Quel rapport de forces en France après les législatives

Publié le par FSC

Faire vivre et renforcer le PCF

, par  Pierre-Alain MILLET

Certains ont fait la fête ce dimanche 7 juillet au soir parce-que la gauche serait "arrivée en tête" au deuxième tour des législatives. Beaucoup en fait étaient soulagés d’avoir fait barrage à l’extrême-droite qui menaçait, et contrairement à 2022 où les discussions étaient vives entre ceux qui refusaient de voter Macron au 2eme tour et ceux qui voulaient faire barrage, toute la gauche a appelé au barrage, et la mobilisation populaire a été forte avec un effet très net, réélisant les candidats macronistes qui n’auraient pu être élus seuls face au RN

C’était le premier objectif de l’accord du nouveau Front Populaire, empêcher l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir. Mais tous les problèmes restent et il est urgent d’ouvrir en grand le débat dans le monde du travail et les quartiers populaires.
- Quel est le rapport de forces réel dans la société, comment gagner de vraies mesures sociales sans mettre en cause la domination des plus riches, des "premiers de cordées" de Macron ?
- Comment faire une politique de gauche qui n’est soutenue que par moins de 30% des exprimés, moins de 20% des inscrits, et avec toutes les confusions et contradictions internes à la gauche ?
- Comment faire une politique de gauche dans un "Front Républicain" avec ceux qui dans le gouvernement Hollande puis Macron ont affaibli les services publics, précarisé le travail, aggravé les inégalités ?

Commençons par regarder la réalité du vote des Français entre les deux tours ce qui conduit à regarder différemment son résultat sur l’assemblée.

En nombre de voix exprimées ce 7 juillet, dans les 502 circonscriptions qui votaient (75 députés avaient déja été élus au premier tour), l’extrême-droite arrive largement en tête avec 10 millions de voix soit 37% des exprimés, quand la gauche atteint 7,5 millions de voix et 27% des exprimés. Certes, le désistement républicain permet d’obtenir plus de députés de gauche que du RN, mais en ne mobilisant que 17% des inscrits alors que l’extrême-droite seule progresse légèrement sur le premier tour, passant de 22% à 23% des inscrits.

Le choc du premier tour et la puissance du vote d’extrême-droite n’ont pas disparus, ils ne se sont pas transformés en députés RN, c’était l’objectif du front populaire, mais le problème reste entier, les milieux populaires sont profondément divisés par l’installation de l’extrême-droite partout hors métropoles et premières couronnes...

Le résultat en siège a permis d’éviter le pire, mais il ne faut pas se tromper sur l’évolution. L’extrême-droite gagne 61 sièges, plus que la gauche qui en gagne 44. Et si la macronie perd 95 sièges, à vrai dire, c’est elle qui bénéficie peut-être le plus du désistement républicain, car elle se serait effondré totalement sinon.

A noter que comme évoqué, l’effet de l’accord électoral à gauche issu de l’accord de la NUPES de 2022 est fortement favorable aux socialistes (+33 élus) et aux écologistes (+10 élus) et très défavorable au PCF (-8 élus). On peut le comprendre pour le PS qui avait réalisé un score élevé aux dernières européennes, c’est plus surprenant pour les écologistes qui sortaient eux d’un très mauvais résultat. En fait, comme le montre l’étude publiée sur cet accord inégal dans la bataille contre l’extrême-droite, le PCF s’est retrouvé seul dans les zones ouvrières hors métropoles face à l’extrême-droite et s’il avait obtenu de belles victoires en 2022, la vague était trop forte cette année. Les socialistes et les écologistes gagnent leur siège dans le cœur des métropoles où l’extrême-droite reste marginalisée.

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