La lueur accompagne toujours les ténèbres
On reprend un très bel habit nommé « Front populaire », on se fait beau sans vouloir vraiment voir le véritable orage qui arrive et qui sera sans doute encore plus terrible que la menace de ce pantin abject du capital exhibé comme sauveur national. Je mets aussi l’habit du Front populaire car il n’y a pas pour le moment d’autre choix possible pour les hommes libres, parce que dans l’histoire il faut ne pas passer à côté de la moindre lueur d’espoir, de la moindre chance de relever la tête. Cependant il ne faut avoir aucune illusion et ne pas faire croire que ce nouveau Front populaire aurait une similitude historique avec l’ancien qui lui était un véritable front politique de masse et de classe mené dans une grève générale du monde du travail avec une conscience relativement élevée de la lutte des classes de l’époque et donc des rapports de force.
Les forces actuelles en jeu sont telluriques et elles dépassent notre patrie. Quand l’orage et le séisme s’annoncent il ne faut pas seulement lancer l’alerte, il faut préparer l’après tempête en regardant l’avenir sans s’accrocher aux reliques du passé mais juste observer sa réalité profonde, sa densité historique qui nous parle et nous ordonne de déceler dans le présent ce qui permettra de nous émanciper.
La paresse, les habitudes et la séduction du futile de la société libérale-libertaire, la promotion et la prévalence du sociétal sur le social typique de la gauche populiste sont des boomerangs qui vont faire mal à ceux qui ont toujours voulu ignorer que la démocratie est un combat, à ceux qui décident pour les prolétaires en les méprisant, à ceux qui dirigent sans écouter la "piétaille" prolétarienne qui, abandonnée, se tourne pour une part vers le fascisme.
Le philosophe nous dit qu’il y a urgence à faire un détour, urgent de se poser dans la vaste plaine de la théorie pour déceler ce qui arrive à l’horizon. Or si au siècle dernier le PCF avait encore des cadres et des dirigeants théoriciens maîtrisant le marxisme, les 50 dernières années ont enterré cette génération lucide qui mettait l’organisation et l’éducation du parti comme prioritaire et préalable à toute considération électorale. Oui mille fois oui comme le dit Lénine et comme le répète inlassablement le philosophe et ami Dominique Pagani : il est urgent de faire un détour par la théorie pour mieux revenir au concret de la pratique.
Ce travail théorique allumera-t-il la mèche du mouvement de l’histoire pour donner au prolétariat la direction juste qui lui permettra de ne plus être désorienté et trahi ? Et comme le dit Louis Aragon : « Il faut savoir regarder le néant en face pour savoir en triompher ». La probabilité est mince, les couards sont à l’œuvre tout comme les illusionnistes, et même ceux qui parfois, de bonne foi, cèdent à l’opportunisme plutôt que de chercher la vérité, mais il faut tenter de la trouver même dans le néant qui s’annonce car la lueur accompagne toujours les ténèbres.
Les travailleurs doivent compter sur eux mêmes car il n’y a pas de sauveur ni de tribun ni aucun gouvernement à lui seul qui puisse transformer une société qui, il faut en être bien conscient, nécessite une révolution démocratique d’ampleur, une intervention complètement maîtrisée par les éléments les plus avancés du mouvement social et majoritairement portée par tout un peuple éduqué politiquement.
La tâche est donc extrêmement ardue et il faut pourtant travailler, pas à pas en luttant contre tous les populismes, tous les opportunismes y compris ceux de gauche qui gangrènent l’espoir et détruisent toute perspective de véritable transformation. Pour cela les enseignements de Marx et de Lénine, et d’autres penseurs qui poursuivent leur œuvre doivent être assimilés de façon systématique et mis en pratique de façon créative, c’est à quoi doit servir un véritable Parti communiste.
C’est par cette éducation populaire que le monde du travail prendra conscience de son rôle émancipateur pour lui-même et pour toute l’humanité.