S'informer à la source ... en contournant la censure occidentale et médiatique

Publié le par FSC

C'est pourquoi en contournant la russophobie actuelle et l'entreprise de préparation à la guerre, en contournant la diabolisation de la Russie et de Poutine.

D'autant que la vision mondiale qui dans le texte ci-après se manifeste nous change radicalement des ragots, des petitesses et des contre-vérités propagandistes de " nos " médias type LCI ou des chaines de Bolloré .

Avec des précisions et des révélations sur l'enchaînement qui a conduit à la guerre.

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REPRIS d'

Allocution de Vladimir Poutine, Président de la Fédération de Russie, lors d’une réunion avec la direction du Ministère russe des Affaires étrangères, Moscou, 14 juin 2024
 

 

Vous ignorerez sans doute toujours la teneur de ce discours puisque le fait est là, incontournable, ce qui est en train, quoiqu’il arrive, de l’emporter en France comme dans la très vieille Europe c’est le parti de la guerre et cela ne date pas d’aujourd’hui, ni des élections européennes, ni de la dissolution. Il existe un peuple malheureux, inquiet qui attend un véritable changement et qui sait qu’il ne l’obtiendra pas mais qui tente de prendre ses marques.

S’il faut faire ce qui doit être fait mais personne ne doit se faire d’illusions sur ce que peut un vote et un système “démocratique” en bout de course ? Qu’il s’agisse de la Russie ou de la malheureuse France nous sommes dans un processus et ceux qui le mèneront à bien ne sont sans doute encore nulle part sur le devant de la scène. Pourtant ce processus est engagé et il est irréversible comme le constate Poutine dans ce discours.

note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete

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Vladimir Poutine:

Chers collègues, bonjour!

Je suis heureux de vous accueillir et au début de notre rencontre, de notre discussion, je souhaite vous remercier pour votre travail intense au service de la Russie et de notre peuple.

Nous nous sommes rencontrés en cette large composition pour la dernière fois à la fin de l’année 2021, en novembre. Depuis lors, de nombreux évènements cruciaux et déterminants ont eu lieu, tant dans notre pays que dans le monde. Par conséquent, il me semble important d’évaluer la situation actuelle des affaires mondiales et régionales, ainsi que de définir les objectifs correspondants pour le Ministère des Affaires étrangères. Tous ces objectifs visent un but principal: créer des conditions pour le développement durable du pays, assurer sa sécurité et améliorer le bien-être des familles russes.

Le travail dans ce domaine, dans les réalités contemporaines, complexes et en constante évolution, exige de nous tous encore plus de concentration, d’initiative, de persévérance, et la capacité non seulement de réagir aux défis actuels, mais aussi de créer notre propre agenda à long terme. Avec nos partenaires, nous devons proposer et discuter, dans le cadre d’un débat ouvert et constructif, des solutions aux questions fondamentales qui préoccupent non seulement notre pays, mais également toute la communauté mondiale.

Je le répète: le monde change rapidement. La situation ne sera plus comme avant, ni en politique mondiale, ni en économie, ni dans la concurrence technologique. De plus en plus d’États cherchent à renforcer leur souveraineté, leur autosuffisance, leur identité nationale et culturelle. Les pays du Sud global et de l’Est se placent au premier plan, et l’importance de l’Afrique et de l’Amérique latine augmente. Encore depuis l’époque soviétique, nous parlions toujours de l’importance de ces régions du monde, mais aujourd’hui, la dynamique est complètement différente et cela devient visible. Les transformations en Eurasie se sont également accélérées, où plusieurs projets d’intégration d’envergure sont activement mis en œuvre.

C’est précisément sur la base de cette nouvelle réalité politique et économique que se dessinent aujourd’hui les contours d’un ordre mondial multipolaire et multilatéral, et c’est un processus objectif. Il reflète la diversité culturelle et civilisationnelle qui, malgré toutes les tentatives d’unification artificielle, est organiquement inhérente à l’humanité.

Ces changements profonds et systémiques inspirent sans aucun doute de l’optimisme et de l’espoir, car l’affirmation des principes de multipolarité et de multilatéralisme dans les affaires internationales, y compris le respect du droit international et une large représentativité, permet de résoudre ensemble les problèmes les plus complexes dans l’intérêt commun, de construire des relations mutuellement bénéfiques et de coopérer entre États souverains pour le bien-être et la sécurité des peuples.

Cette image de l’avenir est en harmonie avec les aspirations de la grande majorité des pays du monde. Nous le voyons, notamment à travers l’intérêt croissant pour le travail des Brics, un groupe universel fondé sur une culture particulière de dialogue de confiance, d’égalité souveraine des participants et de respect mutuel. Dans le cadre de la présidence russe cette année, nous favoriserons l’intégration progressive des nouveaux membres des Brics dans les structures de travail du groupe.

Je demande au Gouvernement et au Ministère des Affaires étrangères de poursuivre leur travail de fond et leur dialogue avec les partenaires afin de préparer pour le sommet des Brics à Kazan en octobre un ensemble substantiel de décisions concertées, qui orienteront notre coopération en matière de politique et de sécurité, d’économie et de finance, de science, de culture, de sport et de liens sociaux.

De manière générale, je pense que le potentiel des Brics leur permettra, avec le temps, de devenir l’une des principales institutions régulatrices de l’ordre mondial multipolaire.

À cet égard, je souligne que la discussion internationale sur les paramètres de l’interaction entre les États dans un monde multipolaire et sur la démocratisation de tout le système des relations internationales est déjà en cours. Par exemple, avec nos collègues de la Communauté des États indépendants, nous avons mis au point et adopté un document commun sur les relations internationales dans un monde multipolaire. Nous avons invité nos partenaires à discuter de ce sujet dans d’autres forums internationaux, notamment au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et des Brics.

Nous souhaitons que ce dialogue se développe également au sein de l’ONU, notamment sur un sujet aussi fondamental et vital pour tous qu’est la création d’un système de sécurité indivisible. En d’autres termes, il s’agit d’affirmer dans les affaires mondiales le principe selon lequel la sécurité de certains ne peut être assurée au détriment de celle des autres.

Je rappelle à cet égard qu’à la fin du XXe siècle, après la fin d’une confrontation militaire et idéologique intense, la communauté mondiale avait une occasion unique de construire un ordre fiable et équitable en matière de sécurité. Pour cela, il ne fallait pas grand-chose, seulement la capacité d’écouter l’avis de toutes les parties concernées et la volonté mutuelle de les prendre en compte. Notre pays était précisément orienté vers un tel travail constructif.

Cependant, une autre approche a prévalu. Les puissances occidentales, menées par les États-Unis, ont estimé qu’elles avaient gagné la guerre froide et qu’elles étaient en droit de déterminer à elles seules comment organiser le monde. Cette vision du monde s’est manifestée dans la pratique par le projet d’expansion illimitée en termes de temps et d’espace de l’Alliance de l’Atlantique Nord, bien qu’il y ait eu d’autres idées sur la manière d’assurer la sécurité en Europe.

À nos questions légitimes, nous entendions des excuses selon lesquelles personne n’avait l’intention d’attaquer la Russie, et que l’expansion de l’Otan n’était pas dirigée contre la Russie. Les promesses faites à l’Union soviétique, puis à la Russie à la fin des années 1980 et au début des années 1990 de ne pas inclure de nouveaux membres dans l’Alliance ont été simplement oubliées. Et même lorsqu’on s’en souvenait, c’était avec un sourire ironique, en se référant au fait que ces affirmations étaient orales et donc non contraignantes.

Dans les années 1990 et plus tard, nous soulignions constamment l’erreur de la voie choisie par les élites occidentales, non seulement en critiquant et en avertissant, mais aussi en proposant des options et des solutions constructives, en soulignant l’importance de développer un mécanisme de sécurité européenne et mondiale qui conviendrait à tous. Je tiens à le souligner: à tous. L’énumération des initiatives que la Russie a proposées au fil des ans prendrait plus d’un paragraphe.

Rappelons l’idée d’un traité sur la sécurité européenne que nous avons proposé en 2008. Les mêmes sujets ont été soulevés dans le mémorandum du Ministère russe des Affaires étrangères qui a été transmis aux États-Unis et à l’Otan en décembre 2021.

Mais toutes nos tentatives (or elles sont nombreuses, trop nombreuses pour être toutes mentionnées) de raisonner nos interlocuteurs, d’expliquer, de persuader, de prévenir, toutes nos demandes n’ont reçu absolument aucune réponse. Les pays occidentaux, convaincus non seulement de leur propre justesse, mais surtout de leur force et de leur capacité à imposer n’importe quoi au reste du monde, ignoraient simplement les autres opinions. Au mieux, ils proposaient de discuter de questions secondaires qui, en réalité, n’avaient que peu de conséquences ou concernaient uniquement des sujets avantageux pour l’Occident.

Cependant, il est rapidement devenu évident que le système occidental, proclamé comme l’unique moyen d’assurer la sécurité et la prospérité en Europe et dans le monde, ne fonctionne pas. Souvenons-nous de la tragédie des Balkans. Les problèmes internes, qui certes existaient, accumulés en ex-Yougoslavie se sont exacerbés en raison d’une intervention extérieure brutale. Dès lors, le principe fondamental de la diplomatie de l’Otan s’est manifesté dans toute sa splendeur, un principe profondément vicieux et stérile pour résoudre des conflits internes complexes, à savoir: accuser de tous les péchés l’une des parties, qui pour une raison ou une autre ne leur plaît pas, et déverser sur elle toute sa puissance politique, médiatique, militaire, ainsi que des sanctions et des restrictions économiques.

Par la suite, les mêmes approches ont été appliquées dans différentes régions du monde, nous le savons très bien: en Irak, en Syrie, en Libye, en Afghanistan, etc. Et partout elles n’ont apporté qu’une aggravation des problèmes existants, des vies brisées de millions de personnes, la destruction de pays entiers, la propagation de foyers de désastres humanitaires et sociaux et d’enclaves terroristes. En réalité, aucun pays dans le monde n’est à l’abri de rejoindre cette triste liste.

Ainsi, aujourd’hui, l’Occident cherche à s’immiscer de manière agressive dans les affaires du Moyen-Orient. Ils avaient monopolisé cette région autrefois, et le résultat est aujourd’hui clair et évident pour tous. Le Caucase du Sud, l’Asie centrale. Il y a deux ans, lors du sommet de l’Otan à Madrid, ils ont annoncé que l’Alliance allait désormais s’occuper de la sécurité non seulement dans la zone euro-atlantique, mais aussi dans la région Asie-Pacifique. Comme quoi là aussi on ne saurait se passer d’eux. Il est évident que derrière cela se cache une tentative d’augmenter la pression sur les pays de la région dont ils ont décidé de freiner le développement. Comme on le sait, en tête de cette liste se trouve notre pays, la Russie.

Je rappelle également que c’est Washington qui a sapé la stabilité stratégique en annonçant son retrait unilatéral des traités sur la défense antimissile, sur l’élimination des missiles à portée intermédiaire, sur le ciel ouvert. Avec leurs satellites de l’Otan, ils ont détruit le système de mesures de confiance et de contrôle des armements en Europe, qui était construit depuis des décennies.

En fin de compte, l’égoïsme et l’arrogance des États occidentaux ont conduit à la situation actuelle extrêmement dangereuse. Nous sommes inadmissiblement proches du point de non-retour. Les appels à infliger une défaite stratégique à la Russie, qui possède les plus grands arsenaux d’armes nucléaires, montrent l’aventurisme extrême des politiciens occidentaux. Ils ne comprennent pas l’ampleur de la menace qu’ils créent eux-mêmes, ou bien ils sont simplement obsédés par une croyance en leur propre impunité et en leur propre exclusivité. L’un comme l’autre peut tourner à la tragédie.

De toute évidence, nous assistons à l’effondrement du système de sécurité euro-atlantique. Aujourd’hui, il n’existe tout simplement plus. Il est nécessaire de le recréer de toutes pièces. Cela exige de notre part, conjointement avec nos partenaires et tous les pays concernés, et ils sont nombreux, de travailler sur nos propres options pour assurer la sécurité en Eurasie, avant de les soumettre à une large discussion internationale.

C’est précisément cette consigne qui a été donnée dans l’allocution à l’Assemblée fédérale. Il s’agit, à moyen terme, de formuler sur le continent eurasiatique un cadre de sécurité égalitaire et indivisible, de développement et de coopération mutuellement bénéfique et équitable.

Quelles actions doivent être entreprises pour cela et sur quels principes?

Premièrement, il est nécessaire d’engager un dialogue avec tous les participants potentiels de ce futur système de sécurité. Pour commencer, je demande d’aborder les questions nécessaires avec les États ouverts à une coopération constructive avec la Russie.

Lors de la récente visite en République populaire de Chine, nous avons discuté de cette problématique avec le Président Xi Jinping. Nous avons constaté que la proposition russe ne contredisait pas, mais au contraire, complétait et concordait entièrement avec les principes fondamentaux de l’initiative chinoise en matière de sécurité globale.

Deuxièmement, il est important de partir du principe que la future architecture de sécurité est ouverte à tous les pays eurasiatiques qui souhaitent y participer. “À tous” fait également allusion aux pays européens et membres de l’Otan, bien entendu. Nous vivons sur un même continent, quoi qu’il se passe, il est impossible de changer la géographie, et nous devrons d’une manière ou d’une autre coexister et travailler ensemble.

Certes, actuellement, les relations entre la Russie et l’UE ainsi qu’avec un certain nombre de pays européens se sont dégradées, et je le souligne encore une fois, ce n’est pas de notre faute. La campagne de propagande antirusse, à laquelle participent des personnalités européennes haut placées, est accompagnée de spéculations selon lesquelles la Russie envisagerait d’attaquer l’Europe. J’ai répété maintes fois et il n’est pas nécessaire de le répéter encore ici: nous comprenons tous que c’est une absurdité totale, simplement un prétexte pour la course aux armements.

À cet égard, permettez-moi une petite parenthèse. La menace pour l’Europe ne vient pas de la Russie. La principale menace pour les Européens réside dans leur dépendance critique et croissante, devenue presque totale vis-à-vis des États-Unis dans les domaines militaire, politique, technologique, idéologique et informationnel. L’Europe est de plus en plus écartée du développement économique mondial, plongée dans le chaos des problèmes migratoires et autres problèmes majeurs, et privée de son autonomie internationale et de son identité culturelle.

Parfois, on a l’impression que les politiciens européens en place et les représentants de la bureaucratie européenne craignent davantage de tomber en disgrâce auprès de Washington que de perdre la confiance de leur propre peuple, de leurs propres citoyens. Les récentes élections au Parlement européen le montrent également. Les politiciens européens acceptent les humiliations, l’insolence et les scandales d’espionnage contre les dirigeants européens, tandis que les États-Unis les utilisent simplement à leurs propres fins: parfois, ils les forcent à acheter leur gaz coûteux (d’ailleurs, le gaz en Europe est trois à quatre fois plus cher qu’aux États-Unis) ou, comme maintenant, ils exigent des pays européens d’augmenter leurs livraisons d’armes à l’Ukraine. Soit dit en passant, les exigences sont constantes ici et là. Ils imposent également des sanctions contre eux, contre des opérateurs économiques en Europe. Ils les imposent sans hésitation, sans aucune gêne.

Maintenant, ils les forcent à augmenter les livraisons d’armes à l’Ukraine, à accroître leurs capacités de production de munitions d’artillerie. Mais qui aura besoin de ces munitions quand le conflit en Ukraine sera terminé? Comment cela peut-il assurer la sécurité militaire de l’Europe? C’est incompréhensible. Pendant ce temps, les États-Unis investissent dans les technologies militaires de demain: l’espace, les drones modernes, les systèmes de frappe basés sur de nouveaux principes physiques, c’est-à-dire dans les domaines qui définiront à l’avenir la nature des conflits armés, et donc le potentiel militaro-politique des États, leurs positions dans le monde. Mais pour l’instant, on leur assigne ce rôle: investissez votre argent là où nous en avons besoin. Or cela n’augmente aucun potentiel européen. Tant pis pour eux, soit. C’est peut-être bien pour nous, mais c’est ce qui se passe en réalité.

Si l’Europe veut se maintenir comme l’un des centres autonomes de développement mondial et des pôles culturels et civilisationnels de la planète, elle doit entretenir de bonnes relations avec la Russie, et nous y sommes prêts.

C’était une chose simple et évidente que comprenaient parfaitement les politiciens de véritable envergure européenne et mondiale, patriotes de leurs pays et peuples, qui pensaient en termes historiques, et non les figurants qui suivent une volonté et des directives étrangères. Charles de Gaulle en a beaucoup parlé pendant les années d’après-guerre. Je me souviens aussi de l’importance que le chancelier de la RFA Helmut Kohl accordait au partenariat entre l’Europe et la Russie lors d’une conversation à laquelle j’ai eu personnellement l’occasion de participer en 1991. J’espère que cet héritage sera un jour repris par les nouvelles générations de politiciens européens.

En ce qui concerne les États-Unis, les tentatives incessantes des élites libérales-mondialistes au pouvoir aujourd’hui de diffuser leur idéologie dans le monde entier par tous les moyens, de maintenir leur statut impérial, leur domination, ne font qu’épuiser davantage le pays, le conduisent à la dégradation et vont à l’encontre des véritables intérêts du peuple américain. Sans cette voie sans issue, ce messianisme agressif basé sur la croyance en leur propre exclusivité, les relations internationales seraient stabilisées depuis longtemps.

Troisièmement, pour promouvoir l’idée d’un système de sécurité eurasiatique, il est nécessaire d’intensifier considérablement le processus de dialogue entre les organisations multilatérales déjà actives en Eurasie. Cela concerne avant tout l’État de l’Union, l’Organisation du Traité de sécurité collective, l’Union économique eurasiatique, la Communauté des États indépendants et l’Organisation de coopération de Shanghai.

Nous voyons des perspectives dans l’implication dans ces processus d’autres organisations eurasiatiques influentes, de l’Asie du Sud-Est au Moyen-Orient.

Quatrièmement, nous pensons qu’il est temps d’entamer une large discussion sur un nouveau système de garanties bilatérales et multilatérales de sécurité collective en Eurasie. À terme, il sera nécessaire de réduire progressivement la présence militaire des puissances étrangères dans la région eurasiatique.

Bien sûr, nous comprenons que dans la situation actuelle, cette idée peut sembler irréaliste. Mais à l’avenir, si nous construisons un système de sécurité fiable, il n’y aura tout simplement pas besoin de contingents militaires extrarégionaux. À vrai dire, même aujourd’hui, ce n’est pas nécessaire, c’est juste une occupation, voilà tout.

En fin de compte, nous pensons que les États et les structures régionales d’Eurasie doivent eux-mêmes définir les domaines spécifiques de coopération en matière de sécurité commune. En conséquence, ils doivent également construire un système d’institutions, de mécanismes et d’accords fonctionnels qui servent réellement à atteindre les objectifs communs de stabilité et de développement.

À cet égard, nous soutenons l’initiative de nos amis biélorusses de développer un document programmatique, à savoir une charte de la multipolarité et de la diversité au XXIe siècle. Elle pourrait formuler non seulement les principes cadres de l’architecture eurasienne, basés sur les normes fondamentales du droit international, mais aussi, de manière plus générale, une vision stratégique de la nature et de l’essence de la multipolarité et de la multilatéralité en tant que nouveau système de relations internationales, remplaçant le monde centré sur l’Occident. Il est important et je demande de travailler en profondeur sur ce document avec nos partenaires et tous les États concernés. Ajoutons que, pour discuter de questions aussi complexes et globales, une représentation maximale et large ainsi que la prise en compte de diverses approches et positions sont nécessaires.

Cinquièmement, une partie importante du système de sécurité et de développement eurasiatique doit évidemment inclure des questions d’économie, de bien-être social, d’intégration et de coopération mutuellement bénéfique, ainsi que la résolution de problèmes communs tels que la réduction de la pauvreté, des inégalités, le climat, l’écologie et l’élaboration de mécanismes de réponse aux menaces de pandémie et de crises économiques mondiales.

Les actions de l’Occident ont non seulement sapé la stabilité politico-militaire mondiale, mais, avec les sanctions et les guerres commerciales, elles ont également discrédité et affaibli les principales institutions de marché. Utilisant le FMI et la Banque mondiale, manipulant l’agenda climatique, ils freinent le développement du Sud global. Perdant en concurrence, même selon les règles qu’ils ont eux-mêmes établies, ils recourent à des barrières restrictives et à toutes sortes de protectionnisme. Ainsi, les États-Unis ont de facto renoncé à l’Organisation mondiale du commerce en tant que régulateur du commerce international. Tout est bloqué. Sachant qu’ils ne font pas seulement pression sur les concurrents, mais aussi sur leurs satellites. Il suffit de regarder comment ils “essorent” actuellement les économies européennes, qui sont au bord de la récession.

Les pays occidentaux ont gelé une partie des actifs et des réserves de change russes. Ils cherchent maintenant une base juridique pour s’approprier définitivement ces fonds. Mais, malgré tous leurs chicaneries, un vol reste un vol et ne restera pas impuni.

La question est même plus profonde. En volant les actifs russes, ils feront un pas de plus vers la destruction du système qu’ils ont eux-mêmes créé, et qui, pendant des décennies, assurait leur prospérité en leur permettant de consommer plus qu’ils ne gagnaient, en attirant des fonds du monde entier grâce aux dettes et obligations. Désormais, il devient évident pour tous les pays et entreprises ainsi que pour les fonds souverains que leurs actifs et réserves ne sont pas en sécurité, ni juridiquement ni économiquement. Et le prochain sur la liste d’expropriation par les États-Unis et l’Occident pourrait être n’importe qui, y compris ces fonds souverains étrangers.

Dès à présent, la méfiance à l’égard du système financier basé sur les monnaies de réserve occidentales augmente. Il y a un reflux de capitaux des titres et des obligations des États occidentaux, ainsi que de certaines banques européennes, qui étaient encore récemment considérées comme des lieux de conservation de capitaux absolument sûrs. Aujourd’hui, même l’or est retiré de leurs coffres. Et ils ont bien raison de le faire.

Je pense que nous devons sérieusement intensifier la formation de mécanismes économiques extérieurs bilatéraux et multilatéraux efficaces et sûrs, alternatifs à ceux contrôlés par l’Occident. Cela inclut l’expansion des paiements en devises nationales, la création de systèmes de paiement indépendants et la mise en place de chaînes de production et de distribution contournant les canaux bloqués ou compromis par l’Occident.

Il est bien entendu nécessaire de poursuivre les efforts pour développer les corridors de transport internationaux en Eurasie, un continent dont la Russie est le noyau géographique naturel.

Je demande au Ministère des Affaires étrangères de maximiser les efforts pour élaborer des accords internationaux dans tous ces domaines. Ils sont extrêmement importants pour renforcer la coopération économique entre notre pays et nos partenaires. Cela devrait également donner un nouvel élan à la construction d’un grand partenariat eurasiatique, qui pourrait devenir la base socioéconomique d’un nouveau système de sécurité indivisible en Europe.

Chers collègues, le sens de nos propositions est de former un système dans lequel tous les États seraient certains de leur propre sécurité. Ainsi, nous pourrons, en outre, aborder de manière constructive la résolution des nombreux conflits actuels. Les problèmes de déficit de sécurité et de confiance mutuelle ne concernent pas uniquement le continent eurasiatique, la tension croissante se constate partout. Et l’interdépendance du monde est constamment visible, comme le montre le tragique exemple de la crise ukrainienne, dont les conséquences se répercutent dans le monde entier.

Mais je tiens à dire tout de suite: la crise liée à l’Ukraine n’est pas un conflit entre deux États, encore moins entre deux peuples, causé par des problèmes entre eux. Si c’était le cas, il ne fait aucun doute que les Russes et les Ukrainiens, qui partagent une histoire et une culture communes, des valeurs spirituelles, des millions de liens familiaux, trouveraient un moyen de résoudre équitablement toute question ou divergence.

Cependant, la situation est différente: les origines du conflit ne se trouvent pas dans les relations bilatérales. Les évènements en Ukraine sont le résultat direct du développement mondial et européen de la fin du XXe et du début du XXIe siècle, de cette politique agressive, sans scrupules et totalement aventuriste que l’Occident menait pendant toutes ces années, bien avant le début de l’opération militaire spéciale.

Ces élites des pays occidentaux, comme je l’ai déjà dit aujourd’hui, après la fin de la guerre froide, ont poursuivi la réorganisation géopolitique du monde, visant à créer et à imposer le fameux ordre fondé sur des règles, dans lequel des États forts, souverains et autosuffisants n’ont pas leur place.

D’où la politique d’endiguement de notre pays. Les objectifs de cette politique sont maintenant ouvertement déclarés par certains représentants aux États-Unis et en Europe. Aujourd’hui, ils parlent d’une prétendue décolonisation de la Russie. En réalité, c’est une tentative de trouver une base idéologique à la fragmentation de notre patrie selon des critères nationaux. En fait, la dislocation de l’Union soviétique et de la Russie est un sujet discuté depuis longtemps. Tous ceux qui sont présents dans cette salle le savent bien.

En poursuivant cette stratégie, les pays occidentaux ont adopté une ligne de conduite visant à absorber et à maîtriser militairement et politiquement les territoires proches de nous. Il y a eu cinq, et maintenant six, vagues d’expansion de l’Otan. Ils ont tenté de transformer l’Ukraine en une base avancée contre la Russie, en en faisant une “anti-Russie”. Pour atteindre ces objectifs, ils ont investi de l’argent, des ressources, acheté des politiciens et des partis entiers, réécrit l’histoire et les programmes éducatifs, soutenu et entretenu des groupes néonazis et radicaux. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour saper nos liens interétatiques, diviser et monter nos peuples les uns contre les autres.

Il était difficile de mener une politique encore plus audacieuse et sans scrupules à cause du sud-est de l’Ukraine, des territoires qui, pendant des siècles, faisaient partie de la grande Russie historique. Des gens y vivaient, et y vivent toujours, qui, même après la déclaration d’indépendance de l’Ukraine en 1991, étaient en faveur de relations amicales et très étroites avec notre pays. Des Russes et des Ukrainiens, des représentant différentes nationalités, unies par la langue russe, la culture, les traditions et la mémoire historique.

La position, les sentiments, les intérêts et les voix de ces personnes, des millions de personnes vivant dans le sud-ouest, devaient être pris en compte par les présidents et les politiciens ukrainiens de l’époque, qui luttaient pour ce poste et utilisaient les voix de ces électeurs. Mais, profitant de ces voix, ils se dérobaient ensuite, manœuvraient, mentaient beaucoup, parlaient du soi-disant choix européen. Ils n’osaient pas rompre complètement avec la Russie, car le sud-est de l’Ukraine pensait autrement, et il était impossible de l’ignorer. Cette dualité a toujours été présente dans le gouvernement ukrainien depuis la reconnaissance de l’indépendance.

L’Occident voyait évidemment cela. Il a depuis longtemps vu et compris les problèmes qui existaient là-bas et qu’il pouvait attiser, comprenant l’importance du facteur du sud-est comme contrepoids, et sachant qu’aucune propagande à long terme ne pourrait changer radicalement la situation. Bien sûr, beaucoup a été fait, mais il était difficile de changer la situation en profondeur.

Ils n’ont pas réussi à déformer l’identité historique, la conscience de la majorité des gens dans le sud-est de l’Ukraine ni à éradiquer, y compris chez les jeunes générations, les bons sentiments envers la Russie et le sentiment de notre communauté historique. C’est pourquoi ils ont décidé une fois de plus d’agir par la force, de briser les habitants du sud-est, en ignorant leur opinion. Pour cela, ils ont organisé, financé, et bien sûr exploité les difficultés et complexités de la situation intérieure en Ukraine, mais ils ont néanmoins préparé méthodiquement et délibérément un coup d’État armé.

Les villes ukrainiennes ont été submergées par une vague d’émeutes, de violences et de meurtres. Le pouvoir à Kiev a été définitivement saisi et usurpé par les radicaux. Leurs slogans nationalistes agressifs, y compris la réhabilitation des collaborateurs nazis, ont été élevés au rang d’idéologie d’État. Une politique visant à supprimer la langue russe dans les sphères publique et gouvernementale a été proclamée, la pression sur les croyants orthodoxes a augmenté, avec des ingérences dans les affaires de l’église, ce qui a finalement conduit à un schisme. Personne ne semble remarquer cette ingérence, comme si c’était normal. Essayez de faire quelque chose de similaire ailleurs, et il y aurait tant de sifflements que vous en perdriez vos oreilles. Mais là, c’est permis, car c’est contre la Russie.

Des millions de citoyens ukrainiens, en premier lieu ceux des régions de l’est, se sont opposés au coup d’État, comme on le sait. Ils ont été menacés de représailles et de terreur. Et les nouvelles autorités de Kiev ont commencé à préparer une attaque contre la Crimée russophone, qui, en 1954, avait été transférée de la RSFSR à l’Ukraine en violation de toutes les lois et procédures en vigueur à l’époque en Union soviétique. Dans cette situation, nous ne pouvions bien sûr pas abandonner les habitants de Crimée et de Sébastopol sans protection. Ils ont fait leur choix, et en mars 2014, la Crimée et Sébastopol ont rejoint la Russie de manière historique.

Les manifestations pacifiques contre le coup d’État ont été réprimées à Kharkov, Kherson, Odessa, Zaporojié, Donetsk, Lougansk et Marioupol, et le régime de Kiev ainsi que les groupes nationalistes ont recouru à la terreur. Inutile de le rappeler, car tout le monde se souvient bien de ce qui se passait dans ces régions.

En mai 2014, des référendums sur le statut des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ont eu lieu, où la grande majorité des habitants a voté pour l’indépendance et la souveraineté. Une question se pose immédiatement: les gens pouvaient-ils exprimer ainsi leur volonté, pouvaient-ils déclarer leur indépendance? Ceux qui sont présents dans cette salle comprennent qu’ils le pouvaient, bien sûr, ils avaient pleinement le droit et des raisons de le faire, conformément au droit international, y compris le droit des peuples à l’autodétermination. Vous n’avez pas besoin de le rappeler, mais néanmoins, comme les médias sont là, je le dis, l’article 1, paragraphe 2, de la Charte des Nations unies donne ce droit.

Je rappelle à ce propos le fameux précédent du Kosovo. Nous en avons déjà parlé à maintes reprises et je le répète encore aujourd’hui. Un précédent créé par les pays occidentaux eux-mêmes, dans une situation absolument similaire, lorsqu’ils ont reconnu comme légitime la séparation du Kosovo de la Serbie en 2008. Ensuite, il y a eu la décision bien connue de la Cour internationale de justice des Nations unies qui, le 22 juillet 2010, sur la base de l’article 1, paragraphe 2 de la Charte des Nations unies, a statué, et je cite: “Aucun interdiction générale de déclarer unilatéralement l’indépendance ne découle de la pratique du Conseil de sécurité.” Et une autre citation: “Le droit international ne contient aucune interdiction applicable à la déclaration d’indépendance.” Qui plus est, il était également stipulé que les parties d’un pays, quel qu’il soit, qui décident de déclarer leur indépendance, ne sont pas tenues de consulter les autorités centrales de leur ancien État. Tout est écrit de leur propres mains noir sur blanc.

Alors les républiques de Donetsk et de Lougansk avaient-elles le droit de déclarer leur indépendance? Bien sûr que oui. Cette question ne peut même pas être interprétée autrement.

Qu’a fait le régime de Kiev dans cette situation? Il a complètement ignoré le choix des gens et a déclenché une guerre d’envergure contre les nouveaux États indépendants, les républiques populaires du Donbass, en utilisant l’aviation, l’artillerie et les chars. Des bombardements et les tirs sur les villes pacifiques ont commencé, ainsi que des actions de terreur. Qu’est-il arrivé ensuite? Les habitants du Donbass ont pris les armes pour défendre leur vie, leur foyer, leurs droits et intérêts légitimes.

En Occident, on entend constamment la thèse que la Russie a commencé la guerre avec l’opération militaire spéciale, qu’elle est l’agresseur, et qu’il est donc légitime de frapper son territoire avec des armes occidentales, comme quoi l’Ukraine se défend et peut le faire.

Je tiens à souligner encore une fois: la Russie n’a pas commencé la guerre. C’est le régime de Kiev qui a, après que les habitants d’une partie de l’Ukraine ont déclaré leur indépendance conformément au droit international, lancé des actions militaires et continue de le faire. C’est cela l’agression, quand on ne reconnaît pas le droit de ces peuples à déclarer leur indépendance. Sinon, qu’est-ce que c’est? C’est une agression. Et ceux qui ont aidé la machine militaire du régime de Kiev au cours de ces années sont des complices de l’agresseur.

En 2014, les habitants du Donbass n’ont pas cédé. Les milices ont résisté, repoussé les forces répressives loin de Donetsk et Lougansk. Nous espérions que cela éveillerait ceux qui avaient déclenché cette violence. Pour arrêter l’effusion de sang, la Russie a lancé des appels habituels, des appels à des négociations, et elles ont commencé avec la participation de Kiev et des représentants des républiques du Donbass, avec la médiation de la Russie, de l’Allemagne et de la France.

Les discussions étaient difficiles, mais elles ont abouti aux accords de Minsk en 2015. Nous avons pris ces accords très au sérieux, espérant que nous pourrions résoudre la situation dans le cadre d’un processus pacifique et du droit international. Nous espérions que cela mènerait à la prise en compte des intérêts légitimes et des exigences du Donbass, à l’inscription dans la Constitution d’un statut spécial pour ces régions et des droits fondamentaux des habitants, tout en maintenant l’unité territoriale de l’Ukraine. Nous étions prêts à cela et prêts à convaincre les habitants de ces régions de régler les problèmes de cette manière, proposant à plusieurs reprises divers compromis et solutions.

Mais tout a finalement été rejeté. Kiev a simplement jeté les accords de Minsk à la poubelle. Comme l’ont ensuite avoué franchement les représentants des autorités ukrainiennes, aucune des clauses de ces documents ne leur convenait, ils mentaient et se débrouillaient comme ils pouvaient.

L’ancien chancelier allemand et l’ancien président français, en réalité co-auteurs et supposés garants des accords de Minsk, ont également admis plus tard qu’ils n’avaient jamais prévu de les appliquer, ils voulaient seulement gagner du temps pour renforcer les formations armées ukrainiennes, les équiper en armes et matériel. Ils nous ont simplement trompés une fois de plus.

 

Au lieu d’un véritable processus de paix, au lieu d’une politique de réintégration et de réconciliation nationale, dont Kiev parlait tant, le Donbass était bombardé pendant huit ans. Ils ont organisé des attentats, des meurtres et un blocus des plus sévères. Pendant toutes ces années, les habitants du Donbass (femmes, enfants, personnes âgées) étaient déclarés comme des personnes de “seconde classe”, des “sous-humains”, menacés de représailles, disant qu’ils viendraient et se vengeraient de chacun d’eux. Qu’est-ce que cela, sinon un génocide au centre de l’Europe au XXIe siècle? L’Europe et les États-Unis faisaient semblant de ne rien voir, de ne rien remarquer.

Fin 2021-début 2022, le processus de Minsk a été définitivement enterré par Kiev et ses patrons occidentaux, et une nouvelle attaque massive était planifiée contre le Donbass. Une importante formation des forces armées ukrainiennes se préparait à lancer une nouvelle offensive sur Lougansk et Donetsk, avec évidemment des nettoyages ethniques et de lourdes pertes humaines, ainsi que des centaines de milliers de réfugiés. Nous devions prévenir cette catastrophe, protéger les gens, nous ne pouvions pas prendre une autre décision.

La Russie a finalement reconnu les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Pendant huit ans, nous ne les reconnaissions pas espérant parvenir à un accord. Le résultat est maintenant connu. Et le 21 février 2022, nous avons signé des traités d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle avec ces républiques nouvellement reconnues. La question se pose: ces républiques populaires avaient-elles le droit de demander notre soutien après que nous avons reconnu leur indépendance? Et avions-nous le droit de reconnaître leur indépendance, tout comme elles avaient le droit de déclarer leur souveraineté conformément aux articles et décisions de la Cour internationale de justice de l’ONU que j’ai mentionnés? Avaient-elles le droit de déclarer leur indépendance? Oui, elles l’avaient. Mais si elles avaient ce droit et l’ont exercé, alors nous avions le droit de conclure un accord avec elles, et nous l’avons fait, en plein respect du droit international et de l’article 51 de la Charte des Nations unies.

Nous nous sommes alors adressés aux autorités de Kiev en leur demandant de retirer leurs troupes du Donbass. Je peux vous dire que des contacts ont eu lieu, nous leur avons immédiatement dit: retirez vos troupes de là, et tout s’arrêtera là. Cette proposition a été immédiatement rejetée, simplement ignorée, alors qu’elle offrait une réelle possibilité de résoudre le problème de manière pacifique.

Le 24 février 2022, la Russie a été contrainte d’annoncer le début de l’opération militaire spéciale. En m’adressant aux citoyens de la Russie, aux habitants des Républiques de Donetsk et de Lougansk, ainsi qu’à la société ukrainienne, j’avais alors défini les objectifs de cette opération: protéger les personnes dans le Donbass, rétablir la paix, procéder à la démilitarisation et à la dénazification de l’Ukraine et, par conséquent, écarter les menaces pesant sur notre État, rétablir l’équilibre en matière de sécurité en Europe.

Nous avons continué à considérer que la réalisation de ces objectifs par des moyens politico-diplomatiques était une priorité. Je rappelle qu’au tout premier stade de l’opération militaire spéciale, notre pays a engagé des négociations avec les représentants du régime de Kiev. Elles se sont d’abord déroulées en Biélorussie, puis en Turquie. Nous avons tenté de transmettre notre message principal: respectez le choix du Donbass, la volonté des personnes qui y vivent, retirez vos troupes, arrêtez les bombardements des villes et villages pacifiques. Rien de plus n’était nécessaire, les autres questions seraient résolues par la suite. En réponse, nous avons entendu: non, nous continuerons de nous battre. Il est évident que c’était l’ordre donné par leurs maîtres occidentaux, et j’en parlerai également.

À l’époque, en février-mars 2022, nos troupes, comme on le sait, se sont approchées de Kiev. Il y avait beaucoup de spéculations à ce sujet, en Ukraine et en Occident, à l’époque comme aujourd’hui.

Que puis-je dire à ce sujet? Nos forces étaient effectivement stationnées près de Kiev, et les départements militaires, les structures de force avaient diverses propositions concernant nos actions possibles, mais il n’y avait aucune décision politique pour assiéger cette ville de 3 millions d’habitants, quoi qu’en disent certains.

En fait, il ne s’agissait de rien d’autre que d’une opération visant à contraindre le régime ukrainien à la paix. Les troupes étaient là pour pousser la partie ukrainienne à des négociations, pour tenter de trouver des solutions acceptables et ainsi mettre fin à la guerre déclenchée par Kiev contre le Donbass en 2014, pour résoudre les problèmes qui représentaient une menace pour la sécurité de notre pays, pour la sécurité de la Russie.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, cela a effectivement permis de parvenir à des accords qui convenaient en principe à Moscou et à Kiev. Ces accords ont été couchés sur papier et paraphés à Istanbul par le chef de la délégation ukrainienne. Les autorités de Kiev trouvaient cette solution acceptable.

Le document s’intitulait “Traité de neutralité permanente et de garanties de sécurité de l’Ukraine”. Il était de nature à compromis, mais ses points clés allaient dans le sens de nos exigences fondamentales, répondant aux objectifs déclarés dès le début de l’opération militaire spéciale. Cela incluait, aussi étrange que cela puisse paraître, la démilitarisation et la dénazification de l’Ukraine. Nous avons également réussi à trouver des solutions complexes à ces questions. Elles étaient complexes, mais elles ont été trouvées. À savoir: il était prévu qu’une loi ukrainienne interdise l’idéologie nazie, sous toutes ses formes. Tout était écrit.

En outre, en échange de garanties internationales de sécurité, l’Ukraine aurait limité la taille de ses forces armées, pris l’engagement de ne pas adhérer à des alliances militaires, de ne pas autoriser la présence de bases militaires étrangères sur son territoire, de ne pas les y déployer et leurs contingents et de ne pas organiser d’exercices militaires sur son territoire. Tout était écrit noir sur blanc.

De notre côté, comprenant également les préoccupations de l’Ukraine concernant la sécurité, nous avons accepté que l’Ukraine, tout en ne rejoignant pas formellement l’Otan, reçoive des garanties pratiquement équivalentes à celles dont bénéficient les membres de cette alliance. Pour nous, c’était une décision difficile, mais nous reconnaissions la légitimité des exigences de l’Ukraine en matière de sécurité et nous n’étions pas fondamentalement opposés aux formulations proposées par Kiev. Ce sont des formulations proposées par Kiev, et nous n’étions globalement pas contre, comprenant que l’essentiel était de stopper l’effusion de sang et la guerre dans le Donbass.

Le 29 mars 2022, nous avons retiré nos troupes de Kiev, car on nous avait assuré qu’il était nécessaire de créer les conditions nécessaires pour conclure le processus de négociation politique. Et qu’il n’était pas possible pour l’une des parties de signer de tels accords, comme nos collègues occidentaux l’avaient dit, avec un pistolet sur la tempe. D’accord, nous avons accepté cela aussi.

Cependant, dès le lendemain du retrait des troupes russes de Kiev, le gouvernement ukrainien a suspendu sa participation au processus de négociation, organisant la fameuse provocation de Boutcha, et a rejeté la version préparée des accords. Je pense qu’il est clair aujourd’hui pourquoi cette sale provocation était nécessaire: pour expliquer le rejet des résultats obtenus lors des négociations. Le chemin vers la paix a été de nouveau rejeté.

Cela a été fait, comme nous le savons maintenant, sur l’ordre des patrons occidentaux, y compris l’ancien Premier ministre britannique, qui lors de sa visite à Kiev a clairement dit: aucun accord, il faut vaincre la Russie sur le champ de bataille, obtenir sa défaite stratégique. Et ils ont continué à intensifier la fourniture d’armes à l’Ukraine, en parlant de la nécessité de nous infliger, comme je viens de le rappeler, une défaite stratégique. Un peu plus tard, comme tout le monde le sait, le Président ukrainien a publié un décret interdisant à ses représentants et même à lui-même de mener des négociations avec Moscou. Notre tentative de résoudre le problème par des moyens pacifiques s’est à nouveau soldée par un échec.

À propos des négociations, je voudrais maintenant révéler un autre épisode dans ce cadre. Je n’en ai jamais parlé publiquement auparavant, mais certains d’entre vous le savent. Après que l’armée russe a occupé une partie des régions de Kherson et de Zaporojié, de nombreux politiciens occidentaux ont proposé leur médiation pour une résolution pacifique du conflit. L’un d’entre eux était en visite officielle à Moscou le 5 mars 2022. Nous avons accepté ses efforts de médiation, d’autant plus qu’il se référait au soutien des dirigeants allemands et français, ainsi que de hauts représentants des États-Unis.

Au cours de la conversation, notre invité étranger a posé une question intéressante : si vous aidez le Donbass, pourquoi les troupes russes se trouvent-elles dans le sud de l’Ukraine, y compris dans les régions de Kherson et de Zaporojié ? Notre réponse était que c’était une décision du quartier général russe pour la planification de l’opération. Et aujourd’hui, j’ajouterais que le plan était de contourner certaines des zones fortifiées que les autorités ukrainiennes avaient construites en huit ans dans le Donbass, notamment pour libérer Marioupol.

Alors, notre collègue étranger a demandé une précision, et c’était un professionnel, il faut le reconnaître: est-ce que nos troupes russes resteraient dans les régions de Kherson et de Zaporojié ? Et qu’adviendrait-il de ces régions après l’accomplissement des objectifs de l’opération militaire spéciale? À cela, j’ai répondu que globalement je n’excluais pas la possibilité de maintenir la souveraineté ukrainienne sur ces territoires, mais à condition que la Russie ait une liaison terrestre solide avec la Crimée.

Cela signifie que Kiev devait garantir une servitude, un droit d’accès juridiquement formalisé de la Russie vers la péninsule de Crimée à travers les régions de Kherson et de Zaporojié. C’était une décision politique cruciale. Et bien sûr, elle aurait été prise définitivement non pas unilatéralement, mais seulement après consultation avec le Conseil de sécurité, avec d’autres structures, et après discussion avec les citoyens, la société civile de notre pays, et avant tout avec les habitants des régions de Kherson et de Zaporojié.

En fin de compte, c’est ce que nous avons fait: nous avons demandé l’avis des habitants et organisé des référendums. Nous avons agi selon la volonté des personnes, y compris dans les régions de Kherson et de Zaporojié, ainsi que dans les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.

À ce moment-là, en mars 2022, notre partenaire de négociation a annoncé qu’il se rendrait ensuite à Kiev pour poursuivre la discussion avec ses collègues de la capitale ukrainienne. Nous avons accueilli favorablement cela, ainsi que toutes les tentatives de trouver une résolution pacifique du conflit, car chaque jour de combats signifiait de nouvelles victimes et pertes. Cependant, en Ukraine, comme nous l’avons appris plus tard, les services de médiation de l’intermédiaire occidental n’ont pas été acceptés. Au contraire, il a été accusé, de manière assez dure, de prendre des positions prorusses, mais ce sont des détails.

Maintenant, comme je l’ai déjà dit, la situation a radicalement changé. Les habitants de Kherson et de Zaporojié ont exprimé leur position lors des référendums, et ces régions, ainsi que les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ont rejoint la Fédération de Russie. Il ne peut être question de remettre en cause notre unité nationale. La volonté des peuples d’être avec la Russie est inébranlable. Cette question est définitivement close et ne sera plus discutée.

Je tiens à répéter: c’est bien l’Occident qui a préparé et provoqué la crise ukrainienne, et qui fait maintenant tout pour qu’elle dure indéfiniment, affaiblissant et rendant mutuellement hostiles les peuples de Russie et d’Ukraine.

Ils envoient sans cesse de nouvelles munitions et armes. Certains politiciens européens parlent de la possibilité de déployer leurs troupes régulières en Ukraine. En même temps, comme je l’ai déjà mentionné, les véritables maîtres de l’Ukraine, qui, malheureusement, ne sont pas le peuple ukrainien, mais les élites mondialistes d’outre-mer, tentent d’imposer à l’exécutif ukrainien le fardeau de prendre des décisions impopulaires, y compris la réduction progressive de l’âge de conscription.

Actuellement, comme on le sait, cet âge est de 25 ans, le prochain stade pourrait être de 23 ans, puis de 20 et 18, voire directement de 18 ans. Et ensuite, bien sûr, ils se débarrasseront de ceux qui prendront ces décisions impopulaires sous la pression de l’Occident, les rejetteront comme inutiles, leur attribueront toute la responsabilité, et mettront à leur place d’autres personnes également dépendantes de l’Occident, mais avec une réputation moins entachée.

C’est peut-être lié à l’idée d’annuler la prochaine élection présidentielle en Ukraine. Les dirigeants actuels feront tout ce qui est nécessaire, puis seront mis de côté pour continuer à faire ce qu’ils jugent bon.

À cet égard, je rappelle quelque chose que Kiev préfère ne pas mentionner et que l’Occident préfère également ignorer. De quoi s’agit-il? En mai 2014, la Cour constitutionnelle de l’Ukraine a rendu une décision stipulant que, je cite, “le président est élu pour cinq ans, qu’il soit élu lors d’élections anticipées ou régulières”. En outre, la Cour constitutionnelle de l’Ukraine a précisé que, je cite, “le statut constitutionnel du président ne contient aucune disposition établissant un autre mandat que celui de cinq ans”. Fin de citation. La décision de la cour était finale et sans appel. Voilà.

Qu’est-ce que cela signifie dans la situation actuelle? Le mandat présidentiel du précédent président de l’Ukraine a expiré, tout comme sa légitimité, qui ne peut être rétablie par aucune manipulation. Je ne vais pas entrer dans les détails de la décision de la Cour constitutionnelle de l’Ukraine sur le mandat présidentiel. Il est clair qu’elle était liée aux tentatives de légitimer le coup d’État de 2014. Néanmoins, ce verdict existe, et c’est un fait juridique. Il remet en question toutes les tentatives de justifier le spectacle actuel de l’annulation des élections.

En réalité, cette page tragique de l’histoire de l’Ukraine a commencé avec la prise du pouvoir par la force, comme je l’ai déjà mentionné, avec le coup d’État anticonstitutionnel de 2014. Je le répète: l’origine du régime actuel de Kiev est un putsch armé. Et maintenant, la boucle est bouclée, le pouvoir exécutif en Ukraine est de nouveau, comme en 2014, usurpé et détenu illégalement, et de fait, il est illégitime.

Je dirai plus: la situation avec l’annulation des élections est une expression même de la nature et de l’essence du régime actuel de Kiev, qui a émergé du coup d’État armé de 2014, est lié à lui et en tire ses racines. Le fait qu’ils continuent de s’accrocher au pouvoir après avoir annulé les élections montre des actions qui sont directement interdites par l’article 5 de la Constitution ukrainienne. Je cite: “Le droit de déterminer et de modifier l’ordre constitutionnel en Ukraine appartient exclusivement au peuple et ne peut être usurpé par l’État, ses organes ou ses responsables.” De plus, ces actions relèvent de l’article 109 du Code pénal ukrainien, qui traite précisément du changement ou du renversement violent de l’ordre constitutionnel ou de la prise de pouvoir par l’État, ainsi que de la conspiration pour commettre de telles actions.

En 2014, cette usurpation était justifiée par la révolution, et maintenant, elle est justifiée par les actions militaires. Mais le sens reste le même. En substance, il s’agit d’une conspiration entre le pouvoir exécutif ukrainien, la direction du parlement et la majorité parlementaire sous son contrôle, visant à usurper le pouvoir d’État (on ne peut l’appeler autrement), ce qui constitue un crime, selon la loi ukrainienne.

Ensuite, la Constitution ukrainienne ne prévoit pas la possibilité d’annuler ou de reporter les élections présidentielles ni de prolonger le mandat présidentiel en raison de l’état de guerre, comme c’est actuellement invoqué. Que dit la loi fondamentale de l’Ukraine? Elle stipule que pendant l’état de guerre, les élections législatives peuvent être reportées. C’est l’article 83 de la Constitution du pays.

Ainsi, la législation ukrainienne a prévu une seule exception où les pouvoirs d’un organe de l’État sont prolongés pendant l’état de guerre et où les élections ne sont pas tenues. Cela concerne exclusivement le parlement. Ce qui établit le statut du parlement ukrainien en tant qu’organe permanent en période de guerre.

En d’autres termes, le parlement est aujourd’hui l’organe légitime, contrairement au pouvoir exécutif. L’Ukraine n’est pas une république présidentielle, mais une république parlementaire-présidentielle. C’est une chose claire.

Sachant que le président du parlement ukrainien, exerçant les fonctions de Président, est doté de pouvoirs spéciaux en vertu des articles 106 et 112, y compris dans les domaines de la défense, de la sécurité et du commandement suprême des forces armées. Tout est écrit noir sur blanc.

D’ailleurs, au cours du premier semestre de cette année, l’Ukraine a conclu un ensemble d’accords bilatéraux de coopération en matière de sécurité et de soutien à long terme avec plusieurs pays européens. Maintenant, un document similaire a été signé avec les États-Unis.

Depuis le 21 mai de cette année, la question de la légitimité et des pouvoirs des représentants ukrainiens qui signent ces documents se pose logiquement. Pour nous, peu importe, qu’ils signent ce qu’ils veulent. Il est clair qu’il y a ici une dimension politique et propagandiste. Les États-Unis et leurs satellites cherchent à soutenir leurs protégés, à leur donner du poids et de la légitimité.

Cependant, si plus tard les États-Unis procèdent à une expertise juridique sérieuse de cet accord (je ne parle pas de son contenu, mais de son aspect juridique), la question se posera inévitablement: qui a signé ces documents et avec quels pouvoirs? Et il s’avérera que tout cela est du bluff et que l’accord est nul, toute la construction s’effondrera, bien sûr, si l’on souhaite analyser la situation. On peut prétendre que tout va bien, mais rien ne va là-bas, je viens de le lire. Tout est écrit dans les documents, tout est écrit dans la Constitution.

Je rappelle aussi qu’après le début de l’opération militaire spéciale, l’Occident a lancé une campagne intense et très effrontée pour tenter d’isoler la Russie sur la scène internationale. Aujourd’hui, il est clair et évident pour tout le monde que cette tentative a échoué, mais l’Occident n’a pas renoncé à son idée de former une sorte de coalition internationale antirusse, de créer une apparence de pression sur la Russie. Nous comprenons cela aussi.

Comme vous le savez, ils ont commencé à promouvoir activement l’initiative de tenir en Suisse ce qu’on appelle une conférence internationale de haut niveau sur la paix en Ukraine. Ils prévoient de la tenir juste après le sommet du G7, c’est-à-dire le groupe de ceux dont la politique a enflammé le conflit en Ukraine. Ce que proposent les organisateurs de la rencontre en Suisse n’est qu’un autre subterfuge pour détourner l’attention générale, inverser les causes et les conséquences de la crise ukrainienne, détourner la discussion sur une fausse piste et, dans une certaine mesure, donner une apparence de légitimité au pouvoir exécutif actuel en Ukraine une fois de plus.

Il est donc logique qu’aucune des questions véritablement fondamentales à la base de la crise actuelle de la sécurité internationale et de la stabilité, les véritables racines du conflit ukrainien, ne soit discutée en Suisse, malgré toutes les tentatives de donner à l’ordre du jour de la conférence une apparence plus ou moins respectable.

On peut déjà s’attendre à ce que tout se réduise à des discours démagogiques et à de nouvelles accusations de la Russie. Le projet est clair: attirer autant de pays que possible et, au final, présenter la situation comme si les recettes et les règles occidentales étaient partagées par toute la communauté internationale, et que notre pays devrait donc les accepter sans réserve.

Comme vous le savez, nous n’avons naturellement pas été invités à cette rencontre en Suisse. En réalité, ce ne sont pas des négociations, mais une tentative d’un groupe de pays d’imposer leur ligne, de résoudre des questions qui touchent directement à nos intérêts et à notre sécurité selon leur propre volonté.

Je tiens à souligner à cet égard que sans la participation de la Russie, sans un dialogue honnête et responsable avec nous, il est impossible de parvenir à une solution pacifique en Ukraine et à une sécurité européenne globale.

Pour l’instant, l’Occident ignore nos intérêts tout en interdisant à Kiev de négocier et en nous appelant hypocritement à des pourparlers. Cela semble tout simplement idiot: d’un côté, ils interdisent à Kiev de négocier avec nous, et de l’autre, ils nous appellent à des pourparlers et insinuent que nous refusons les négociations. C’est absurde. Nous vivons dans un monde à l’envers.

Premièrement, ils devraient donner à Kiev l’ordre de lever l’interdiction, l’auto-interdiction de négocier avec la Russie. Et deuxièmement, nous sommes prêts à nous asseoir à la table des négociations dès demain. Nous comprenons toute la particularité de la situation juridique, mais il y a des autorités légitimes, même selon la Constitution, je viens de le dire, avec lesquelles nous pouvons négocier. Nous sommes prêts. Nos conditions pour entamer de telles discussions sont simples et se résument aux points suivants.

Je vais maintenant prendre un peu de temps pour retracer toute la chaîne des évènements, afin qu’il soit clair que pour nous, ce que je vais dire n’est pas une position circonstancielle du moment, mais une position que nous avons toujours maintenue, cherchant toujours la paix.

Ces conditions sont très simples. Les troupes ukrainiennes doivent être complètement retirées des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporojié. Je précise, de tout le territoire de ces régions dans leurs frontières administratives existantes au moment de leur intégration à l’Ukraine.

Dès que Kiev déclarera qu’il est prêt à une telle solution et commencera le retrait réel des troupes de ces régions, et notifiera officiellement son renoncement à adhérer à l’Otan, de notre côté, un ordre de cessez-le-feu et d’entamer des négociations suivra immédiatement, littéralement à la même minute. Je le répète, nous le ferons immédiatement. Naturellement, nous garantirons en même temps le retrait sûr et sans entrave des unités et formations ukrainiennes.

Nous espérions bien sûr que Kiev prendrait une telle décision, concernant le retrait des troupes, le statut non aligné et l’ouverture d’un dialogue avec la Russie en tenant compte des réalités actuelles et en étant guidé par les véritables intérêts nationaux du peuple ukrainien, et non sous les ordres de l’Occident. Cependant, il y a évidemment de grands doutes à ce sujet.

Néanmoins, je voudrais rappeler quelques éléments importants. Comme je l’ai mentionné, j’aimerais retracer la chronologie des évènements une fois de plus. Prenons le temps de le faire.

Lors des évènements sur le Maïdan à Kiev en 2013-2014, la Russie a proposé à plusieurs reprises son aide pour résoudre constitutionnellement la crise, qui était en réalité orchestrée de l’extérieur. Revenons à la chronologie des évènements de fin février 2014.

Le 18 février, des affrontements armés provoqués par l’opposition ont éclaté à Kiev. Plusieurs bâtiments, dont la mairie et la Maison des syndicats, ont été incendiés. Le 20 février, des snipers inconnus ont ouvert le feu sur les manifestants et les forces de l’ordre, montrant que ceux qui préparaient le coup d’État armé faisaient tout pour pousser la situation vers plus de violence et de radicalisation. Les personnes qui étaient dans les rues de Kiev, exprimant leur mécontentement à l’égard du pouvoir en place, ont été utilisées intentionnellement à des fins égoïstes, comme de la chair à canon. Exactement comme ils le font aujourd’hui, en mobilisant et en envoyant des gens à la mort. Pourtant, il y avait alors une possibilité de sortir de cette situation de manière civilisée.

Le 21 février, un accord a été signé entre le président ukrainien en exercice et l’opposition pour résoudre la crise politique. Les garants de cet accord étaient les représentants officiels de l’Allemagne, de la Pologne et de la France. Cet accord prévoyait un retour à une forme de gouvernement parlementaire-présidentielle, une élection présidentielle anticipée, la formation d’un gouvernement de confiance nationale, ainsi que le retrait des forces de l’ordre du centre de Kiev et le désarmement de l’opposition.

J’ajouterai que le parlement ukrainien a adopté une loi excluant les poursuites pénales contre les participants aux manifestations. Cet accord, qui aurait permis d’arrêter la violence et de ramener la situation dans le cadre constitutionnel, existait bel et bien. Cet accord a été signé, bien que Kiev et l’Occident préfèrent ne pas s’en souvenir.

Aujourd’hui, je vais révéler un autre fait important qui n’a jamais été rendu public auparavant. Littéralement au même moment, le 21 février, à l’initiative des États-Unis, une conversation a eu lieu avec mon homologue américain. Le fond de cette conversation était le suivant: le dirigeant américain a clairement soutenu l’accord entre les autorités et l’opposition de Kiev. De plus, il l’a qualifié de véritable percée, une chance pour le peuple ukrainien de prévenir une escalade incontrôlable de la violence.

Par la suite, lors de nos discussions, nous avons conjointement élaboré la formule suivante: la Russie s’efforcerait de convaincre le président ukrainien en exercice de faire preuve de la plus grande retenue, de ne pas utiliser l’armée ni les forces de l’ordre contre les manifestants. Les États-Unis, de leur côté, appelleraient l’opposition à rétablir l’ordre, à libérer les bâtiments administratifs et à apaiser la rue.

Tout cela devait créer les conditions nécessaires pour que la vie dans le pays revienne à la normale, dans le cadre constitutionnel et juridique. Nous nous étions globalement engagés à travailler ensemble pour une Ukraine stable, paisible et en développement normal. Nous avons tenu parole. Le président ukrainien de l’époque Ianoukovitch, qui en réalité ne prévoyait pas d’utiliser l’armée, ne l’a pas fait, et de plus, il a même retiré des unités de police supplémentaires de Kiev.

Et qu’ont fait nos collègues occidentaux? Dans la nuit du 21 au 22 février et durant toute la journée qui a suivi, alors que le président Ianoukovitch se rendait à Kharkov pour participer à un congrès des députés des régions du sud-est de l’Ukraine et de la Crimée, les radicaux, malgré tous les accords et les garanties de l’Occident (de l’Europe et des États-Unis), ont pris le contrôle par la force du bâtiment du parlement, de l’administration présidentielle et du gouvernement. Aucun des garants de ces accords de règlement politique, que ce soit les États-Unis ou les Européens, n’a levé le petit doigt pour respecter leurs engagements, pour appeler l’opposition à libérer les bâtiments administratifs occupés et à renoncer à la violence. Il est évident que ce scénario les arrangeait, et il semble même qu’ils étaient les auteurs de ce développement.

Le 22 février 2014, le parlement ukrainien a adopté, en violation de la Constitution ukrainienne, une résolution sur le prétendu renvoi de Ianoukovitch de ses fonctions de président et a fixé des élections anticipées au 25 mai. Ainsi, le coup d’État armé, provoqué de l’extérieur, a été accompli. Les radicaux ukrainiens, avec le consentement tacite et le soutien direct de l’Occident, ont saboté toutes les tentatives de sortir de la situation de manière pacifique.

Ensuite, nous avons exhorté Kiev et les capitales occidentales à engager un dialogue avec les habitants du sud-est de l’Ukraine, à respecter leurs intérêts, leurs droits et leurs libertés. Non, le régime qui a pris le pouvoir à la suite du coup d’État a choisi la guerre, lançant au printemps et à l’été 2014 des actions répressives contre le Donbass. La Russie a de nouveau appelé à la paix.

Nous avons tout fait pour résoudre les graves problèmes dans le cadre des accords de Minsk, mais l’Occident et les autorités de Kiev n’avaient pas l’intention de les mettre en œuvre. Bien qu’en paroles nos collègues occidentaux, y compris le locataire de la Maison Blanche, nous aient assuré que les accords de Minsk étaient importants et qu’ils étaient attachés à leur mise en œuvre. Selon eux, cela permettrait de résoudre la situation en Ukraine, de stabiliser et de prendre en compte les intérêts des habitants de l’est. Au lieu de cela, ils ont organisé un blocus du Donbass. Les forces armées ukrainiennes se préparaient méthodiquement à une opération d’envergure pour détruire les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk.

Les accords de Minsk ont été définitivement enterrés par le régime de Kiev et l’Occident. C’est pourquoi en 2022, la Russie a été contrainte de lancer l’opération militaire spéciale pour mettre fin à la guerre dans le Donbass et protéger les civils contre le génocide.

Dès le début, nous proposions des solutions diplomatiques à la crise, comme je l’ai mentionné aujourd’hui. Cela incluait des négociations en Biélorussie, en Turquie, et le retrait des troupes de Kiev pour créer les conditions nécessaires à la signature des accords d’Istanbul, qui avaient été globalement acceptés par toutes les parties. Mais nos tentatives ont été rejetées de nouveau. L’Occident et Kiev ont choisi de nous infliger une défaite. Cependant, comme on le sait, tout cela a échoué.

Aujourd’hui, nous faisons une autre proposition concrète et réaliste pour la paix. Si Kiev et les capitales occidentales la rejettent, comme auparavant, ce sera leur affaire, leur responsabilité politique et morale pour la poursuite de l’effusion de sang. Il est évident que les réalités sur le terrain, sur la ligne de front, continueront de changer au détriment du régime de Kiev, et les conditions pour le début des négociations seront différentes.

Je souligne l’essentiel: notre proposition ne concerne pas un cessez-le-feu temporaire ou une suspension des hostilités, comme le souhaite l’Occident pour reconstituer ses pertes, réarmer le régime de Kiev et le préparer à une nouvelle offensive. Je répète: il ne s’agit pas de geler le conflit, mais de le résoudre définitivement.

Je le répète: dès que Kiev acceptera la démarche que nous proposons aujourd’hui, à savoir le retrait total de ses troupes des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Zaporojié et de Kherson, et commencera réellement ce processus, nous serons prêts à entamer des négociations sans délai.

Notre position de principe est la suivante: un statut neutre, non aligné et non nucléaire pour l’Ukraine, sa démilitarisation et sa dénazification, d’autant plus que ces paramètres ont été globalement acceptés lors des négociations d’Istanbul en 2022. À ce moment-là, tout était clair en ce qui concerne la démilitarisation: le nombre de chars, d’équipements. Tout était négocié.

Les droits, les libertés et les intérêts des citoyens russophones en Ukraine doivent être pleinement garantis, et les nouvelles réalités territoriales doivent être reconnues, y compris le statut de la Crimée, de Sébastopol, des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporojié en tant qu’entités de la Fédération de Russie. Ces principes fondamentaux doivent être entérinés sous la forme d’accords internationaux. Naturellement, cela implique également l’annulation de toutes les sanctions occidentales contre la Russie.

Je crois que la Russie propose une solution qui permettrait de mettre fin à la guerre en Ukraine de manière réelle. Nous appelons à tourner la page tragique de l’histoire et, bien que difficilement, progressivement, étape par étape, à commencer à rétablir des relations de confiance et de bon voisinage entre la Russie et l’Ukraine et en Europe dans son ensemble.

En résolvant la crise ukrainienne, nous serions prêts, avec nos partenaires de l’OTSC et de l’OCS, qui contribuent de manière significative et constructive à la recherche de solutions pacifiques à la crise ukrainienne, ainsi qu’avec les États occidentaux, y compris européens, à entamer un dialogue et à entreprendre la tâche fondamentale dont j’ai parlé au début de mon discours, à savoir la création d’un système de sécurité eurasiatique indivisible prenant en compte les intérêts de tous les États du continent sans exception.

Il est clair qu’un retour littéral aux propositions de sécurité que nous avions formulées il y a 25, 15 ou même 2 ans est impossible, trop de choses ont changé. Cependant, les principes fondamentaux et, surtout, l’objet même du dialogue restent les mêmes. La Russie reconnaît sa responsabilité pour la stabilité mondiale et réaffirme sa volonté de dialoguer avec tous les pays. Mais il doit s’agir d’une discussion sérieuse et approfondie sur toutes les questions de sécurité mondiale, et non d’une imitation du processus de paix destinée à servir des intérêts égoïstes.

Chers collègues! Je suis certain que vous comprenez bien les vastes défis auxquels la Russie est confrontée et tout ce que nous devons accomplir, notamment en matière de politique étrangère.

Je vous souhaite sincèrement beaucoup de succès dans ce travail difficile visant à assurer la sécurité de la Russie, à défendre nos intérêts nationaux, à renforcer la position de notre pays dans le monde, à promouvoir les processus d’intégration et à développer nos relations bilatérales avec nos partenaires.

De notre côté, les autorités de l’État continueront à apporter le soutien nécessaire au Ministère des Affaires étrangères et à tous ceux qui participent à la mise en œuvre de la politique étrangère de la Russie.

Merci encore pour votre travail, merci pour votre patience et votre attention portée à ce qui a été dit. Je suis sûr qu’ensemble nous réussirons.

Merci beaucoup

 

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