ENERGIE : le sabotage US du gazoduc Nord Stream caché par la propagande

Publié le par FSC

Caché, nié, trafiqué car c'est contre l'Europe que les dirigeants américains ont procédé à cet acte de guerre.

Cela faisait des années qu'ils étaient opposés à l'ouverture de cette voie de livraison du gaz favorisant la compétitivité de l'industrie allemande notamment.

Ave le sabotage ils plombent cette industrie et peuvent livrer leur GNL à des prix quadruplés ou quintuplés.

Dans le silence honteux et vassal des états européens dont la France !

 

 

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Guerre de l’Energie: cachez ces saboteurs du Nordstream que nous ne saurions voir!

24 FÉVRIER 2023

Il y a dans le monde anglo-saxon et en particulier dans l’Université de Cambridge une volonté d’indépendance intellectuelle qui tranche sur ce qui se passe en France où l’ère des courtisans inauguré par Mitterrand a abouti à des grotesques comme BHL. Ce chercheur se moque de la manière dont les officiels des Etats-Unis ont refusé de répondre aux révélations de Seymour Hersh, ce qui n’étonne même plus les Russes… Mais dans le genre la commission européenne est sans doute ce qui se fait de mieux. (note et traduction de danielle Bleitrach)

Lorsque les nouvelles ont émergé pour la première fois sur les explosions subies par les pipelines NordStream, connus collectivement sous le nom de Nord Stream 1 et Nord Stream 2, une armée de devins a été mobilisée. L’accusation selon laquelle la Russie serait coupable heurtait de front l’intuitif bon sens, étant donné que la société d’État russe Gazprom est actionnaire majoritaire de Nord Stream 1 et unique propriétaire de NordStream 2. Mais ce fait contre-indicatif n’a pas découragé ceux de l’école de pensée qui défendent l’idée que Moscou est derrière tout. « C’est assez prévisible et prévisiblement stupide d’exprimer de telles versions », a grogné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Les premiers rapports ont noté trois fuites dans les réseaux de pipelines NordStream 1 et NordStream 2. Un quatrième a été révélé par la suite. Puis vint la nouvelle que la première explosion avait eu lieu dans une section construite par les Russes du pipeline. Der Spiegel a résumé les différentes questions. Moscou était-il derrière cela ? Ou les États-Unis, qui avaient toujours été implacablement opposés au projet ? Et qu’en est-il de l’Ukraine ou peut-être des agents « voyous » ? Pour ceux qui souhaitaient une sauce plus pimentée, il y avait des babillages laissant entendre que le Mossad aurait pu être derrière.

De nombreuses déclarations ont été publiées, certaines plus équivoques que d’autres dans l’attribution de la faute. Le Conseil de l’Union européenne, tout en promettant une « réponse robuste et unie » aux incidents, a déclaré que « toutes les informations disponibles indiquent que ces fuites sont le résultat d’un acte délibéré».

Gerhard Schindler, ancien chef du Service fédéral de renseignement allemand, a insisté sur le fait que les dommages, subis à des profondeurs de 80 mètres dans la mer Baltique, nécessitaient « des capacités techniques et organisationnelles sophistiquées qui indiquent clairement un acteur étatique ». La Russie, a-t-il poursuivi, est la seule puissance qui pouvait être sérieusement envisagée « d’autant plus qu’elle a le plus à gagner de cet acte de sabotage ».

Dans le monde noir et blanc de la plupart des responsables ukrainiens, les dommages devaient avoir été infligés par Moscou. Un conseiller du président ukrainien, Mykhailo Polodyak, a qualifié l’incident « d’attaque terroriste planifiée par la Russie et d’acte d’agression contre [l’UE] ».

Dans ces vantardises et ces fanfaronnades sans preuve, il était frappant de constater l’absence de toute alternative à la désignation de la Russie. Au cours de l’été dernier, Washington avait averti plusieurs de ses alliés européens que les gazoducs Nord Stream 1 et 2 feraient l’objet d’une menace, voire d’une attaque potentielle. La nature de ces avertissements, basée sur les évaluations des services de renseignement américains, était vague. L’hostilité de l’administration Biden ne l’était pas et la désignation non plus.

Dans l’ordre des choses, la révélation du rôle des États-Unis dans cette affaire par une voix d’opposition tolérée de l’establishment n’est pas surprenante et loin d’être stupéfiante. Selon Seymour Hersh, les coupables étaient des plongeurs en eau profonde bien entraînés qui étaient passés par le centre de plongée et de sauvetage de la marine américaine. Sous le couvert d’un exercice de l’OTAN nommé BALTOPS 22, les plongeurs ont planté des dispositifs qui seraient déclenchés à distance trois mois plus tard.

Les affirmations faites dans l’article ont été froidement rejetées par divers fonctionnaires. La porte-parole de la Maison Blanche, Adrienne Watson, a répondu par un geste.  « C’est une fiction fausse et complète. »  Idem pour la porte-parole venimeuse de la Central Intelligence Agency, Tammy Thorp : « Cette affirmation est complètement et totalement fausse. »  Pour sa part, Biden a accusé la Russie de « pomper la désinformation et les mensonges ».

Mais comme l’écrit Hersh, la décision de saboter les pipelines avait peu d’opposants dans la communauté de la sécurité nationale de Washington. Sevrer l’Europe de sa dépendance à l’égard des approvisionnements énergétiques russes a été un objectif proche et cher aux décideurs politiques américains. La question résidait dans la meilleure façon d’exécuter l’action sans avoir à l’assumer.

Pour garder le voile du secret fermement attaché, il a été fait appel à des plongeurs de la marine américaine plutôt qu’à des unités du commandement des opérations spéciales. Dans ce dernier cas, les opérations secrètes doivent être signalées au Congrès. La Bande des Huit, qui comprend les dirigeants du Sénat et de la Chambre des représentants des États-Unis, doit également être informée. Aucun protocole de ce type n’existe dans le contexte de la Marine.

Même maintenant, les dénégations continuent. Le 19 février, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, a catégoriquement rejeté la suggestion selon laquelle les États-Unis étaient derrière les explosions. « C’est une histoire complètement fausse. Il n’y a pas de vérité là-dedans, Shannon », a-t-il déclaré à l’animatrice Shannon Bream sur Fox News dimanche. « Pas une miette. Ce n’est pas vrai. Les États-Unis, et aucun mandataire des États-Unis, n’avaient quoi que ce soit à voir avec cela, rien. »

Interrogé par Bream sur la question de savoir s’il y avait une obligation d’informer le Congrès d’une telle opération, Kirby a répondu que « nous tenons le Congrès informé de manière appropriée des choses classifiées et non classifiées. Mais je peux vous dire maintenant, quel que soit le processus de notification, il n’y a eu aucune implication des États-Unis dans cela. »

L’attachée de presse de la Commission européenne, Andrea Masini, a opté pour la ligne selon laquelle les révélations d’un journaliste d’investigation sont moins fiables que les enquêtes officielles. « Nous ne commentons pas les spéculations sur les auteurs de sabotage contre les gazoducs Nord Stream. La seule base pour toute réponse possible peut être le résultat d’une enquête officielle. Ces enquêtes relèvent de la responsabilité des autorités compétentes des États membres concernés. »

Les révélations de Hersh, tirées d’une source ayant une connaissance intime des opérations de sabotage, et l’hostilité débordante de Washington envers le gaz naturel russe bon marché et son lien avec le marché européen de l’énergie, semblent loin d’être spéculatives. Les comploteurs ont été révélés, et quel groupe peu glorieux ils ont l’air.

Binoy Kampmark était boursier du Commonwealth au Selwyn College de Cambridge. Il enseigne à l’Université RMIT de Melbourne. Courriel : bkampmark@gmail.com

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