Gaza : un nouveau carnage autour d’un point de distribution alimentaire

Publié le par FSC

Hayet Kechit
L'Humanité du 15 mars 2024

Des Gazaouis - enfants, femmes et hommes - attendent dans l’espoir d’obtenir à manger dans la ville de Rafah, au sud de la bande de Gaza, le 14 mars 2024. ©️Khaled Omar/Xinhua

 

Des civils réunis autour d’un point de distribution alimentaire dans le nord de la bande de Gaza auraient été de nouveau la cible de tirs israéliens, dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mars. Plus de vingt personnes seraient mortes et une centaine d’autres blessées, selon le ministère local de la Santé. Des accusations démenties par Israël. Un collaborateur de l’AFP affirme avoir vu de nombreuses ambulances transportant des dépouilles et des blessés durant la nuit.


Un nouveau bain de sang autour d’un camion de distribution alimentaire dans la bande de Gaza ? C’est ce qu’affirment des responsables locaux et le ministère local de la Santé. Les faits se seraient produits dans la nuit du jeudi 14 au vendredi 15 mars, dans le nord de l’enclave, où l’acheminement de l’aide humanitaire est encore plus famélique que sur le reste du territoire.


Une foule affamée réunie au rond-point « Koweït » pour attendre l’arrivée de rares camions chargés de vivres aurait été la cible de « tirs israéliens », causant la mort d’au moins vingt civils et blessant 155 autres. Ils auraient ensuite été transportés à l’hôpital Al-Chifa. Des accusations qu’Israël a démenties, tout en précisant « analyser l’incident avec sérieux », sans détailler à ce stade sa version des faits. L’Agence France-Presse affirme cependant qu’un de ses collaborateurs présent sur place a vu de nombreuses ambulances transportant des dépouilles et des blessés pendant la nuit.

2,2 millions d’habitants menacés de famine


« Il y a eu des tirs directs des forces d’occupation sur des gens rassemblés au rond-point Koweït pour attendre l’arrivée de camions avec de la nourriture », a par ailleurs indiqué à l’AFP le docteur Mohammed Ghurab, directeur des services d’urgence de cet hôpital.


Le 29 février, le carnage provoqué dans la ville de Gaza par des tirs de soldats israéliens sur une foule de Palestiniens affamés, attroupés autour d’un camion d’aide alimentaire, tuant une centaine de civils et blessant près de 1 000 autres, avait suscité un émoi international qui avait confronté Israël à sa stratégie de chaos organisé au sein de l’enclave palestinienne. En entravant l’acheminement d’une aide devenue vitale, en étranglant Gaza par un blocus terrestre et maritime sans merci, elle l’a inexorablement poussée vers une famine fabriquée de toutes pièces.


L’ONU estime que 2,2 millions de personnes, soit l’immense majorité de la population de Gaza, sont menacées de famine, en particulier dans le Nord, où les destructions, les combats et les pillages rendent presque impossible l’acheminement de l’aide humanitaire, alors qu’encore près de 300 000 personnes tentent de survivre.


Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), un peu plus de 2 300 camions d’aide sont entrés dans la bande de Gaza au mois de février, une baisse d’environ 50 % par rapport à janvier, et une moyenne quotidienne de quelque 82 camions par jour. D’après l’ONU, environ 500 camions entraient en moyenne quotidiennement dans la bande de Gaza avant le début de la guerre, le 7 octobre, alors que les besoins de la population locale étaient alors moindres.
Les principales victimes de cette politique sont les enfants, dont plusieurs dizaines sont déjà mortes de malnutrition et de déshydratation, selon un rapport de l’Unicef, publié le 3 mars.

 

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