La Grèce aux urnes : l’important c’est le parti commuiste Grec (KKE)
SOURCE : Histoire et Société
La Grèce aux urnes, Kyriakos Mitsotakis part favori nous rabâchent nos médias, Tsypras le talonne, le Pasok revient mais l’extrême-droite aussi etc.. Mais pour nous c’est le KKE et vous savez que dans notre blog nous avons coutume, en particulier Marianne et moi de ne parler et de ne défendre que les causes que nous connaissons, de privilégier le terrain, les liens avec les communistes locaux, mais aussi les discussions informelles avec les gens rencontrés par hasard. Donc voici la perspective à laquelle j’ai abouti, que je crois la plus juste, la plus vraie, dont l’intérêt est certes celui de la nation grecque, de ses couches populaires, mais aussi des autres peuples d’Europe et du monde, celui porteur de paix et de progrès pour tous, celui qui unit les “valeurs” de justice, d’égalité, à une vision civilisatrice universelle, bref celui qui unit le peuple français au peuple grec depuis si longtemps. Des gens comme vous et moi qui restons debout, on en a besoin.
Les résultats sont de 7,19 % pour le KKE, qui avait obtenu 5,3% lors de l’élection de 2019.
Sa représentation parlementaire devrait passer de 15 à 26 députés.
C’est une belle progression et très instructive en ce qui concerne le pCF !
Si les médias grecs sont reconnus comme parmi les pires en matière d’information et si même le très suspect Reporters sans frontières en fait la lanterne rouge de l’UE en matière de liberté de la presse dans son classement annuel, il est évident que notre propres médias ne nous présentent qu’une vision très tronquée des enjeux. Pourtant en sachant lire entre le lignes on a la description d’une situation qui concerne toute l’Europe et qui a quelque chose à voir avec l’UE, qui est à la fois l’instrument pour interdire à chaque nation de sortir de la logique des marchés financiers et à travers l’OTAN à la vassalisation aux USA.
Cette situation va donc se caractériser partout par deux faits essentiels :
1) La situation ne cesse de s’aggraver, chômage, inflation galopante, destruction et privatisation des services publics, creusement des inégalités toujours plus considérables, une immigration dont les oligarques locaux ont besoin parce qu’il s’agit d’une main d’œuvre taillable et corvéable à merci et dans le même temps encouragement à la violence d’extrême-droite contre ces migrants. (le quotidien New York Times a publié une vidéo attestant de telles pratiques illégales qu’Athènes nie avec véhémence).
2) Tout est fait pour s’assurer que la vie politique sera limitée à l’accès au pouvoir de “coalitions” qui prétendent représenter la gauche et la droite mais dont on a l’assurance qu’elles ne remettront pas en cause les fondamentaux de cette situation, le primat des marchés financiers, l’UE et même en cas de discours radical ne jamais sortir de cette logique.
Il n’y aurait aucun choix politique “utile” en dehors de cette alternative. Il est inutile je pense de montrer le nombre de pays européens et mêmes mondiaux qui sont la proie d’une telle situation qui peut déboucher sur des “révolutions de couleur”, des votes conservateurs face à des mouvements de contestation d’une jeunesse urbaine cosmopolite en rupture avec les préoccupations populaires, la force du parti socialiste, social démocrate, type podemos ou syriza, LFI va être encouragée pour réduire le parti communiste tandis que se développe une propagande de gauche, de droite, d’extrême-droite anticommuniste qui identifie communisme et nazisme. Le fin du fin c’est quand grâce à l’Eurocommunisme il se trouve un parti communiste pour appuyer une telle propagande et mener lui-même la campagne de liquidation. Ce qui a été le cas de bien des partis dits eurocommunistes. Surtout empêcher que l’alternative socialiste soit posée et au nom des droits de l’homme contribuer à toutes les campagnes de l’OTAN contre les dictateurs, en général ceux qui résistent au pillage et apporter son témoignage sur la dictature chinoise et sur le poulain de l’OTAN devenu un héros.
Mais la baisse du pouvoir d’achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations d’une population qui a consenti de douloureux sacrifices ces dix dernières années. De nombreux Grecs doivent se contenter de bas salaires et ont perdu confiance dans des services publics réduits à peau de chagrin après des cures d’amaigrissement drastiques. Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170 % de son PIB parce que les conditions d’usure sont telles que la dette ne peut pas être résorbée. Le travail épuisant dont la limite d’âge atteint 67 ans n’assure plus la survie. Ce sont les jeunes y compris diplômés qui en subissent le choc le plus violent. Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts dans la quasi totalité des jeunes a réveillé la colère de la Grèce et a déclenché des manifestations contre le gouvernement conservateur accusé de négligences en matière de sécurité sur le réseau ferré. On a vu s’impliquer la jeunesse massivement sur ses propres bases. Là encore la ressemblance avec la France est réelle. ND (Nouvelle Démocratie) est ainsi créditée de 32,7 % des intentions de vote, Syriza de 26 %, selon un sondage de la société Arco jeudi. En troisième position, le parti socialiste Pasok-Kinal pourrait récolter 8,3 % des suffrages. On parle d’une abstention record parce que toutes ces forces, ces coalitions ont fait la démonstration de leur politique identique et aucun vote ne peut changer la vie.
Tsipras promet du changement et la fin du “cauchemar” il a repris son masque d’extrême gauche, la NED se vante d’une reprise de 6% et de retour du tourisme, mais cette reprise n’a ruisselé que sur les plus riches, tout le monde lorgne du côté du Pasok ancien leader qui est totalement déconsidéré et qui ne participera à une coalition que s’il peut “plumer la volaille”.
Mais ce dont aucun média ne vous parle, comme s’ils n’existaient pas et en Grèce c’est pareil c’est du KKE le parti communiste grec. Il est confronté comme dans toute l’Europe et dans le monde à cette pseudo alternative qui représenterait la seule issue mais sa force et son influence en particulier dans la jeunesse sont bien différentes de ce qui existe en France. Les récentes élections universitaires ont montré pour la deuxième année consécutive que les jeunes adhéraient massivement au courant impulsé par le parti communiste, et on retrouve la même logique dans le syndicalisme avec la puissance du courant PAME, sa présence chez les agriculteurs, chez les retraités, la résistance au cœur même des forces vives du pays est celle des communistes comme dans la lutte contre le nazisme, cette tradition, transmission entre génération qui caractérise le parti communiste grec.
C’est peu de dire que le score dont est crédité le KKE (environ 6%) ne reflète pas son influence réelle et que son principal adversaire est l’abstention, celle liée au découragement mais aussi celle liée au fait que souvent il faut retourner voter dans le village d’origine, dans l’île et que les jeunes en particulier n’ont ni le temps, ni les moyens d’un tel voyage. Surtout si la propagande arrive à les convaincre (et c’est là comme partout le véritable enjeu pour que rien ne change) que ce vote-là est inutile puisque les communistes ont annoncé qu’ils ne participeraient à aucune coalition.
La politique explique-t-on au Grecs c’est sale, c’est du clientélisme dans lequel on achète les gens, mais à travers lesquels ils peuvent espérer un petit quelque chose qui rendra la vie plus facile, pour eux et pour leurs enfants. Les communistes sont trop purs avec eux il n’y a que des coups à prendre. Les communistes leur disent simplement de se souvenir de ce dont ils sont capables face au fascisme, à la guerre et il leur faut se donner de la force à eux le peuple parce que les temps sont revenus.
La grande force du Parti communiste grec à l’inverse d’autres partis communistes de l’eurocommunisme c’est qu’il n’a jamais varié et il est resté cette référence de classe et morale dans laquelle la Grèce se reconnait en tant que peuple et nation.
Bref ce soir j’attends avec impatience les résultats du KKE mais je sais l’autre atout du KKE. Parce qu’il est communiste il voit loin et se positionne en fonction de l’avenir. Déjà celui immédiat risque d’aller en matière électorale plus loin que les résultats de ce dimanche : en cas d’impossibilité de former un attelage gouvernemental, ce que nombre d’analystes prédisent, un nouveau scrutin devra être convoqué fin juin ou début juillet.
Donc la situation d’urgence, dans laquelle les militants communistes sont toujours là aux côtés de ceux qui souffrent risque de déborder le processus électoral. Un de leurs grands intellectuels, un chirurgien membre du Comité central a commencé un “marathon” allant en courant de ville grecque en ville grecque pour partout témoigner de la nécessité de l’union de tous pour commencer une résistance populaire … On songe bien sur à la victoire et à l’union des grecs face aux Perses mais aussi à la manière dont les communistes ont su unir partout les comités de résistance qui s’étaient créés pour survivre à la famine provoquée par l’invasion nazie et les collaborateurs bureaucrates du gouvernement de l’époque. La force du KKE est celle d’une mémoire qui aide à penser l’avenir, ce qu’ont totalement bradé d’autres communistes quitte à prétendre reproduire les “jours heureux” d’une résistance ignorée et trahie chaque jour.
Danielle Bleitrach