Décès de Marie-Rose Pineau, militante de l'Humanité

Publié le par FSC

Pierre-Henri Lab
L'Humanité du 15 août 2024

 

L’ancienne journaliste à l’Humanité, secrétaire générale puis administratrice du journal s’est éteinte à 98 ans.
Notre collègue et camarade, Marie-Rose Pineau est décédée à l’âge de 98 ans. Elle avait consacré 36 ans de sa vie professionnelle à son journal L’Humanité. Retraitée, elle avait continué à se battre pour son existence en militant aux Amis de l’Humanité et en répondant à chaque appel à la mobilisation du journal.

Née, à Tulle (Corrèze) le 21 septembre 1925, Marie-Rose y fit ses études primaires et secondaires et y obtint le baccalauréat. Boursière, elle fut étudiante à Paris au lycée Fénelon en hypokhâgne et en khâgne. Elle obtint ensuite une licence de lettres classiques à la Sorbonne.

En 1946, elle adhéra au Parti communiste français. Elle fut notamment membre du comité de section de Nanterre (Hauts-de-Seine), ville où elle s’était installée avec son mari Jacques et leurs enfants. Rédactrice du journal local, L’éveil de Nanterre, elle avait intégré la rédaction de l’Humanité en avril 1950, relate l’historien Claude Willard dans la biographie qu’il lui a consacrée dans le Maitron.

D’abord journaliste à la rubrique « Front du travail » où elle mena de nombreuses enquêtes et reportages sur le monde du travail et les grèves, elle fut ensuite responsable de la rubrique politique. En 1964, sur proposition d’Étienne Fajon, elle fut nommée secrétaire générale de la rédaction de l’Humanité et de l’Humanité dimanche.

À ce poste qu’elle occupa jusqu’en 1976, elle s’employa en particulier au rajeunissement et à la féminisation de la rédaction. En mai 1976, à la demande de Roland Leroy, elle devint la première femme administratrice de l’Humanité. Elle fut également vice-présidente du Syndicat de presse parisienne et la première femme élue au bureau de la Fédération de la presse.

Après sa retraite en 1986, elle s’investit dans la vie démocratique de sa ville de Nanterre dont elle fut maire-adjointe jusqu’en 1995. Le 31 janvier 2000, elle s’était vue remettre l’insigne de chevalière de la légion d’honneur des mains d’Edmonde Charles-Roux qui avait salué « une femme volontaire, une femme de responsabilité ».

Les obsèques de Marie-Rose Pineau auront lieu mardi 20 août à 10 heures au crématorium du Mont-Valérien (rue du Calvaire à Nanterre). L’inhumation aura lieu au cimetière du Mont-Valérien à 14 h 30 (ni fleurs ni couronnes). L’Humanité présente ses condoléances à sa famille et ses proches.

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D'après Le Maitron :

 

PINEAU Marie-Rose, Paulette, Antoinette, née PEYRAT Marie-Rose

Née le 21 septembre 1925 à Tulle (Corrèze) ; journaliste à l’Humanité depuis 1950 : rédactrice à la rubrique « Front du travail », puis secrétaire générale de la rédaction (1961-1976) et administratrice du journal (1976-1986) ; adjointe au maire de Nanterre (1986-1995).

 

Le père de Marie-Rose Pineau, Alexandre Peyrat, directeur de la Banque populaire de Tulle, était franc-maçon. Sa mère, née Fanny Borie, ouvrit, après la mort de son mari (en 1941), une petite épicerie.

Marie-Rose Peyrat fit ses études primaires et secondaires à Tulle, où elle passa son baccalauréat. Boursière, elle suivit à Paris, au lycée Fénelon, les classes d’hypokhâgne et de khâgne. Elle se maria, le 31 décembre 1946, avec Jacques Pineau, dessinateur. Le couple eut trois garçons : Jean-Pierre (décembre 1947), Alain (février 1956) et Marc (mai 1960).

Tout en préparant à la Sorbonne une licence de lettres classiques, Marie-Rose Peyrat multiplia les « petits boulots » : employée de bibliothèque au Muséum, femme de ménage, cabinet dentaire. Sous l’influence surtout d’une de ses amies, Colette Moat (plus tard, épouse Privat), Marie-Rose Pineau adhéra au PCF, en décembre 1946, à Paris (VIe arr.) ; après une école de section (mars 1949), elle appartint au comité de section de Nanterre (1949-1994) et au comité de rédaction du journal communiste local, L’Éveil.

En février-mars 1950, Marie-Rose Pineau suivit un stage de presse et devint rédactrice à l’Humanité en avril 1950. Elle fut affectée à la rubrique « Front du travail », aux côtés de Jean Rabaté et de Nelly Feld. En liaison étroite avec la direction de la CGT, elle multiplia les enquêtes sur la vie des travailleurs, notamment des femmes, des immigrés, et couvrit les grèves d’août 1953 ; elle devint l’adjointe de Rabaté ; puis, lorsque les rubriques « Front du travail » et « Politique » fusionnèrent, elle en fut coresponsable avec Laurent Salini.

De 1964 à 1976, Marie-Rose Pineau fut, sur proposition d’Étienne Fajon, secrétaire générale de la rédaction de l’Humanité et de l’Humanité-Dimanche. elle s’attacha notamment à rajeunir et à féminiser le recrutement des rédacteurs (Françoise Colpin, Dominique Bari, Françoise Germain-Robin, Magali Jauffret, Claude Cabanes, José Fort, Jack Dion, Charles Silvestre...) ; elle s’efforça aussi de moderniser les méthodes de travail, par l’informatisation et la formation professionnelle à l’École de journalisme.

De mai 1976 à octobre 1986, Marie-Rose Pineau fut, sur demande de Roland Leroy, administratrice de l’Humanité, poste dévolu pour la première fois à une femme. Elle eut sous sa responsabilité la Fête de l’Humanité, dont elle développa le caractère régional. Avec l’aide de Georges Gosnat, elle prépara financièrement et matériellement le très complexe déménagement du journal du boulevard Poissonnière à Saint-Denis ; elle fut aussi vice-présidente du Syndicat de la presse parisienne et seule femme élue au bureau de la Fédération de la presse, postes qu’elle occupa encore après sa retraite (octobre 1986).

Après la mort, en 1976, de son mari, adjoint au maire de Nanterre, Marie-Rose Pineau fut élue conseillère municipale de la ville (mars 1977) et, de 1986 à 1995, adjointe au maire. Elle fut d’abord chargée de la communication et présida le groupe communiste du conseil municipal. Ensuite, avec Jacqueline Fraysse-Cazalis, elle fut adjointe aux finances, à la vie des quartiers et présida l’office HLM.

Après son départ volontaire du conseil municipal, en 1995, Marie-Rose Pineau demeura fort active : présidente du centre culturel de Nanterre, trésorière des Amis de l’Humanité et secrétaire de l’association « Femmes et Communistes ».

Décoration : Officier de la Légion d’honneur.

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Eh nous nous souvenons avec émotion de l'accompagnement bienveillant et avisé, du "suivi" comme on disait à l'époque de la cellule Paul Langevin  du PCF des personnels administratifs de l'université de Nanterre de la part de Marie-Rose dans les années 80.

G. Rodriguez

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