Victoire contre la répression : le licenciement de Jordan Robichon, militant CGT Énergie, est annulé
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Grâce à l’importante mobilisation en soutien au syndicaliste CGT GRDF d’Île-de-France, Jordan Robichon, la procédure de licenciement qui le visait en raison de son activité syndicale a finalement été annulée.
Alors que la répression contre les militants politiques et syndicaux dans toute la France a atteint une intensité inédite ces derniers mois, Jordan Robichon, travailleur à GRDF et militant CGT ciblé par une procédure de licenciement depuis 1 an et demi, à titre de sanction pour son activité syndicale, vient d’obtenir l’annulation de toute la procédure. Une victoire importante alors que, comme le rapportait Sophie Binet en décembre 2023, c’est en ce moment même, à la seule échelle de la CGT, plus de 1000 militants qui subissent une répression patronale en raison de leur militantisme syndical. Le rejet du licenciement de Jordan, d’abord par l’inspection du travail en novembre 2023, puis par le ministère cette semaine, est un sérieux revers pour tous les patrons qui cherchent à combattre par tous les moyens les droits syndicaux.
« L’annonce de cette victoire, c’est quelque chose de magnifique, ça montre que quand on va au bout des choses en étant en adéquation avec ses valeurs, on peut gagner contre les grandes entreprises du CAC 40 » affirme Jordan, interrogé par Révolution Permanente. Le militant nous rapporte également que : « Quand la direction s’est rendue compte que j’allais être victorieux, ils m’ont proposé un pont d’or pour que j’arrête de militer, ils ont voulu me mettre au placard. C’était une autre façon de me mettre la pression après que leurs intimidations aient échoué. J’ai évidemment refusé. Ils ont essayé de me faire passer pour quelqu’un de violent, de salir mon nom et celui d’Aminata, maintenant on ne va rien lâcher jusqu’à la victoire. »
Pour rappel, Jordan Robichon était sous le coup d’une procédure de licenciement depuis 2022, pour avoir accompagné sa collègue Aminata lors d’une audition avec la direction. Cette dernière, figure de lutte pour les salaires sur son site, avait exigé une audition afin de dénoncer le racisme et le sexisme dont elle était victime, au lieu de quoi ses patrons s’en étaient servis pour lui annoncer son licenciement ainsi que celui de Jordan.
Ces procédures abusives sont bien évidemment ciblées. En effet, la combativité d’un grand nombre d’ouvriers énergéticiens est depuis longtemps une épine dans le pied du conseil d’administration du plus gros distributeur de gaz en Europe, GRDF. Pendant la réforme des retraites, c’est quasiment la moitié des travailleurs du géant de l’énergie qui se sont lancés dans une grève reconductible ponctuée de démonstrations spectaculaires comme les actions « Robin des bois » (rendant par exemple gratuite l’électricité pour les petits commerces et dans les quartiers populaires). Une réappropriation radicale de leur outil de production par les travailleurs qui n’est évidemment pas du goût de leurs supérieurs, qui seraient bien incapables de se servir de la moindre machine mais sont par contre très à l’aise avec une calculatrice lorsqu’il s’agit de refuser les moindres augmentations de salaires à ceux qui font tourner la boîte.
En plus de Jordan et d’Aminata, ce sont Matthyeu, Sekou et Darrès, tous trois également énergéticiens en Île-de-France, qui sont depuis deux ans sous le coup d’une procédure de licenciement. Si les motifs avancés par la direction varient, les cinq travailleurs visés figurent pourtant tous parmi les plus combatifs et les plus intransigeants dans la défense des droits de leurs collègues. Si Jordan est désormais victorieux, ses quatre collègues sont eux toujours en passe d’être licenciés. Seule Aminata connaît pour l’heure la date de son passage devant les prud’hommes, au sujet duquel les militants CGT se disent confiants, tandis que dans toute la France, pas moins de 400 énergéticiens ont été poursuivis pour s’être mobilisés lors de la bataille contre la réforme des retraites.
Cette violente offensive patronale a notamment donné lieu, le 6 juin dernier, à une grève et à un rassemblement appelés par la CGT Mines-Energie Paris, suivis d’un envahissement des locaux de GRDF. Une mobilisation qui a très certainement pesé sur la décision du ministère, qui n’a pas refusé la démission de Jordan de gaieté de cœur, mais qui craint très certainement un nouvel embrasement du secteur particulièrement stratégique qu’occupe GRDF, en cas de licenciement du militant. Selon Jordan, « si le ministère a cédé, c’est parce qu’on n’a rien lâché en 1 an et demi de procédure : on a enchaîné les actions médiatiques, notamment l’envahissement des locaux de GRDF aux côtés de personnalités comme Assa Traoré, et aussi parce qu’on applique une pression quotidienne contre la direction ». Les travailleurs viennent à ce titre d’arracher une « prime vie chère » de 150€ par mois pour tous les salariés de GRDF en Île-de-France.
Alors que les cas de répression contre les militants politiques et syndicaux continuent de se multiplier, comme Révolution Permanente le documente semaine après semaine, la lutte exemplaire des grévistes de GRDF pour leurs droits et contre la répression de leur collègue montre la voie à suivre pour lutter contre un patronat radicalisé.