CGT APRES 53e congrés : Olivier MATEU s'exprime dans la Marseillaise

Publié le par FSC

REPRISE d'Histoire et Société :

Interview du mardi 5 avril

 

La Marseillaise: Plusieurs jours après la fin du 53e Congrès de la CGT, quel regard portez-vous sur les débats qui ont eu lieu? Etes-vous satisfait malgré le fait que votre candidature n’a pas été retenue…

Olivier Mateu :

La première satisfaction, c’est le fait que les congressistes aient pu et su imposer en grande partie leurs choix. Sur la base d’arguments et non pas d’invectives, comme l’a pratiqué la direction sortante, avec derrière la volonté de faire en sorte que la CGT reste une organisation syndicale qui va au combat, de manière réfléchie.

Même si, au travers du bilan et du document d’orientation de la dernière mandature on était en droit d’être inquiet sur le déroulé du congrès et la capacité que pouvaient avoir les délégués à peser sur ces choix-là. De ce point de vue-là, c’est le Congrès le plus intéressant depuis 15 ou 20 ans. Le problème qui demeure c’est que l’on partait de tellement loin en matière d’errance idéologique et de pertes de pratiques démocratiques dans l’organisation, que forcément, tout n’a pas pu être réglé. On le voit : la direction sortante a essayé de confisquer ce congrès aux congressistes en essayant de maintenir sa candidature.

Mais la candidature de Marie Buisson n’a pas abouti non plus….

Olivier Mateu :

Effectivement, cela a conduit à ce que la candidature de la direction sortante soit rejetée et qu’une solution soit trouvée dans des conditions calamiteuses. Cette situation nécessitera que la CGT retourne en congrès avant 3 ans, et même avant la fin de l’année prochaine. A la condition, bien sur, que l’on veuille se remettre sur de bons rails et faire en sorte que les organisations de la base de la CGT soient réellement propriétaires de l’organisation, des contenus jusqu’à la direction en passant par la stratégie… Sophie Binet l’a répété à plusieurs reprises, elle est pour faire vivre la culture du débat. Il faut que ça se traduise de façon concrète.

Des lignes ont tout de même bougé lors de ce congrès notamment sur le “Plus jamais ça”.

Olivier Mateu :

Ils ont été battus sur les “grands chantiers” qu’ils avaient ouverts. Encore une fois, ces chantiers avaient ouvert sans véritable travail démocratique. Pour autant, rejeter ces questions-là ne veut pas dire que l’on refuse de s’en occuper ou qu’on veut tirer un trait sur tout ce qui a pu être fait. Cela marque le besoin de pousser les débats dans de bonnes conditions, pour faire en sorte de réellement rassembler la CGT et que tout cela soit incarné par une direction qui est réellement le reflet des organisations de la CGT.

Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Même si on considère que le pire a été évité, ave le coup d’arrêt à la candidature portée par philippe Martinez et sa feuille de route, il y a le besoin de rouvrir des discussions sur tous les sujets. Et sans se retrouver étiquetté, ostracisé et, au final, pas pris en compte. La CGT doit être le lieu où tout le monde se rassemble. Et il y a plus d’un tiers de la CGT qui s’est exprimé pour que ce que l’on porte soit présent à la Commission exécutive confédérale. Est-ce que la direction actuelle va considérer qu’avec quasiment 40% de l’organisation en dehors des organes de direction, cela va aller mieux ? J’ose espérer que non. Ce que l’on porte existe et ce n’est pas rien à la CGT.

Sophie Binet va se rendre, avec l’intersyndicale, chez la Prmière ministre. Vous trouve ça positif?

Olivier Mateu :

Elle y va pour demander le retrait. Je suis pour qu’on fasse confiance à notre nouvelle secrétaire générale . Mais si le gouvernement n’entend pas revenir sur sa réforme, la réaction de la confédération et de l’intersyndicale doit être très claire. Elles doivent maintenant poser la stratégie qui doit nous permettre d’aller à la victoire.

Le gouvernement s’entête mais le patronat s’inquiète. Et il ne s’inquiète pas pour rien, car la grève qui est menée dans un certain nombre de secteurs impacte l’économie.Il manque beaucoup de secteurs dans le combat et on ne peut pas s’en tenir à des appels hebdomadaires. Sans faire de surenchère, si certains ont la capacité de ne faire qu’une journée, il faut cadencer les choses de sorte que tous les jours de la semaine , il y ait des actions qui pèsent sur l’économie. C’est l’accumulation de ces actions qui fera craquer le camp d’en face. Mais cela s’organise. Il faut donc un calendrier et une explication de ce que l’on poursuit.

 

La grève de jeudi sera-t-elle massive dans les Bouches du Rhône ?

Olivier Mateu :


On sent bien une colère des travailleurs. Elle sera encore de bon niveau presque trois mois après le démarrage de l’un des plus longs mouvements sociaux de l’histoire contemporaine. Même s’il y a un effet réel de la sucession des journées d’actions. Les grèves ont pesé, car sans les manifestations et les actions, il n’y aurait pas eu le 49.3. En face de nous, ils ne sont pas sereins. Il faut élever le rapport de force encore un peu plus.

Propos recueillis par Amaury Baqué.

Publié dans CGT 53e CONGRES

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