MANOUCHIAN au Panthéon

Publié le par FSC

Heureux de l'hommage enfin national rendu à Missak et à ses camarades nous n'oublierons pas que les 23 de l'Affiche rouge étaient avant tout des communistes, des internationalistes, des anti-fascistes levés avant l'aube quand la droite, l'extrême-droite et la social-démocratie faisaient passer leur anti-communisme devant la nécessité de se rassembler conre le fascisme montant.

Eh qu'ils ont dû AVANT l'occupation nazie faire face à une féroce  répression de ceux qui ont pratiqué la non-intervention à l'égard de l'agression franquiste contre la République espagnole, le refus de l'alliance avec l'URSS pour contrer Hitler, Mussolini ..., la soumission au projet d'expansion hitlérien à l'Est (conquête de l'espace vital tel qu'exprimé dans " Mein Kampf ") avec la signature des accords de Munich en 1938 par Daladier et Chamberlain.

 

Eh à l'heure de l'hommage macronien nous pourrons imaginer comme l'imagine Mourad Laffitte :

" ce 21 février 2024, jour de la commémoration, remontant la rue Soufflot un cortège d’hypocrites et de fourbes, ceux-là mêmes qui piétinent au quotidien les valeurs de la résistance, son esprit et son programme. "

 

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SOURCE : L'Humanité

 

Manouchian au Panthéon : voici comment se déroulera la cérémonie

 

Le 21 février, Missak Manouchian entrera, avec sa femme Mélinée, au Panthéon. L’Élysée a prévu une cérémonie d'une heure trente le jour J, ainsi qu'une veillée funéraire symbolique au Mont-Valérien la veille.

PCF et CGT vont organiser un hommage populaire.

Missak Manouchian, Résistant, communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février.© AFP/Archives

Un communiste, poète et ouvrier entrera au Panthéon pour l’éternité, le 21 février. Emmanuel Macron avait annoncé, le 18 juin dernier, qu’il avait choisi le résistant arménien et chef militaire des FTP-MOI Missak Manouchian pour demeurer au sein du temple de la République, 80 années après son exécution à 37 ans par les nazis au Mont-Valérien, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Pour ne pas séparer le couple, il y entrera accompagné de Mélinée, sa femme également résistante, à qui il écrivait dans sa dernière lettre : « Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement. » Voici ce temps venu.

Aujourd’hui enterré au cimetière parisien d’Ivry, le cercueil de Missak Manouchian remontera, à la nuit tombante, la rue Soufflot, couvert d’un drapeau français et porté par un régiment « lié à Manouchian », fait savoir l’Élysée, qui organise l’évènement. Il sera alors 18h30 et un parcours de lumière, aux tonalités bleu, blanc et rouge, pavera le chemin du résistant pour scander les trois grandes périodes de sa vie : le génocide arménien, l’arrivée en France et la Résistance. Au pied du Panthéon, sur lequel est prévu un spectacle son et lumières – un « mapping » dans le jargon – de plus de sept minutes, la garde républicaine prendra le relais pour monter les quelques marches jusque sous la coupole.

Reprise d’Aragon par Feu! Chatterton

Lorsque les portes du monument s’ouvriront, la musique du compositeur français Pascal Dusapin retentira. A l’intérieur de l’édifice républicain, juste devant l’autel de la Convention nationale, le chef de l’État prononcera l’oraison funèbre de Missak Manouchian, devant le cercueil, placé au centre, ainsi que 1 200 invités. Plus de 150 journalistes et 600 scolaires qui ont travaillé sur la figure du résistant communiste sont attendus. Tout comme de nombreuses personnalités, notamment issues de la communauté arménienne en France, comme Robert Guédiguian, réalisateur de L’Armée du crime qui ne devrait pas tarder à recevoir un carton d’invitation. Le premier ministre de l’Arménie Nikol Pachinian sera également présent, sur invitation du président de la République.

Si le déroulé de la cérémonie – qui sera diffusée en direct à la télévision – n’est pas encore totalement fixé, il est acté qu’Arthur Tréboul, leader du groupe Feu! Chatterton, va reprendre « Strophes pour se souvenir », fameux poème d’Aragon si joliment chanté par Léo Ferré dans « L’affiche rouge ». Une « réinterprétation moderne et extrêmement forte », promet un conseiller élyséen. Il fut un temps envisagé de faire lire la dernière lettre de Missak à Mélinée par le comédien Simon Abkarian, qui avait interprété Manouchian dans le film de Robert Guédiguian sorti en 2009, mais il semble que l’idée n’ait, in fine, pas été retenue par Emmanuel Macron.

A l’issue de la cérémonie, vers 20 heures, les restes du couple Manouchian rejoindront le caveau numéro XIII de la crypte du Panthéon, où le tombeau de l’écrivain Maurice Genevoix et le cénotaphe de l’actrice et résistante franco-américaine Joséphine Baker se trouvent déjà. A l’entrée, une plaque sera installée en l’honneur de leurs 22 autres camarades FTP-MOI ainsi que de leur chef Joseph Epstein. Il s’agit de l’entrée symbolique de l’ensemble du groupe Manouchian dans le sanctuaire de la République. « Cela vaut panthéonisation », explique l’Élysée. Trois vers d’Aragon et un morceau de la dernière missive de Missak y seront également gravés.

Manouchian, la France reconnaissante

Un hors-série exceptionnel de l’Humanité

L’engagement de Manouchian dans la Résistance et son martyr, symbolisé par l’Affiche Rouge, rappelle le rôle majeur qu’ont joué les immigrés dans l’histoire de France. Avec la participation d’écrivains, d’auteurs, d’historiens, d’universitaires et de journalistes, l’Humanité publie un hors-série exceptionnel : en 100 pages richement illustrées, vous y retrouverez le parcours et la trace de cet ouvrier et poète arménien, militant communiste et membre des FTP-MOI, fusillé par les nazis avec 22 de ses camarades, au Mont-Valérien, le 21 février 1944.

La veille, dans la nuit du 20 au 21 février, le cercueil de Missak Manouchian passera sa dernière nuit hors du Panthéon dans la crypte du mémorial de la France combattante, au Mont-Valérien, où il reviendra donc « victorieux », huit décennies après sa mort. Il s’agit d’une demande de Jean-Baptiste Romain, directeur des Hauts lieux de la mémoire d’Île-de-France, pour « réunir les différentes mémoires » de la Résistance dans ce lieu où reposent seize combattants de la Seconde guerre mondiale mais aucun fusillé du Mont-Valérien.

Avant de rejoindre la crypte, les restes de l’illustre FTP-MOI accomplira le même parcours que le jour de son exécution : « Il entrera par le haut, passera devant la chapelle où il se serait confessé avant de descendre dans la clairière », retrace l’Élysée. Une veillée funéraire par différentes personnalités, dont l’identité n’a pas filtrée, est prévue pendant au moins deux heures.

Un hommage populaire est également prévu, organisé le 21 février dans l’après-midi par le PCF et la CGT dans les rues de Paris. Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, prendront la parole pour accompagner symboliquement Missak Manouchian au Panthéon.

 

L'affiche rouge
Poète : Louis Aragon (1897-1982)
Recueil : Le Roman inachevé (1956).

Le fameux poème de Louis Aragon

qui donc bien avant les hommages officiels rendra justice à Manouchian et à ses camarades


Vous n'avez réclamé ni gloire ni les larmes
Ni l'orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n'éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L'affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l'heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
À la fin février pour vos derniers moments
Et c'est alors que l'un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d'hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d'avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s'abattant

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Mourad Laffitte

qui dans ses films a porté à plusieurs reprises cette question de la résistance et du rôle des immigrés durant cette période.

« On ne peut que se réjouir de l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. A travers cette panthéonisation, c’est la résistance communiste, Francs-tireurs et partisans - main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) unités de la Résistance communiste fondées en avril 1942 pour conduire la guérilla urbaine – J’ai une pensée pour Julien Lauprêtre, dernier résistant à l’avoir rencontré, à Arsène Tchakarian, du groupe Manouchian, à Léon Landini qui œuvre depuis plus de soixante-dix ans pour la reconnaissance de ses camarades. A celles et ceux qui ont permis cette entrée au Panthéon.

Raymond Aubrac m’avait dit un jour : « peut-il y avoir un esprit de résistance sans projet politique ? ». Nous y sommes ! J’imagine, moi, modeste réalisateur qui a travaillé vingt-cinq ans sur cette question, qui a eu la chance de rencontrer la majorité des survivants, ce 21 février 2024, jour de la commémoration, remontant la rue Soufflot un cortège d’hypocrites et de fourbes, ceux-là mêmes qui piétinent au quotidien les valeurs de la résistance, son esprit et son programme.

On va honorer à bon escient un poète résistant qui a fui le génocide arménien et qui contribuera à la libération au prix de sacrifices et dans le même temps, durcir le droit d’asile, [renforcer] la stigmatisation de l’Etranger.

Missak Manouchian fut l’une des premières victimes des lois Daladier (lois qui en 1938 facilitent les expulsions et ouvrent des “camps de concentration” selon le terme de l’époque, pour les étrangers “indésirables” que l’on ne peut renvoyer dans leur pays)
On va honorer un résistant étranger dans un pays où l’extrême-droite a pignon sur rue, se livrant à toutes sortes d’exactions. Dans un pays qui compte 88 députés fascistes. N’oublions jamais que Missak Manouchian que nous allons honorer était en tête de cortège de la manifestation du 9 février 1934 en réaction à la manifestation antiparlementaire du 6 février 1934, conduite par les ligues d’extrême-droite. »

 

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La dernière lettre de Missak (Michel) Manouchian à sa femme Avant d’être fusillé le 21 février 1944, Missak Manouchian écrit à son épouse Mélinée, une lettre d’adieu, bouleversante d’amour, qui témoigne également de son esprit visionnaire sur l’issue de la guerre et de la paix retrouvée entre les peuples.  

 

La dernière lettre de Missak (Michel) Manouchian à sa femme

Avant d’être fusillé le 21 février 1944, Missak Manouchian écrit à son épouse Mélinée, une lettre d’adieu, bouleversante d’amour, qui témoigne également de son esprit visionnaire sur l’issue de la guerre et de la paix retrouvée entre les peuples.

Ma Chère Mélinée,

 Ma petite orpheline bien-aimée,

Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures.

Cela m’arrive comme un accident dans ma vie, je n’y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais.

Que puis-je t’écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps. Je m’étais engagé dans l’Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but.

Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain. Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.

Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu’il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la guerre qui ne durera plus longtemps. Bonheur à tous…

J’ai un regret profond de ne t’avoir pas rendue heureuse, j’aurais bien voulu avoir un enfant de toi, comme tu le voulais toujours. Je te prie donc de te marier après la guerre, sans faute, et d’avoir un enfant pour mon bonheur, et pour accomplir ma dernière volonté, marie-toi avec quelqu’un qui puisse te rendre heureuse.

Tous mes biens et toutes mes affaires je les lègue à toi à ta sœur et à mes neveux. Après la guerre tu pourras faire valoir ton droit de pension de guerre en tant que ma femme, car je meurs en soldat régulier de l’armée française de la libération. Avec l’aide des amis qui voudront bien m’honorer, tu feras éditer mes poèmes et mes écrits qui valent d’être lus.

Tu apporteras mes souvenirs si possible à mes parents en Arménie. Je mourrai avec mes 23 camarades tout à l’heure avec le courage et la sérénité d’un homme qui a la conscience bien tranquille, car personnellement, je n’ai fait de mal à personne et si je l’ai fait, je l’ai fait sans haine.

Aujourd’hui, il y a du soleil. C’est en regardant le soleil et la belle nature que j’ai tant aimée que je dirai adieu à la vie et à vous tous, ma bien chère femme et mes bien chers amis.

Je pardonne à tous ceux qui m’ont fait du mal ou qui ont voulu me faire du mal sauf à celui qui nous a trahis pour racheter sa peau et ceux qui nous ont vendus.

Je t’embrasse bien fort ainsi que ta sœur et tous les amis qui me connaissent de loin ou de près, je vous serre tous sur mon cœur. Adieu.

Ton ami, ton camarade, ton mari.

Missak (Michel) Manouchian 

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Un peu d'HISTOIRE

 

Missak Manouchian, premier résistant étranger à entrer au Panthéon

Missak Manouchian est le premier résistant étranger à entrer au Panthéon où sont enterrés, depuis la Révolution, les grands hommes à qui la patrie souhaite rendre hommage. Son entrée dans le temple de la Nation a lieu le 21 février 2024, quatre-vingts ans après son exécution au Mont-Valérien (Hauts-de-Seine).

Rescapé du génocide des Arméniens ayant trouvé refuge en France, militant communiste ayant rejoint les rangs de la Résistance armée contre l’occupant allemand, apatride mort pour la France, Missak Manouchian est un symbole de courage et d’engagement pour un pays, la France, qui l’avait accueilli.

À travers lui, il s’agit aussi de rendre hommage aux 22 autres membres des Francs-tireurs et partisans - Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) fusillés à ses côtés, ainsi qu'à l’ensemble des étrangers qui ont combattu au sein de la Résistance en France.

La guerre et les débuts de l’Occupation ouvrent ainsi une période difficile pour Missak Manouchian : il doit interrompre temporairement ses activités militantes du fait de la surveillance dont il fait l’objet. S’il les reprend ensuite, c’est, cette fois-ci, dans la clandestinité, à partir de la fin 1941 et au cours de l’année 1942.

La drôle de guerre et les

débuts de l’Occupation

 

Le 1er septembre 1939, la Wehrmacht envahit la Pologne. À l’annonce de l’agression allemande, le gouvernement français décrète la mobilisation générale et instaure l’état de siège. Deux jours plus tard, la France déclare la guerre à l’Allemagne.

Des arrestations préventives sont immédiatement opérées à l’égard de personnes considérées comme représentant un danger pour la défense nationale. S’appuyant sur la loi du 12 novembre 1938 permettant de prononcer l’internement des étrangers suspects, la police française vise en priorité les ressortissants des puissances ennemies, mais aussi les étrangers militants ou sympathisants communistes. Le pacte germano-soviétique signé en août 1939 impose en effet aux communistes d’adopter un discours pacifiste et de s’opposer à une guerre présentée comme « impérialiste ».

Cette conduite amène le gouvernement français à considérer les communistes comme des « ennemis de l’intérieur ». Des perquisitions et des arrestations sont décidées par le gouvernement Daladier et opérées dès les premiers jours de septembre au sein d’organisations liées au parti et susceptibles de relayer la propagande soviétique en France. Dès le 2 septembre, des policiers investissent le siège de l’Union populaire franco-arménienne qui avait succédé en 1937 à la section française du Comité de secours pour l’Arménie (HOC). Parce qu’elle soutenait la cause d’une Arménie devenue, en 1921, une République soviétique, cette organisation entretenait des liens importants avec l’Internationale communiste. Ses deux principaux dirigeants, le docteur Haïc Kaldjian et Missak Manouchian, tous deux apatrides et communistes, sont arrêtés et emprisonnés.

Le pacte germano-soviétique

[Le texte présent " oublie" les accords antérieurs de Munich et les mains libres à l'Est laissées à Hitler par ceux qui précisément refusent toute véritable alliance avec l'URSS]

Alors que les négociations militaires entre la France, l’Angleterre et l’URSS pour lutter contre l’Allemagne nazie traînent, Staline surprend le monde en s’alliant avec Hitler. Le 23 août 1939, à Moscou, les ministres des Affaires étrangères des deux pays, Molotov et von Ribbentrop signent un traité de non-agression entre le Reich et l'URSS, qui laisse les mains libres à Hitler pour envahir la Pologne.

Mobilisé dans l'armée

française

Manouchian accepte d'être mobilisé en octobre 1939 dans l’armée française, en vertu du traité de Genève de 1928 qui prévoit l’incorporation des apatrides dans l’armée du pays d’accueil, disposition inscrite dans le droit français par un décret d’avril 1939. Afin d’obtenir sa libération pour rejoindre l'armée, il a très certainement dû s’engager à avoir rompu tout lien avec le PC, interdit depuis sa dissolution le 26 septembre 1939.

Missak est affecté dans le Morbihan, à la base militaire de Colpo. Adepte de la gymnastique, il est chargé de l’entraînement physique des recrues. Il porte donc l’uniforme français et se montre prêt à défendre le pays qui l’a accueilli après avoir fui l’Arménie. Chez lui, l'internationalisme communiste n'empêche pas un attachement profond à sa patrie d'adoption dont il n'a pourtant pas la nationalité. Il dépose d’ailleurs, au début de 1940, une nouvelle demande de naturalisation pour obtenir la citoyenneté française. Bien qu’ayant reçu l’aval du préfet et de son chef de régiment, cette seconde demande est à nouveau refusée.

Le 10 mai 1940, le déclenchement de l’offensive allemande sur le front ouest met fin à la période dite de la « drôle de guerre ». À cette date, Missak semble avoir été « affecté spécial » comme travailleur, alors que l’on manque de main-d’œuvre dans les usines dédiées à l'effort de guerre. Il échappe ainsi à la captivité alors que près de 2 millions de soldats de l’armée française sont fait prisonniers en mai-juin 1940.

Le régime de Vichy, le nouveau pouvoir qui se met en place en France au lendemain de la défaite, adopte très vite des mesures xénophobes dans le cadre de sa politique dite de « Révolution nationale ».

 

Il cherche à contrôler les étrangers, qui sont enrôlés dans des commandos de travail. Après avoir été démobilisé, Manouchian est intégré dans l’un de ces groupes de travailleurs étrangers, affecté à l’usine de fabrication de moteurs pour l’aviation Gnome et Rhône d’Arnage, dans la Sarthe.

De l’illégalité à la clandestinité

Au début de l’année 1941, pour retrouver sa fiancée, Mélinée, et renouer avec sa vie d’avant-guerre, Missak Manouchian quitte l’usine où il était assigné pour rejoindre clandestinement Paris. Parce qu’il veut se soustraire au contrôle que le régime de Vichy souhaite imposer aux travailleurs étrangers, il se trouve désormais dans l’illégalité. Mélinée trouve un travail de comptabilité auprès d’amis, rue du Faubourg-Poissonnière. Son salaire permet ainsi au couple de survivre.   

Après le déclenchement, le 22 juin 1941, de l’invasion de l’URSS par les armées du Reich (opération Barbarossa), qui met fin au pacte germano-soviétique, les Allemands se livrent, fin juin 1941, en région parisienne, à de nombreuses arrestations préventives dans les milieux communistes.

 

Manouchian est arrêté et incarcéré au camp de Royallieu, à Compiègne. Interrogé sur ses activités, il déclare avoir rompu avec le parti communiste, ce qui lui permet d’être libéré au bout de quelques semaines. À cette période, même s’il a pu rester en contact avec d’anciens camarades, notamment les jeunes rédacteurs du journal Zangou, il semble bien que Manouchian n’ait pas repris d’activités militantes régulières et n’occupe aucun rôle au sein de l’appareil clandestin.

C’est en réalité vers la fin de l’année 1941 qu’il renoue véritablement avec le parti et s’engage dans la clandestinité. Il ne participe pas tout de suite à la lutte armée (incluant sabotages et attentats contre les forces d’occupation) développée par les communistes depuis l’été 1941. Mais il assiste à des réunions secrètes, organisées à l’intention des militants et se livre à des actions politiques et de propagande.

Responsable de la section

arménienne de la MOI

Contraint dès 1939 à la clandestinité, le parti communiste cherche à recréer l’ensemble des organisations qui lui étaient liées avant la guerre. La MOI (Main-d’œuvre immigrée) en fait partie. Sa reconstitution permet à la fois de souder ses membres, de développer des liens de solidarité et d’entraide importants entre des étrangers qui se trouvent souvent dans des situations très difficiles dans le contexte de l'Occupation et d’entreprendre des actions de propagande (diffusions de tracts et de journaux). 

Du fait des anciennes fonctions qu’il a exercées au sein de la section française du Comité de secours à l’Arménie avant la guerre, Manouchian garde une influence importante au sein de la communauté arménienne. Au cours de l’année 1942, à une date incertaine, la direction du parti communiste clandestin décide de le nommer responsable politique de la section arménienne de la MOI. Sous le pseudonyme de « Georges », il s’efforce de faire revenir dans le giron de l’organisation les militants arméniens qui ont pu la quitter depuis 1939 et cherche également à recruter de nouveaux membres. Il organise des réunions clandestines pour mettre sur pied les opérations en faveur de la propagande du parti (réalisation et diffusion de tracts, distribution de la presse clandestine communiste)

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P
Gloire éternelle à eux et honte à ceux qui osent dire que cet hommage national constitue une trahison envers Manouchian et ses camarades communistes immigrés
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