Gaza : où en est cessez-le-feu ?

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 11 août 2024

L’enclave palestinienne est soumise à un feu roulant qui s’est encore traduit, samedi, par le bombardement de l’école al-Tabi’een dans la ville de Gaza. © Omar AL-QATTAA / AFP

Les États-Unis, l’Égypte et le Qatar entendent reprendre les discussions pour un cessez-le-feu, mais les conditions sont-elles vraiment réunies ? Une école de Gaza a encore été bombardée, faisant près de 100 morts, dont de nombreux enfants.
La semaine qui commence va-t-elle enfin être décisive pour aboutir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza ? La tension est à son comble dans la région après les assassinats de Fouad Chokr, chef militaire du Hezbollah libanais à Beyrouth, puis d’Ismaïl Haniyeh, numéro un du Hamas, à Téhéran.


L’enclave palestinienne est soumise à un feu roulant qui s’est encore traduit, samedi, par le bombardement de l’école al-Tabi’een dans la ville de Gaza, où 250 personnes, en majorité des femmes et des enfants, avaient trouvé refuge. Près de 100 d’entre elles ont trouvé la mort. « Israël commet un génocide des Palestiniens, un quartier à la fois, un hôpital à la fois, une école à la fois, un camp de réfugiés à la fois », a accusé la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese.

Aucune justification à ce nouveau massacre


Les États-Unis se sont dits « profondément préoccupés ». Plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, la Turquie, l’Arabie saoudite, le Qatar, la Russie et l’Iran, ainsi que l’Union européenne l’ont condamnée. « Au moins dix écoles ont été ciblées ces dernières semaines. Il n’y a pas de justification à ces massacres », a dénoncé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Selon l’armée israélienne, « les terroristes opéraient depuis l’intérieur de l’enceinte » de l’école « dans le but de mener des attaques contre les soldats ». Elle affirme avoir tué 19 combattants du Hamas, sans en apporter la moindre preuve et surtout sans le moindre remord pour avoir tué cinq fois plus de civils que de combattants.


Dans la bande de Gaza, la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés. Près de 40 000 d’entre eux ont été tués, sans compter ceux qui se trouvent encore sous les décombres. Après trois cent dix jours de guerre, Israël n’est toujours pas parvenu à son objectif déclaré : détruire le Hamas, ce que Tel-Aviv tente en réduisant en ruines tout un territoire.


La frappe contre l’école est survenue au lendemain de l’annonce par Israël de la reprise, à partir du 15 août, des discussions indirectes sur une trêve à Gaza, associée à la libération des otages. Les autorités israéliennes y sont-elles réellement favorables ? Le quotidien Haaretz cite une source israélienne anonyme qui affirme que le chef du Hamas, Yahya Sinwar, est intéressé par un accord. « La question est de savoir si Netanyahou le veut, ou s’il va adhérer à l’ultimatum de Ben-Gvir (ministre d’extrême droite – NDLR) qui a promis de dissoudre le gouvernement. Netanyahou se montrera à la hauteur de l’occasion et conduira à la libération des otages ou préférera-t-il sauver sa coalition ? » se demande-t-elle.


Alors qu’une délégation américaine comprenant notamment le secrétaire d’État, Antony Blinken, et le chef de la CIA, William Burns, doit arriver dans la région, les représentants de l’Iran à l’ONU ont fait savoir que les représailles attendues après l’assassinat du leader palestinien seront menées « d’une manière qui ne soit pas au détriment d’un cessez-le-feu à Gaza. (…) Notre priorité est de l’établir durablement ; tout accord accepté par le Hamas sera également reconnu par nous ».

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