines et prêtes au combat, des dispositifs de commandement et de contrôle renforcés, des munitions et des équipements prépositionnés, ainsi qu’une capacité et une infrastructure améliorées pour renforcer rapidement tout allié, y compris à court terme ou sans préavis».

Le document de stratégie de l’OTAN ne reconnaît pas l’existence de priorités concurrentes pour les ressources militaires. Les mots «faim», «pauvreté» et «chômage» n’apparaissent pas. On ne fait aucune référence à la pandémie de COVID-19, qui a tué des dizaines de millions de personnes dans le monde et un million rien qu’aux États-Unis.

Les commentaires du président américain Joe Biden étaient tout à fait conformes au ton de ce document.

Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du sommet, Biden s’est vanté ainsi: «Nous avons fourni à l’Ukraine près de 7 milliards de dollars d’aide à la sécurité depuis que j’ai pris mes fonctions. Dans les prochains jours, nous avons l’intention d’annoncer plus de 800 millions de dollars supplémentaires, y compris un nouveau système de défense aérienne occidental avancé pour l’Ukraine, davantage d’artillerie et de munitions, des radars de contre-batterie, des munitions supplémentaires pour le système de roquettes à lancement multiple HIMARS que nous avons déjà donné à l’Ukraine et davantage de HIMARS provenant également d’autres pays».

Il a ajouté que l’engagement total des alliés des États-Unis comprenait «près de 140.000 systèmes antichars, plus de 600 chars, près de 500 systèmes d’artillerie, plus de 600.000 munitions d’artillerie, ainsi que des systèmes avancés de roquettes à lancement multiple, des systèmes antinavires et des systèmes de défense aérienne».

Pourtant, lorsqu’on l’a interrogé sur le coût de la guerre pour le public américain, Biden n’a donné aucune indication que c’était même pris en considération.

Lors de la conférence de presse, un journaliste a demandé à Biden: «Les dirigeants du G7 se sont engagés cette semaine à soutenir l’Ukraine, je cite, “aussi longtemps qu’il le faudra”. Et je me demande si vous pourriez expliquer ce que cela signifie pour le peuple américain, “aussi longtemps qu’il le faudra”. Cela signifie-t-il un soutien indéfini des États-Unis à l’Ukraine? Ou y aura-t-il un moment où vous devrez dire au président Zelenskyy que les États-Unis ne peuvent plus soutenir son pays»?

Biden a répondu: «Nous allons soutenir l’Ukraine aussi longtemps qu’il le faudra».

Un autre journaliste a posé une question sur le «prix élevé de l’essence aux États-Unis et dans le monde entier… Pendant combien de temps est-il juste de demander aux conducteurs américains et aux conducteurs du monde entier de payer cette prime pour cette guerre»?

 

La déclaration de Biden est une promesse effectivement illimitée de ressources sociales pour l’effort de guerre. Après avoir supprimé le financement pour combattre la pandémie de COVID-19, ce qui signifie que les travailleurs non assurés seront obligés de payer de leur poche les vaccins et les hospitalisations liés au COVID-19, la classe dirigeante américaine s’efforce au contraire de canaliser d’importantes ressources sociales vers l’effort de guerre.

Les plans décrits dans le dernier document stratégique de l’OTAN auront des conséquences incalculables, non seulement pour la guerre elle-même, mais aussi par le détournement sans fin des ressources sociales vers les dépenses militaires, qui seront associées à la réduction des dépenses pour les soins de santé et les pensions, et à la réduction des salaires des travailleurs.

Alors que les travailleurs entrent en lutte dans le monde entier contre la hausse du coût de la vie, il est essentiel qu’ils adoptent comme revendication critique la lutte contre la guerre et le militarisme.

(Article paru d’abord en anglais le 30 juin 2022)

 

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