Les amis de Jean LÉVY lui rendent hommage

Publié le par FSC

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J'ai eu le privilège de connaître Jean, non seulement en tant que père de mon ami Pierre, ainsi que le grand-père de Fabien ici avec son épouse Yaprak, mais en tant que modèle d'un individu ayant vécu une vie longue et fructueuse, touchant tant d'autres personnes.  Il n'y a pas beaucoup de personnes que l'on peut connaître qui ont vécu aussi longtemps et de manière aussi productive, jusqu'à la fin.

Jean se préoccupait de ceux qui l'entouraient et des événements qui se déroulaient dans le monde.  Une expression datant des années 80 a été créée pour résumer les convictions du philosophe Gilles Deleuze : "Être de gauche, c'est d'abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi.  Être de droite, c'est l'inverse".
Je crois que Jean Lévy était un exemple parfait de cette façon de vivre de la gauche, en consacrant du temps chaque jour non seulement à lire, mais à écrire, que ce soit des articles, des livres, ou plus récemment pour son blog Internet, et en se préoccupant du bien-être de sa famille.  Je pense que c'est cette même formule, celle de toujours essayer de contribuer au monde dans toutes ses dimensions, ainsi qu'à son environnement immédiat, qui lui a permis de vivre de manière si fructueuse et productive, si bien, et si longtemps.  Je n'ai connu qu'une poignée d'autres centenaires; aucun n'a approché Jean en termes d'autonomie, de productivité, d'ouverture, et de jeunesse d'esprit. 

Il a contribué à me donner confiance en ce qu'un homme pouvait être, et il a renouvelé ma foi en ce qu'était un bon citoyen français.  Je pense qu'il incarnait le meilleur des idées de la Renaissance et des idées intellectuelles françaises. Liberté, fraternité et égalité n'étaient pas seulement un concept ou une devise pour lui, mais son véritable mode de vie. 

Tout ce qu'il y a de bon en France, la résistance aux élites sur-privilégiées, la conscience sociale, l'amour de la famille, l'appréciation des amis, il le manifestait de manière concrète.   Jean était un homme sans prétention, l'incarnation même des idéaux de la France moderne, un pays qui a connu des hauts et des bas, mais auquel il a vécu près d'un siècle adhérant et contribuant tout au long, à ses plus belles idées.

Que nous puissions continuer dans la voie qu'il nous a démontrée. Je te remercie d'avoir été un exemple pour moi, Jean.

Cameron PARSA

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Mon cher Jean, tu as tiré ta révérence, en lutteur infatigable ! Oui, la mort n’oublie personne ! Ni les héros, ni les grands arbres que peuvent être les baobabs tutélaires au Sahel ! C’est la dialectique de la vie où renait toujours à la racine, des orchidées flamboyants !

Je viens à toi Jean, devant tes amis et proches pour témoigner de notre amitié et rétro-dire quelques souvenirs ! Les souvenirs de nos rencontres !

On se connait depuis 2009. Et depuis, on ne s’est pas quitté ! Je me rappelle de nos promenades à Gallardon, Chartres et Paris que tu aimes et connais bien !

Faucon rouge – Jeune militant progressiste, dès 1938, ton nid d’aigle est depuis niché à Vincennes ! C’est là que tu accueilles, les amis et Blogs Autour de «Canempêchepasnicolas»!

En ce sens, tu as toujours été un vrai passeur d’amitié et de camaraderie militante, franche, sérieuse et conviviale ! J’en garde encore des souvenirs de moments de fous-rires mémorables !

A la Polex, ou à Vincennes et ailleurs, ton amitié et ton engagement militant syndical ou politique n’ont jamais fait mentir les mots ! Tu as traversé le siècle sans jamais rester indifférent à ses soubresauts ! 

Passeur d’amitié et de franche camaraderie, tu m’as fait connaitre de nombreux amis : Michel, Gilles, Pierre, Jacques, Sarah, Guy…et bien d’autres ; présents ici ou non ! Avec attention et convivialité, je me rappellerai toujours de ton café soluble, invariablement servi, avec un assortiment de madeleines. Ces madeleines de Vincennes et non de Proust !

Nos discussions, nos échanges d’idées étaient menés, sans dogmatisme ! Et nous savons que depuis 1938, tu es resté fidèlement dédié aux luttes sociales contre le Nazisme, le colonialisme, le le stalinisme ahistorique ! En ce sens, je peux le dire, mon cher Jean, tu as été un Grand Puits où Intérieurement Tout de l’Histoire contemporaine fait Échos ! D’où ton refus de l’Indifférence devant ce monde éclaté par des politiques au service d’intérêts et de classes oligarchiques. D’où aussi ton refus de tout opportunisme, carriérisme et abdication ! Jean est resté fidèle à ses idées !

Je te revois encore courant aux manifestations ; mêmes les plus risquées pour ton âge ! Je te revois à "Nuit Debout", par un temps épouvantable!

Une seule ligne te tient ; celle de la lutte des classes, moteur de l’histoire ! C’est elle seule qui te guide ! Parce que seule, capable de donner une juste compréhension du devenir du monde ! Et la seule capable de renvoyer toutes les oligarchies dans la niche aux chiens !

Éveilleur de conscience, tu n’as jamais accepté d’être l’homme d’un enclos ! Esprit ouvert, lucide et critique, tu as toujours nourri le fol espoir, qu’un jour, nous montions sur des barricades victorieuses ! Et que la réécriture de l’histoire de France et du monde soit débarrassée de toutes prédations et de tout mépris social de classes arrogantes !

J’ai un seul regret ! N’avoir pas pu t’inviter chez moi en Afrique ! Militants sans préjugés, maintenant que tu es parti, tu resteras des Nôtres en souvenir, en amitié et en fraternité ! Lutteur infatigable, Hier encore, hospitalisé, tu projetais un article sur Gaza ! Ton corps a refusé de suivre ta tête ! Et tu as tiré ta révérence !

Mais Cher Jean, ton âme militante nous restera vivante ! Et par elle, nous te garderons toujours dans nos cœurs ! Tu as fait ta part ! Va ! Cher Jean et repose en paix !

PARE Harana

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Ça ne fait pas des lustres, une vingtaine d’années au plus que j’ai rencontré Jean. Rapidement s’est forgée entre nous une solide amitié jamais démentie. Certes nos fortes convergences idéologiques y ont contribué mais au-delà notre manière de voir les choses de la vie et une sensibilité sur bien des points identiques n'y est pas étrangère.

Je tenais à lui rendre hommage aujourd'hui et dans ce but j'ai rédigé une brève et bien sûr incomplète biographie. 

Jean était né le 5 mars 1924 à Paris, orphelin à 4 ans, élevé par sa tante, Germaine Lévy dans une famille de tradition socialiste il milite très jeune aux « Faucons rouges », mouvement de l’enfance ouvrière créé dans les années 30 par des militants socialistes.

Jean aurait aimé être instituteur, mais les lois vichystes lui barrèrent la route de l'école normale.

La période d’occupation le mènera à Limoges où il travaillera quelques temps dans une usine de porcelaine, puis à Clermont-Ferrand.

Très positivement influencé par son cousin germain de 10 ans son ainé, Henri Rapaport (Jacques Rives dans la clandestinité), résistant au sein du réseau « Libération Sud » et journaliste au « Populaire », il prendra, après-guerre, sa carte aux Jeunesses Socialistes. Il écrit de nombreux articles pour le périodique du mouvement « Le Drapeau rouge ».

A la Libération, en septembre 1944, alors jeune employé à la caisse des écoles à la Mairie du 5ème arrondissement de Paris il prend sa carte à la CGT.

En 1945, il adhère à la SFIO et soutient, lors du congrès de septembre 1946, la tendance de gauche composite animée par Guy Mollet qui met en minorité la direction sortante menée par Daniel Mayer et soutenue par Léon Blum.

En désaccord avec sa ligne politique, il quitte ce parti en 1947.

Entré à la banque « Crédit du Nord » il milite activement à la CGT et prend des responsabilités dans le syndicat en devenant délégué en 1949.

Il fut l'animateur principal, pendant des années, des combats et des succès revendicatifs de la CGT dans cet établissement bancaire, ce qui lui valut d'être sollicité pour d'importantes responsabilités au Secrétariat du Syndicat des employés de banque de la région parisienne, puis du Bureau de la fédération des employés à partir de 1954.

Il se rendra plusieurs fois au Portugal pour y représenter la CGT auprès de la CGT Portugaise, ceci, avant, pendant et après la Révolution des Œillets en avril 1974.

En 1956, il adhère au Parti Communiste Français.

Il participe à l’activité de sa cellule et collabore à plusieurs revues dont « Révolution » et les « Cahiers du Communisme ».

Il fut également, entre 1983 et 1985, secrétaire de l’Association d’amitié France-Pologne.

Au début des années 2000, en désaccord avec la « mutation » du PCF, il quitte ce parti. Il donne alors son adhésion au PRCF (Pôle de Renaissance Communiste en France) d'où il est exclu à 92 ans pour « indiscipline »(!) en 2016. Il participe, par ailleurs, à l’activité du Collectif Communiste Polex, de l’ANC et du « Comité Valmy » dont il est un des principaux animateurs.

Créé en 2007, son blog militant "Ça n'empêche pas Nicolas" était devenu très populaire sur la Toile. Il y a encore quelques semaines il publiait une chronique quotidienne reprise également sur le blog que j'anime.

Cet été encore il me disait parfois au téléphone : « je ne sais pas trop quel sujet je vais traiter dans ma chronique de demain ». Et puis après avoir lu la presse et écouté quelques radios, l'inspiration lui venait et sa page ne restait jamais blanche.

Il y a quelques jours encore, à la clinique, il avait débuté la rédaction d'un article sur la situation au Proche-Orient qui selon ses propres termes le mettait très en colère...

Jean Lévy était aussi l’auteur de plusieurs ouvrages notamment : « LE DOSSIER GEORGES ALBERTINI, « DE LA RÉPUBLIQUE À L'ÉTAT FRANÇAIS 1930-1940 avec son ami Simon PIETRI et « La CGT AU CRÉDIT DU NORD » .

Il en fit des dédicaces dans de nombreux congrès de fédérations de la CGT à travers la France tout comme au village du livre de la fête de l'Humanité.

Il s'était marié en novembre 1946 à la mairie du Vème arrondissement de Paris avec Jeanne Lebrun, décédée en 2011, institutrice et fille de René Lebrun qui fut maire socialiste du Mans entre décembre 1936 et décembre 1937 avec laquelle il a eu Pierre papa de Fabien.

Sa seule famille, comme il me disait, qu'il chérissait plus que tout, comme sa belle-fille Edith dont la disparition le laissa bouleversé.

Je me souviens de ces après-midis quasi-hebdomadaires avec lui à refaire le monde, là-haut dans son appartement de Vincennes autour d'un thé et de quelques gourmandises. 

Je me souviens de ces réunions « au sommet » comme nous disions avec humour, chaque mois avec nos amis Sarah, Gilles, Harana et parfois quelques autres où nos débats passionnés n'étaient interrompus que par une pause dans un petit restaurant où nous finissions par avoir nos habitudes.   

Je me soutiens aussi de ces manifestations parisiennes où tu étais, sans nul doute, le doyen du défilé.

Oui Jean, tu aurais pu vivre encore un peu mais le destin en a décidé autrement, celles et ceux qui t'ont connu se souviendront d'un homme d'une grande simplicité, cultivé et fraternel. Aujourd’hui, tu nous manques terriblement.

Adieu Jean.

Michel DUPUY

Blog CommunCommune

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