Guerre à Gaza : une soixantaine de corps découverts alors qu’Israël vide la ville de Gaza

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 12 juillet 2024

       Quatre morts, dont un enfant, ont été transportés à l’hôpital Nasser de Rafah après des raids israéliens sur le quartier de Tal al-Sultan. © Omar AL-QATTAA / AFP

 

Du nord au sud de l’enclave palestinienne les raids meurtriers se poursuivent. La population subit l’exode dans des conditions effroyables. Dans le quartier de Choujaïya, une soixantaine de corps ont été découverts.


Une soixantaine de corps ont été découverts jeudi sous des décombres à Choujaïya, un quartier est de la ville de Gaza, après la fin (provisoire) d’une vaste opération israélienne qui a dévasté le secteur. Un quartier meurtri à chaque guerre menée par Israël comme en 2014 où des snipers israéliens avaient ciblé des secouristes venus aider les habitants. Et à chaque fois la même explication de l’armée israélienne à savoir le démantèlement de tunnels et l’élimination de « dizaines de terroristes ». Désormais, « 85 % des immeubles (du quartier) sont inhabitables », sans compter la totalité des infrastructures qui ont été « démolies », a déclaré dans un communiqué le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Basal.


Quatre morts, dont un enfant, ont été transportés à l’hôpital Nasser de Rafah après des raids israéliens sur le quartier de Tal al-Sultan, dans l’ouest de la ville. Dans le centre de la bande de Gaza, quatre personnes ont également été tuées dans une frappe israélienne sur le camp de réfugiés de Nousseirat.

La situation dans le territoire assiégé est désastreuse


L’aide humanitaire est en attente du côté palestinien du point de contrôle de Kerem Shalom (sud). Tel Aviv cherche maintenant à vider totalement la ville de Gaza de sa population. Mercredi, l’armée a ordonné à tous les habitants d’évacuer, soit quelque 300 000 à 350 000 personnes, selon l’ONU.


Dans des tracts, elle avait averti que la ville, où elle avait pourtant annoncé début janvier avoir « achevé le démantèlement de la structure militaire » du Hamas, restait « une dangereuse zone de combat ». Elle a annoncé jeudi poursuivre son opération dans le centre. « À toutes les personnes présentes dans la ville de Gaza, des corridors de sécurité vous permettent de vous rendre rapidement et sans inspection de la ville de Gaza vers des abris à Deir el-Balah et Al-Zawiya », indique un tract vu par un correspondant de l’AFP.


Alors que les civils de Gaza continuent d’être évacués du nord au sud, ils sont dirigés par l’armée israélienne vers la zone d’al-Mawasi, une zone déclarée sûre. Mais la région n’est rien de plus qu’une bande de terre sablonneuse pour que les gens puissent profiter de l’été sans aucune infrastructure, explique Fidaa al-Araj, conseillère l’organisation caritative britannique Oxfam.

De légers « progrès » dans les négociations


Pendant ce temps, des discussions se tenaient au Qatar entre Israël et le Hamas sous l’égide du Qatar, de l’Égypte et des États-Unis, à propos desquelles le président américain Joe Biden a fait état de « progrès », sans développer davantage. Le Hamas a annoncé dimanche une concession, disant accepter de négocier sur la libération des otages en l’absence d’un cessez-le-feu permanent avec Israël, qu’il avait jusqu’à présent toujours réclamé.


Benyamin Netanyahou a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas. Jeudi soir, il a déclaré que son pays voulait conserver le contrôle d’une zone de la bande de Gaza frontalière de l’Égypte conquise début mai afin d’empêcher la « contrebande d’armes » à destination des organisations palestiniennes à partir de l’Égypte voisine.


Cette exigence de conserver le « couloir de Philadelphie et le point de passage de Rafah » fait partie des « quatre principes » posés par Israël dans le cadre des négociations en vue d’un accord de cessez-le-feu à Gaza et de libération des otages, a dit le premier ministre israélien, alors que le Hamas exige de son côté l’évacuation de cette zone par l’armée israélienne. Par ailleurs, s’agissant de l’avenir de la bande de Gaza, l’organisation palestinienne a proposé qu’un gouvernement indépendant formé de personnalités n’appartenant à aucun parti dirige la bande de Gaza et la Cisjordanie après la guerre.


« L’administration de Gaza après la guerre est une affaire palestinienne interne ne devant souffrir aucune ingérence extérieure, et nous ne discuterons pas (de l’après-guerre) à Gaza avec une quelconque partie étrangère », a fait savoir Hossam Badran, membre du bureau politique du Hamas.
 

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