PARIS, enfants à la rue : Pas d'autre endroit où aller !

Publié le par FSC

 

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Depuis cinq mois, des familles, dont plusieurs femmes isolées et leurs enfants, trouvent refuge sous des tentes devant le BHV, au cœur de la capitale. Malgré la chute brutale des températures, beaucoup restent dans la rue, sommés de plier tentes et bagages dès l’ouverture des portes du grand magasin.

 

Dans un rapport publié en août dernier, l'Unicef annonçait un nombre record d’enfants dans la rue (plus de 2 000, soit une hausse de 20 % en un an).Samir Maouche pour l'Humanité

Il est des scènes auxquelles le regard ne peut se dérober, même quand le froid incite à accélérer le pas. Ce dimanche 7 janvier, la capitale comme le reste du pays sont en proie à des températures glaciales. Le BHV Marais, à deux pas de l’Hôtel de Ville, vient d’ouvrir ses portes aux clients, qui ont ressorti gants et écharpes.

Face aux vitrines du grand magasin ouvert sept jours sur sept, trois tentes grises fermées. Trois poussettes trônant à proximité suggèrent l’inconcevable : ces minces toiles de tissu abritent-elles vraiment des enfants en bas âge ?

« Nous dormons ici depuis deux mois. Nous appelons le 115 pour rien », affirme Nora (le prénom a été modifié à sa demande), mère tunisienne d’un petit garçon et d’une petite fille, âgés de 4 et 6 ans, qui passent une tête à travers l’ouverture de cet abri de fortune. Il n’est pas encore 11 heures et une dizaine de policiers s’avancent pour évacuer les lieux, à la demande de la direction du BHV, dont l’un des représentants s’impatiente à l’entrée du magasin.

La « face émergée de l’iceberg »

« C’est un classique. La police intervient souvent le matin pour demander de partir aux familles qui sont encore en train de dormir. Les magasins ouvrent, les clients arrivent, on enlève les tentes, sinon ça gâche un peu l’expérience », ironise Nikolaï Posner, coordinateur de l’association Utopia 56 qui, chaque soir, organise des points de rendez-vous sur le parvis de l’Hôtel de Ville pour leur chercher des solutions d’hébergement.

Dans la nuit du 7 au 8 janvier, 60 personnes s’y étaient présentées, dont 25 enfants. « On a pu en héberger 34. Ainsi, 26 personnes sont restées sans solution. La situation est catastrophique, comme chaque hiver », résume le responsable associatif. Pour lui, ces chiffres ne sont que la « face émergée de l’iceberg », « quand elles trouvent un petit espace abrité du froid, les personnes y restent et ne viennent plus forcément à la permanence ».

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