RETRAITES : le point de vue d'un juriste
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Envoi de Marcel MONIN :
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Ce qu’on appelle « l’Europe » - système de mise en place du laissez-faire pour les gros industriels et les financiers, hors du contrôle des citoyens, et sous influence américaine, - dans lequel le président de la République en poste est totalement immergé (1) , est favorable à la retraite par capitalisation (2)
Ce qui est doublement compréhensible au regard de l’idéologie sociétale des élites. 1/ des financiers pourront gérer l’épargne des citoyens, avec ce que cela implique comme profits à venir pour les gestionnaires ; 2/ les plus aisés ne cotiseront plus d’une manière ou d’une autre (notamment par l’impôt) pour les plus pauvres. (3)
Mais voilà que d’un autre côté, le gouvernement du président de la République, et ce dernier en tête, proclament la main sur le cœur que la réforme des retraites a pour but de sauver le système français de la retraite par répartition !
Ce paradoxe surprenant ou cet « en même temps » bizarre … n’est pas relevé.
Les membres des milieux politico-syndicaux se contentent d’ailleurs d’offrir à l’opinion publique leurs commentaires sur certains des effets négatifs du projet gouvernemental sur la vie de certaines catégories de Français, au moins quand les intéressés-électeurs protestent.
On comprend que, dans un tel contexte, le gouvernement ne plie pas. Indépendamment de l’arithmétique parlementaire (et de l’équipement des forces de l’ordre), c’est probablement que le patronat n’est pas « impacté » par les mouvements sociaux et qu’il n’a en conséquence pas prescrit aux dirigeants politiques l’ajournement du projet.
La réforme une fois votée, la population, dont les retraites vont baisser, sera incitée à souscrire ( encore plus) des assurances retraite complémentaires … auprès de fonds de pension,. Et c’est ainsi que la réforme, présentée comme appelée à sauvegarder la retraite par répartition, aura en réalité lancé la retraite par capitalisation. Pour le plus grand bonheur des financiers.
Cela s’appelle la préparation (4) de l’opinion à une réforme qui aurait été rejetée avec force ou violence si son objectif avait été annoncé clairement
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(1) Il est intéressant de constater que si nombre de réformes entreprises par les élites gouvernantes françaises ne sont que la mise en œuvre de règles imposées par le système européen, lesdites élites ne l’indiquent pas à la population. Spécialement quand les « réformes » ont des effets négatifs sur la vie d’une partie de ladite population. C’est possiblement que le manque d’information a la vertu d’éviter que les citoyens ne finissent par se rappeler le référendum de 2005 et par dire: « puisque c’est ça « l’ Europe » … maintenant ça suffit ! ».
(2) Voir, entre autres documents de l’Union européenne, le « livre blanc » de la commission européenne : « une stratégie pour des retraites adéquates, sûres et viables » 16/02/2012.
(3) Le tout étant conforme à la logique qui préside, entre autres exemples, au transfert des services publics vers le privé. Transfert qui permet aux financiers de « faire de l’argent » en récupérant les activités gérées par les personnes publiques. Transfert qui dispense les « riches » de payer pour les « pauvres ». Mais transfert qui, évidemment, pourra conduire à ce que les plus pauvres soient privés de certaines prestations (qui avaient été précisément érigées en services publics lorsqu’il était jugé qu’il était humainement convenable que tout le monde y ait accès).
(4) On a vu, entre autres, la technique utilisée pour la transformation de la RATP ( Régie Autonome des Transports Parisiens) : Pour commencer, on ne touche pas à la RATP. Mais on crée un organisme chargé de la distribution des lignes. Lequel donne à des entreprises privées de nouvelles lignes d’autobus. Les autobus de la RATP et des compagnies privées sont progressivement peints de la même couleur. Les conducteurs de bus portent des tenues semblables quel que soit l’employeur, Ainsi, quand un passager prendra bientôt son autobus, il ne verra pas si celui-ci est un autobus de la RATP ou celui d’une compagnie privée. Il ne protestera pas non plus quand, un peu plus tard, la RATP deviendra une société privée, à capitaux … de plus en plus privés.
NB. Sur la technique de suppression des services publics et leur transfert aux investisseurs, on pourrait prendre de multiples autres exemples – à des stades différents d’avancement- ( télécommunications, SNCF, énergie, enseignement, santé, …). La technique a été la même. Les réactions ont été les mêmes : pas d’attention ou pas d’intérêt portés à la première mesure, « acceptation » de la suivante et ainsi de suite.