Pourquoi « combattre l’extrême droite « n’est vraiment pas une priorité dans le monde de 2024 !

Publié par FSC

Voilà qui va sans doute heurter la bien pensance morale à gauche mais qui interroge pour aller vite  sur l'efficacité de la posture " anti-fa".
A mettre en relation avec ce quise passe en Allemagne avec l'émergence prometteuse du nouveau parti issu de la scission de die Linke :  le Bündnis Sahra Wagenknecht – Vernunft und Gerechtigkeit (Alliance Sahra Wagenknecht – Raison et Justice), ou BSW en abrégé.

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SOURCE :

28 Janvier 2024 

Mais un jeu à la mode on dirait bien ...

Mais un jeu à la mode on dirait bien ...

 

D’abord qu’est-ce qu’on entend par ce grand mot de « combattre », y a-t-il des SA dans les rues qui font régner la terreur comme à Berlin en 1930, des chemises noires comme en Italie en 1920 ? A part en Ukraine, dans le camp du régime de Kiev, on n’a pas vu ça en Europe depuis bien longtemps.

Dans la réalité quand on s’exprime ainsi on profère une métaphore grandiloquente pour dire sa désapprobation du mal et qu’on va mette en quarantaine tous ceux qui ne font pas immédiatement la même chose quand on leur demande. Mais même ce combat verbal restera symbolique et se tiendra dans l’entre-soi confortable où tout le mode est d’accord et on se gardera bien d’arpenter les cités ou les banlieues pavillonnaires pour tenter de convaincre les masses. On sait trop bien comment on serait reçu. Non par des coups de gourdin et l’huile de ricin, mais avec commisération et des haussements d’épaule.

Il existe de graves menaces contre les libertés publiques, mais elles ne proviennent pas de ce coté là. Elles proviennent du coté des partisans de l'UE et de l'OTAN.

Et puis il y a trois raisons pour lesquelles un tel « combat » est non seulement inutile mais carrément à contreproductif.

  1. Utiliser ses fenêtres dans les médias pour attaquer l’extrême-droite - qui n’est pas au pouvoir en France pour le moment - signifie implicitement que Macron, les libéraux, les oligarques qui gouvernent à travers eux, sont un moindre mal, et tous les efforts politiques exercés dans ce sens aboutiront à les consolider. Comme l’extrême-droite est présentée comme une opposition à cet ordre politique répugnant, la plupart des gens en concluront qu'en l'attaquant, en fait, on défend le pouvoir en place. Combattre l’extrême-droite ça se résumera à pousser un grand cri votez Macron !  au deuxième tour (et pour ceux qui ont réussi à se faire peur à eux même, dès le premier).
     
  2.  Dans les classes populaires, un grand nombre voire la majorité partage une partie des idées qui sont présentes dans les discours de l'extrême droite, et qui pour discutables qu'elles soient ne sont pas des idées racistes ou suprématistes en elles-mêmes : rejet de l’assistanat, de la délinquance, de l’immigration, ainsi que de la culture et des mœurs post-modernes, et si on veut se faire l'interprète de ces classes et défendre leur intérêt matériel – ce qui serait quand même un minimum ! - il vaudrait mieux ne pas les contrarier systématiquement quand ce n’est pas carrément les insulter en voulant leur faire honte pour leurs opinions, d'ailleurs sans jamais vouloir les discuter. Des opinions qui sont systématiquement interprétées de manière paranoïaquesuivant une logique qui est justement dénoncée quand elle conduit à amalgamer antisionisme et antisémitisme. Par exemple, si on veut rendre effective l’expulsion des déboutés du droit d’asile, on sera assimilé aux collabos qui chargeaient les wagons à Drancy de déportés dirigés vers Auschwitz.
     
  3. L’extrême-droite de maintenant n’est pas celle de 1930 (et la gauche non plus d’ailleurs) il s’agit essentiellement d’un épouvantail électoral, et les fascistes dignes de ce nom, les seuls vénérablement nocifs, extrémistes, dangereux, sont allés combattre les Russes en Ukraine en recevant les applaudissements des bien-pensants. Ni Trump, ni Melloni n'ont rien changé fondamentalement, ni aucun des partis parvenus au pouvoir après avoir été stigmatisés comme le retour de la peste brune n’a mené de politique sensiblement différente de celle de cet « establishment » et de ces élites qu’ils prétendaient combattre quand ils étaient dans l’opposition. C’est un tigre de papier, un fantasme qui se développe en roue libre entre militants qui ont perdu le contact avec la réalité, dans le monde parallèle des réseaux sociaux.

Combattre l’extrême droite aujourd'hui c’est une manière simple de montrer qu’on ne combat pas le capitalisme, mais à sa place un fantôme destiné à effrayer les petits-enfants. Et la classe ouvrière le voit bien.

GQ, 27 janvier 2024

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