Bombardements sur Gaza: 201 tués durant les dernières vingt-quatre heures
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SOURCE : Agence france Presse 24 décembre 2023
Deux mois et demi après le début de la guerre, le Hamas a déclaré que les opérations militaires israéliennes dans l’enclave palestinienne ont fait, selon lui, 20 258 morts et plus de 53 000 blessés. Selon le ministère de la santé de Gaza, ce bilan comprend 201 personnes tuées durant les dernières vingt-quatre heures.
Le porte-parole du ministère, Ashraf Al-Qudra, a accusé l’armée israélienne d’avoir « commis plusieurs massacres atroces entraînant la mort de dizaines de personnes dans le camp et la ville de Jabaliya, et dans la zone de Tal Al-Zaatar », dont certains civils « exécutés » selon lui, lors d’une opération terrestre. Il a également affirmé que l’aviation et l’artillerie israéliennes ont visé plusieurs cibles du nord au sud du territoire, dont le camp de réfugiés de Nousseirat (centre) où une frappe a tué 18 personnes.
Sollicitée par l’Agence France-Presse (AFP), l’armée d’Israël n’a pas spécifiquement répondu aux accusations d’exécutions, mais a assuré que ses frappes « contre des cibles militaires sont conformes aux dispositions du droit international ». Des images de l’AFPTV montrent un corps sous les décombres dans les rues de Jabaliya ainsi que des destructions massives.
Le président américain Joe Biden a de nouveau appelé samedi 23 décembre le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, à protéger les civils dans la bande de Gaza. « Le président a souligné le besoin crucial de protéger la population civile, dont ceux qui contribuent aux opérations d’aide humanitaire, et l’importance de permettre aux civils de quitter en sécurité les zones où les combats continuent de se dérouler », déclare un communiqué de la Maison Blanche.
Plus tôt dans la journée, M. Biden avait dit aux journalistes de la Maison Blanche qu’il avait eu une « longue discussion » avec M. Nétanyahou, qu’il avait qualifiée de « conversation privée ». En réponse à une question, M. Biden a déclaré : « Je n’ai pas demandé de cessez-le-feu ». Selon le texte publié par Washington, les deux dirigeants ont discuté des « objectifs et du phasage » de la campagne militaire israélienne ainsi que de questions de sécurité.
L’armée israélienne a, de son côté, annoncé samedi 23 décembre avoir perdu cinq soldats au cours des deux derniers jours (quatre vendredi et un samedi). Cela porte à 144 le nombre de soldats israéliens tués depuis le début de l’offensive terrestre israélienne dans le territoire palestinien, le 27 octobre. Elle a également diffusé des images montrant ses soldats progressant dans les ruines et ouvrant le feu sur des cibles à Gaza-ville, affirmant que « des terroristes armés qui tentaient d’attaquer les soldats ont été éliminés et plusieurs immeubles utilisés comme sites militaires détruits ».
Après cinq jours de négociations laborieuses, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté vendredi 22 décembre un texte réclamant l’acheminement « immédiat et à grande échelle » de l’aide à Gaza, où la population civile vit dans des conditions terribles. La résolution, qui se garde d’appeler à un « cessez-le-feu », rejeté par Israël et son allié américain, demande de « créer les conditions d’une cessation durable des hostilités ».
Le patron des Nations unies Antonio Guterres a fustigé vendredi 22 décembre les « obstacles massifs » à la distribution d’aide créés par la manière dont Israël mène son « offensive » à Gaza. L’aide, dont l’entrée à Gaza est contrôlée par Israël, arrive au compte-gouttes depuis l’Égypte et depuis le poste-frontière israélien de Kerem Shalom, mais elle est très loin de répondre aux immenses besoins d’une population largement menacée par la famine, selon l’ONU.
Dans ce contexte, les médiateurs égyptien et qatari tentent de parvenir à un compromis sur une nouvelle trêve qui permettrait des aides plus importantes et des libérations d’otages et de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël. Fin novembre, une trêve d’une semaine avait permis la libération de 105 otages et de 240 prisonniers palestiniens ainsi que plus d’aides.
Mais les belligérants restent intransigeants. Le Hamas exige un arrêt des combats avant toute négociation sur les otages. Israël est ouvert à l’idée d’une trêve mais exclut tout cessez-le-feu avant « l’élimination » du mouvement islamiste, classé notamment comme organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.
Vendredi 22 décembre, le porte-parole de la branche militaire du Hamas, Abou Obeida, a par ailleurs déclaré dans un communiqué que son groupe avait « perdu le contact » avec ses combattants chargés de garder cinq otages israéliens, dont trois hommes âgés montrés dans une vidéo diffusée le 18 décembre. « Nous pensons que ces otages ont été tués lors d’une frappe sioniste », a-t-il déclaré sans autre précision. Aucune confirmation n’a pu être obtenue, pour le moment, auprès des autorités israéliennes.
Sous une pluie battante, des milliers de manifestants dont des parents d’otages se sont de nouveau rassemblés samedi 23 décembre à Tel-Aviv, Haïfa et Césarée, pour protester contre le premier ministre Benyamin Nétanyahou et réclamer qu’il négocie la libération des otages.
Dans la bande de Gaza, où des quartiers entiers ont été détruits et 1,9 million des quelque 2,4 millions d’habitants déplacés par les violences, « l’exigence la plus pressante est un cessez-le-feu immédiat », a redit samedi 23 décembre le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Il a rappelé que « la faim, la famine et la propagation de maladies » menacent largement le territoire de 362 km2, où des centaines de milliers de Palestiniens sont logés dans des camps de fortune, surtout à Rafah dans le Sud.
« Aucun endroit n’est sûr, il n’y a nulle part où aller », a de son côté déploré sur X Thomas White, le directeur de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans la bande de Gaza.
Après des attaques de drones répétées en mer Rouge revendiquées par les rebelles houthistes du Yémen, solidaires des Palestiniens, un drone a également frappé samedi 23 décembre un navire commercial dans l’océan Indien, ont fait savoir deux agences maritimes, l’une d’elles affirmant que le navire était lié à Israël.
Mis en cause par les Etats-Unis, l’Iran a rejeté toute implication. « Nous ne leur avons pas ordonné [de lancer ces attaques] et ne leur ordonnerons pas d’arrêter les attaques » non plus, a déclaré le ministre des affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian.