GAZA : les USA ... et Macron votent à l'ONU CONTRE le cessez-le-feu

Publié le par FSC

 L'Humanité du 17 octobre 2023

 

Le 17 octobre, à New York lors du vote, le projet de résolution proposé par la Russie a reçu cinq voix pour, quatre contre (dont la France) et six abstentions.

 

Les principales puissances du Conseil de sécurité de l’ONU ne sont toujours pas parvenues à se mettre d’accord sur une résolution de cessez-le-feu à Gaza. Face à la crise humanitaire, le risque d’extension régionale, le chercheur en géopolitique, spécialiste de la politique arabe de la Russie, enseignant à Paris-III Adlene Mohammedi pointe le discrédit des pays occidentaux qui laissent Israël agir en toute impunité.

Depuis plusieurs jours, des violences à la frontière entre Israël et le Liban font redouter une régionalisation du conflit. Lundi, Benyamin Netanyahou a averti l’Iran et le Hezbollah de ne pas « tester » la « détermination » de son gouvernement. À l’heure d’une probable incursion israélienne dans Gaza, comment analysez-vous la situation ?

Adlene Mohammedi


Il est vrai que la tentation de s’intéresser à l’échelle régionale est grande. Ces dernières années, on s’est attaché à comprendre les grandes dynamiques régionales le plus souvent indépendamment de la question palestinienne. Désormais, cette dernière influence directement la géopolitique proche-orientale, qui avait tendance à la contourner.


Mais il ne faut pas oublier que l’échelle palestinienne prime ici : on a beau chercher partout la main de l’Iran, les Palestiniens sont à la fois les principaux acteurs, avec le Hamas et ses alliés, et les principales victimes, avec les massacres subis à Gaza. Les facteurs sont aussi avant tout palestiniens : le siège, la colonisation, l’occupation et tout ce qu’elle charrie d’actions arbitraires.


Après ce rappel, il n’en demeure pas moins que la coordination avec le Hezbollah libanais et l’Iran ne fait aucun doute. Ce dernier, étant donné le contexte qui favorise la défiance plutôt que la modération, est assurément renforcée. Mais un embrasement général aurait un coût.


Au Liban, le Hezbollah n’est pas omnipotent, comme on a tendance à le croire. Le pays pâtit d’une superposition de crises : économique et financière, interrogations sur la présence des réfugiés syriens, vide institutionnel… Par ailleurs, certains partenaires politiques du Hezbollah soutiennent le principe de la « résistance » – c’est le cas du courant aouniste, par exemple – et l’idée d’une « unité des fronts » est loin de faire l’unanimité. C’est un élément à prendre en compte.



À l’heure où l’ONU évoque un possible nettoyage ethnique en cours à Gaza, Joe Biden a enfin évoqué le sort des Palestiniens, ce week-end. Est-ce un revirement après avoir, dans un premier temps, promis son soutien inconditionnel à Israël ?
 

Adlene Mohammedi

La position américaine est discréditée. D’abord, parce que Washington promeut – de Donald Trump à Joe Biden – des « normalisations » bilatérales qui font fi de la question palestinienne. D’ailleurs, les négociations saoudo-israéliennes ont été stoppées par l’attaque du Hamas et ses conséquences.


Ensuite, parce que l’extrémisme des dirigeants israéliens, dont le suprémacisme est revendiqué, n’a pas empêché les États-Unis d’accentuer leur biais pro-Israéliens. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël n’a pas été remise en cause, par exemple.


Enfin, parce que l’actualité – des exactions du Hamas à la martyrisation de la population gazaouie par Israël – permet à un occidentalisme débridé de s’exprimer. On assiste au récit, pétri de partis pris civilisationnels, d’un « Occident », incluant Israël, qui fait bloc contre des violences exogènes…


Condamner les crimes du Hamas à l’encontre de civils sans défense est la moindre des choses. Seulement, une bonne partie du reste du monde finit par se rendre compte qu’Israël peut mépriser le droit international et le droit humanitaire, comme aujourd’hui à Gaza, sans être inquiété. Ceux qui permettent cette impunité sont forcément discrédités.



Quelle analyse faites-vous du projet de résolution proposé par la Russie au Conseil de sécurité de l’ONU appelant à un cessez-le-feu humanitaire, en pleine invasion de l’Ukraine ?

Adlene Mohammedi


Comme la guerre en Ukraine, la question palestinienne vient renforcer l’idée d’une fracture entre un « Occident » solidaire d’Israël (le 7 octobre, bien sûr, mais aussi avant le 7 octobre, tout comme les jours qui ont suivi) et une partie du reste du monde qui n’associe le nord ni à la puissance ni au droit. Et on retrouve cela y compris dans des pays considérés comme des partenaires privilégiés des États-Unis et de leurs alliés européens au Moyen-Orient.


Au début de la guerre en Ukraine, l’Arabie saoudite – comme bien des pays habituellement proches de Washington – avait refusé de tourner le dos à la Russie. Cette fois, elle a refusé de condamner le Hamas et de poursuivre les négociations avec Israël sur une éventuelle normalisation.


Quant à la résolution proposée par la Russie, qui a voté pour ? La Chine, le Gabon, le Mozambique, la Russie et les Émirats arabes unis (indépendamment de leur normalisation avec Israël). Qui a voté contre ? La France, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis.


Pour ces derniers, l’absence de condamnation du Hamas est l’argument invoqué pour expliquer le rejet de la résolution. L’image donnée demeure celle-ci : quatre membres du G7 semblent moins pressés que le reste du monde d’en finir avec la catastrophe humanitaire à Gaza.
 


N’y a-t-il pas un risque de voir s’accentuer l’isolement des puissances occidentales ?

Adlene Mohammedi


Le risque pour cet « Occident » est double : en tant qu’ensemble, il s’isole du reste du monde, en effet, et ses composantes comme la France, en refusant de se singulariser et de proposer un chemin alternatif – conformément à la promesse gaulliste –, se retrouvent coincées dans un club qui n’apparaît ni comme le plus fort ni comme le plus juste.


Dans ces conditions, la Russie vient consolider son capital de sympathie à peu de frais au Proche-Orient. Passivement d’abord, à travers le constat universel d’un « deux poids, deux mesures » dans la comparaison entre les dossiers ukrainien et palestinien.


En matière de non-respect du droit international et du droit humanitaire, la Commission européenne semble moins préoccupée par l’opération militaire israélienne à Gaza que par l’invasion russe en Ukraine. Activement, ensuite, à travers le choix de l’équilibrisme et de l’appel au cessez-le-feu.
 

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L
Soutenir la vengeance du gouvernement d'extrême-droite israélien, des généraux du Tsahal et de leurs complices des médias ; alimenter la haine des Palestiniens et des Musulmans dans le Monde ; asseoir l'emprise des combattants terroristes du Hamas sur les Gazaouis ; conforter l'image de Poutine dans le Monde... voilà le résultat de la politique d'alignement systématique avec les USA du gouvernement de Macron et de ses complices !<br /> Voter CONTRE le cessez-le-feu immédiat en Palestine et en Israël est un scandale ! Des centaines de civils et d'enfants innocents continuent de mourir tous les jours !!<br /> Les représentants de notre pays à l'ONU ont voté au nom de tous les Français, sans rien nous demander ni nous informer. Et l'on s'étonnera que notre pays soit une cible des terroristes islamistes du Monde. La France n'est plus le pays des Droits de l'Homme !
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