SAINT NAZAIRE entreprise Pine : rendre visible le conflit et interdire les abus

Publié le par FSC

SOURCE : L'Humanité

 

Alertés par les travailleurs détachés rentrés au pays et les syndicats du groupe Pine Instalaciones, les élus espagnols vont rencontrer, dès lundi, la CGT et le PCF. Entretien.

entretien réalisé par Luis Reygada

Miguel Angel Bustamante Martin

Député espagnol du groupe Unidas Podemos, membre du PCE

Pourquoi vous rendre à Saint-Nazaire ?

Nous sommes venus nous informer sur la situation des travailleurs espagnols – ainsi que ceux d’autres nationalités – qui sont employés par des entreprises espagnoles sur le chantier naval de Saint-Nazaire, et notamment par l’entreprise Pine, spécialisée dans le câblage électrique des navires. L’objectif est également de rendre visible ce conflit pour que l’entreprise impose des mesures et pour chercher auprès des institutions les solutions pour éviter ce type d’abus. Nous souhaitons enfin sensibiliser les travailleurs afin qu’ils s’organisent eux-mêmes, pour leurs droits. Ce conflit démontre que, plus l’exploitation des travailleurs par l’entreprise est grande, plus les profits sont importants.

La directive européenne entrée en vigueur le 30 juillet 2020 n’est-elle pas censée être plus protectrice ?

La directive européenne sur les salariés détachés vise effectivement à éviter des situations comme celle qui nous occupe, où des entreprises – dans ce cas une entreprise espagnole qui opère en France – cherchent à payer moins les travailleurs par le biais de diverses astuces. Ici, l’entreprise, qui embauche des centaines de travailleurs à Cadix et en Biscaye, dispose d’une entreprise « boîte aux lettres » – c’est-à-dire qu’elle n’a pas de travailleurs à Madrid –, où la convention sectorielle est moins-disante que celle de Cadix et Biscaye. Pourtant, Bruxelles est censée ­garantir que les entreprises appliquent les règlements du pays de destination – en l’occurrence, les lois françaises. Ce qui n’a pas été fait.

Comment empêcher ces situations ?

La coordination entre les États est essentielle. Il est également indispensable d’augmenter les inspections du travail pour faire respecter les directives, et de fonctionner avec un système de sanctions beaucoup plus fortes, pour qu’il ne revienne pas moins cher aux entreprises de frauder et de payer l’amende. L’accord qui se met en place en Espagne sur la ­réforme du droit du travail va aussi dans ce sens, en visant à augmenter les sanctions de manière significative contre les entreprises pour éviter les fraudes dès l’étape du recrutement.

Que va-t-elle changer précisément?

La réforme du travail (qui est en cours d’examen au Parlement) restaure les droits des travailleurs, mis à mal par les précédentes réformes. Elle est le résultat d’un accord et d’un dialogue social entre le ministère du Travail, les syndicats majoritaires (CCOO et UGT) et le patronat, avec pour objectif : améliorer les salaires et lutter contre la précarité de l’emploi. La prévalence de l’accord sectoriel sur l’accord d’entreprise, la prédominance des accords collectifs plus favorables aux travailleurs, la primauté de la convention collective sur la sous-traitance et le CDI comme règle générale sont de bons outils pour cela.

par  Luis Reygada ,
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