Des manifestations avaient déjà eu lieu pour la défense du système de retraites en 2020 (ici à Paris).
afp.com/Thomas SAMSON
Leur levier principal : les réseaux électrique et gazier, sur lesquels ils ont, grâce à leur réseau syndiqué, le contrôle au sein de nombreuses structures. Les travailleurs de la CGT Mines-Energie comptent bien s’en servir pour peser de tout leur poids sur l’économie, afin d’obtenir le retrait "pur et simple" du projet de loi du gouvernement qui prévoit de repousser l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Alors que la gronde monte à l’approche de la manifestation prévue le jeudi 19 janvier partout en France, la fédération a annoncé vendredi dernier un "plan de bataille", qui prévoit une "reprise en main de l’outil sous toutes ses formes".
Des centrales nucléaires à l’arrêt ?
Les actions évoquées par la branche du syndicat sont nombreuses, et radicales : rétablissement de l’électricité et du gaz aux plus précaires, énergies gratuites, baisse de production. Les élus qui soutiennent la réforme pourraient aussi être directement visés. "On va aller voir ceux qui veulent la réforme, qui la soutiennent, ceux-là, on va s’occuper d’eux. On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, et puis si d’aventure ils ne comprennent pas le monde du travail on les ciblera dans les coupures qu’on saura organiser", a affirmé le secrétaire général de la fédération Sébastien Menesplier, lors d’une rencontre au siège de la CGT à Montreuil lundi.
La fédération va jusqu’à menacer d’empêcher par des grèves le redémarrage de certains réacteurs pour l’instant à l’arrêt, nécessaires pour maintenir un réseau électrique déjà en tension depuis plusieurs mois. "S’il y a des grèves il n’y aura pas de redémarrage de réacteurs. S’il n’y a pas de redémarrage de réacteurs, il y aura peut-être un manque de capacités de production. […] On assumera pleinement comme on l’a fait cet automne. Et on attendra qu’on vienne nous chercher", a ajouté Sébastien Menesplier.
"Des méthodes qui sortent de l’Etat de droit"
Ces actions syndicales provoquent un tollé à droite. "Ce sont des méthodes illégales, des méthodes qui sortent de l’Etat de droit", s’est emporté sur Europe 1 Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR qui soutient la réforme des retraites. Le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, pour qui il s’agit d’une réforme "comptable", a tenu des propos similaires sur franceinfo : "La grève est un droit reconnu par la Constitution. Les abus du droit de grève ne le sont pas" a-t-il déclaré, appelant le gouvernement et les entreprises à "prendre les sanctions qui s’imposent"
Le ton est très différent à gauche, qui considère ces pratiques "non-violentes". "Ne comptez pas sur moi pour commencer à dénigrer, ou à m’attaquer aux organisations syndicales", a répondu sur CNews Manuel Bompard, le coordinateur de LFI, ce mardi. Il explique soutenir "toutes formes d’actions à partir du moment où elles ne franchissaient pas un seuil […] qui est la violence contre les personnes et contre les biens". Même son de cloche chez la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui a indiqué que "dès lors que c’est non-violent, toutes les manières de se mobiliser sont bonnes", ajoutant que "et quand bien même elles sont désobéissantes, elles sont bonnes".
Coordonner les efforts pour "désorganiser" l’économie
Pour "désorganiser l’économie" un maximum, la CGT Mines-Energie veut coordonner ses efforts avec d’autres fédérations. Une réunion a eu lieu la semaine dernière avec la CGT des Ports et Docks, la FNIC (Chimie) et les cheminots, et une nouvelle réunion est prévue mercredi. Les syndicats CGT de la branche pétrole ont déjà annoncé la semaine dernière plusieurs jours de grève, avec un arrêt de travail de 24 heures le 19 janvier, de 48 heures le 26 et de 72 heures à partir du 6 février.