Régis de CASTELNAU : Guerre USA/Russie, le dos à dos des deux oncles

Publié le par FSC

 

J’aimais beaucoup Georges Brassens. D’ailleurs j’aime toujours le très grand artiste.

Il y avait cependant une de ses chansons que je détestais. C’était celle des « deux oncles ». Celui qui aimait les Tommies et celui qui aimait les Teutons.

« C’était l’oncle Martin, c’était l’oncle Gaston

L’un aimait les Tommies, l’autre aimait les Teutons

Chacun, pour ses amis, tous les deux ils sont morts

Moi, qui n’aimais personne, eh bien ! je vis encore »

disait la première strophe.

Puis celle-ci qui poursuivait :

« De vos épurations, vos collaborations

Vos abominations et vos désolations

De vos plats de choucroute et vos tasses de thé

Tout le monde s’en fiche à l’unanimité ».

Je ne supportais pas, que l’on réduise la guerre contre le nazisme et ses abominations à une rivalité entre le thé et la choucroute. Peut-être parce que je pensais à mes oncles à moi. Va savoir.

 Bon, Brassens appartenait résolument à ce courant pacifiste, celui qui en amena beaucoup à la sympathie pour Vichy comme les parents de Lionel Jospin par exemple. Voire à la franche collaboration.

Le premier anniversaire de l’intervention russe en Ukraine a généré, et c’est fort normal, un torrent de commentaires où le « renvoi dos à dos » confortable se taillait une place de choix. Cela dispensait de l’analyse de l’événement meta-historique de l’affrontement entre l’Occident et le reste du monde. La globalisation comme forme moderne de la domination occidentale qui dure depuis cinq siècles est probablement en train d’aller vers son terme et l’Ukraine n’est qu’un des théâtres de cet affrontement. Et cela, concernés comme nous sommes, il vaudrait mieux essayer de le regarder en face.

Enfiler la toge commode de Ponce Pilate et le réduire à une rivalité entre un vieillard sénile et un autocrate paranoïaque, évite premièrement d’aborder la question de la responsabilité en oubliant l’historien François-Auguste Mignet disant « le véritable auteur de la guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire ». Ensuite de se demander où sont les intérêts de la France. Or ce qui se passe depuis un an a servi de révélateur au fait que notre pays est servilement soumis aux intérêts américains. AU DÉTRIMENT DES SIENS PROPRES FUSSENT-ILS ESSENTIELS. On évitera la litanie des exemples pour ne retenir que l’acte de guerre de la destruction des gazoducs Nord Stream dont nous étions partiellement propriétaires ! Tout le monde sait parfaitement que ce sont les Américains qui ont commis cet acte de terrorisme international, et il ne s’est trouvé aucun homme politique représentatif en France, et surtout pas le président de la République pour ne serait-ce que l’évoquer. Le reste est à l’avenant, et dire que la France, sous ce couvercle ressemble à un pays occupé n’est pas excessif.

Pourtant, le nœud actuel du conflit est bien celui de savoir si avec l’intervention russe nous sommes en présence d’une « guerre d’agression non provoquée » comme le prétendent les Américains et leurs perroquets européens, ou une « guerre défensive provoquée » comme le disent les Russes et leurs amis. Tout le reste est du bavardage.

La conséquence, c’est que lorsque l’on a le souci de la réalité, et de ses conséquences sur la défense des intérêts de la France, la position du Ponce Pilate équidistant ne tient pas une seconde. Ce comportement renvoie plutôt à celui de Philippe Pétain dans son discours du 6 juin 1944 prononcé après l’annonce du débarquement en Normandie et dans lequel il disait aux Français de ne pas s’en mêler. En ajoutant qu’il fallait accepter et faciliter les mesures prises par l’armée allemande.

Les Français qui se battaient alors pour la Libération de leur pays, ne le faisaient pas pour faire plaisir aux « Tommies ». Ceux qui refusent aujourd’hui la soumission à l’Amérique, pensent d’abord à la France.

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