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Publié par REVOLUTION PERMANENTE
Cinquième mois de lutte à MA France : « On ne les laissera pas récupérer les machines ! »
En lutte contre le « Plan de Sauvegarde de l'Emploi » qui menace quatre cent familles, les salariés de MA France entament leur cinquième mois de grève contre Stellantis. Présents tous les jours sur le site, ils défient le géant de l'automobile en continuant de refuser la saisie des machines.
Crédits photo : CGT 93 sur X
Les travailleurs de MA France ont entamé la semaine dernière leur cinquième mois de mobilisation. Alors que la quasi-totalité des salariés ont reçu leurs lettres de licenciements, ils continuent à se mobiliser pour obtenir des postes de reclassement et des indemnités de départ auprès de Stellantis, principal donneur d’ordre et propriétaire des outils de production. Malgré un contexte difficile, avec un salarié qui a tenté de mettre fin à ses jours, la motivation des travailleurs reste forte. « On a tellement mal pris notre licenciement, qu’on veut tenir la grève coûte que coûte. On est là sept jours sur sept, presque 24h sur 24h, c’est vraiment la guerre des nerfs » explique Abdel de la CGT MA France.
Les salariés ont également décidé d’ouvrir un nouveau front en contestant la validité du Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) devant la justice. Une audience a été fixée le 2 octobre au tribunal administratif de Montreuil. Comme l’explique Abdel, « c’est un moyen de pression et ça peut être une première victoire ».
De son côté, le groupe Stellantis continue de refuser toute négociation. En dépit des conséquences financières massives de cette occupation pour le groupe, Stellantis n’a, pour l’heure, fait aucune proposition, à l’exception de la distribution d’une prime de 15 000 euros brut aux salariés qui renonceraient à les attaquer en justice.
« On leur a redit qu’on ne les laisserait pas récupérer les machines »
Si Stellantis refuse toute négociation, l’entreprise entend bien récupérer les machines de l’usine que les travailleurs refusent de lui remettre. Une délégation du géant automobile s’est rendue ce vendredi à l’usine, traduisant la détermination de Stellantis à clôturer le dossier. Pourtant, les salariés font front, comme l’indique Abdel, élu CGT au CSE : « la dernière fois qu’ils sont venus à la mi-août on leur avait indiqué qu’il était hors de question qu’ils partent avec quoi que ce soit. Ils sont quand même revenus. On leur a redit qu’on ne les laisserait pas récupérer les machines ».
Si la petite équipe est effectivement repartie les mains vides, elle ne semble pas s’être déplacée pour rien. Pour Stéphane, élu CGT de l’usine, « ils étaient vraiment là pour organiser les choses, avec l’idée de revenir rapidement. On va donc augmenter notre présence la nuit au cas où ils décideraient de venir avec les camions ».
Pour Stellantis, la crainte d’un « mauvais exemple » dans un contexte de suppression massive d’emplois
Derrière cette rigidité, Stellantis tente de contenir un mouvement qui pourrait s’amplifier, alors que l’heure est à la réduction des coûts dans le secteur de l’automobile. Stellantis a déjà supprimé plus de 20 000 emplois entre 2021 et 2023, et, anticipe, en coulisse, une possible fermeture de l’usine de Poissy, dernier site d’assemblage de voitures d’Ile-de-France.
Au-delà de Stellantis, les premiers signes d’une vague de licenciement dans le secteur se font déjà sentir. Alors qu’on apprenait en juillet que l’équipementier automobile Valéo s’apprêtait à fermer trois sites en France, menaçant près de 1200 emplois, c’est le constructeur Volkswagen qui annonçait au début du mois se préparer à son tour à des licenciements massifs.
Conscients de l’importance de leur lutte dans ce contexte pour les salariés du secteur, les travailleurs de MA France se sont joints mardi dernier à la manifestation organisée par les salariés de Valéo. Pour Abdel « Ils ne veulent pas qu’on donne le « mauvais exemple ». Demain on se prépare à un massacre au niveau de Stellantis avec des usines comme Poissy qui pourrait disparaître mais aussi plus largement, avec ce qui se passe chez Valeo par exemple. Et ils craignent qu’on serve de somme plancher. Parce que, si demain ils doivent donner ce qu’on pourrait obtenir, ça commence à chiffrer ».
Alors même que les profits de Stellantis ont augmenté de 11% en 2023, les mégacorporations de l’automobile pourraient supprimer 500 000 emplois d’ici 2040, dans une honteuse quête de profits. Dans la lutte contre les géants de l’industrie qui licencient pour augmenter leurs marges, les salariés de MA France montrent que seule la lutte peut arracher la victoire. Plus largement, face à la menace d’une casse sociale massive, il devient nécessaire de défendre le refus de tout licenciement ou suppressions d’emplois. Ce n’est pas aux travailleurs de payer les conséquences de la course aux profits d’un patronat toujours plus vorace !