La guerre sans fin de Netanyahou

Publié le par FSC

Christophe Deroubaix
L'Humanité du 25 septembre 2024

 

Pour la première fois dans l’histoire des tensions entre Israël et le Hezbollah, la milice chiite a envoyé un missile sur Tel-Aviv qui a été intercepté par l’armée israélienne. © Jamal Awad / Xinhua

 

Le pilonnage du Sud Liban par l’aviation israélienne s’est poursuivi hier pour le troisième jour consécutif, tandis que le Hezbollah a lancé, pour la première fois, une roquette à destination de Tel-Aviv.
Cela faisait longtemps que les sirènes n’avaient pas retenti à Tel-Aviv. Au petit matin, mercredi 25 septembre, l’alerte a poussé les habitants de la plus grande ville du pays à se rendre dans les abris. Mais, pour la première fois, le danger signalé venait du Nord, pas du Sud.


Dans un communiqué, le Hezbollah a revendiqué avoir tiré un missile à Glilot, près de Tel-Aviv, sur le quartier général du Mossad, « responsable de l’assassinat de dirigeants et de l’explosion des bipeurs et des talkies-walkies ». L’armée israélienne assure avoir intercepté ce missile, détecté la zone d’où il a été tiré – à Nafakhiyeh, au Liban – et l’avoir bombardée.

Une première dans l’histoire des tensions entre Israël et le Hezbollah


Cette grande première dans l’histoire des tensions entre Israël et le Hezbollah est intervenue quelques heures seulement après de nouvelles frappes de l’armée israélienne dans le sud du Liban pour la troisième journée consécutive, alourdissant un bilan déjà accablant avec des centaines de civils tués, dont des enfants. Le pilonnage s’est poursuivi après l’interception du missile lancé par le Hezbollah.


Benyamin Netanyahou a décidé de retarder d’une journée son départ pour New York (il comptait participer à l’Assemblée générale de l’ONU) et devait réunir hier soir une réunion du cabinet de sécurité. Lors d’une déclaration officielle, le premier ministre israélien a assumé le mot « guerre » mais assuré qu’elle se déroulait avec le Hezbollah, non avec le Liban.

Le discours militaire en boucle sur les chaînes de télévision


C’est ce même message que diffusent en boucle, explicitement ou implicitement, les chaînes de télévision en hébreu. Elles retransmettent toutes en direct les points de presse de Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne (Israel Defense Forces – IDF), et reprennent, sans distance, les éléments de langage du pouvoir.


Le Hezbollah représente une « menace existentielle ! » pour Israël, scande le communicant en kaki. Une assertion que personne ne conteste sur le plateau, ni journalistes ni consultants. Quelle que soit la chaîne, il se trouve toujours un militaire pour faire le service après-vente.


C’est dans cette ambiance nationaliste et militarisée que baigne une population mal remise des attaques du Hamas, le 7 octobre 2023, et frustrée de l’absence d’accord qui permettrait de libérer les otages encore détenus par l’organisation islamiste. D’Haïfa à Jérusalem, les téléspectateurs n’ont peu ou pas accès aux déclarations autres que celles de la coalition au pouvoir.

Le début d’« une phase différente » qui suggère une opération au sol


À l’instar de celle des chefs de la diplomatie d’Égypte, d’Irak et de Jordanie : « Les ministres ont condamné l’agression israélienne sur le Liban, assurant qu’Israël pousse la région vers une guerre ouverte. »


Gaza a quasiment disparu des radars médiatiques, désormais saturés par le Hezbollah, mais la peur est entretenue. Critiqué pour le fiasco sécuritaire du 7 octobre 2023 et tenu par une partie de l’opinion publique pour responsable de l’absence d’accord sur la libération des otages, le premier ministre en exercice sait que son poste ne sera pas menacé tant que le sentiment d’un état de guerre permanent dominera dans le pays.


Quitte à jouer un embrasement régional à la roulette russe… Hier, l’armée a annoncé la mobilisation de deux brigades de réserve (soit environ 15 000 hommes). Au même moment, le général Ori Gordin, commandant de la zone nord, estimait que la confrontation était entrée « dans une phase différente » et que l’armée devait se préparer à une « manœuvre » qui pourrait s’apparenter à une opération au sol.

 

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