Répression syndicale à Airbus : l’inspection du travail confirme des discriminations contre la CGT

Publié le par FSC

Publié par REVOLUTION PERMANENTE

Suite à une enquête sur le CSE d'Airbus, l'inspection du travail a pointé des discriminations contre les salariés ayant eu des arrêts-maladies ou étant affiliés à la CGT. Une pratique qui s'inscrit dans une longue tradition d’attaques contre le syndicalisme combatif chez Airbus.

Crédits photo : Révolution Permanente

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Le CSE d’Airbus est une « entreprise dans l’entreprise » avec plus de 350 salariés qui travaillent pour la grande majorité à la restauration des sites toulousains du géant aéronautique. C’est au sein de cette entité que l’inspection du travail a réalisé une enquête cherchant à identifier de potentielles discriminations de salariés par rapport à l’attribution des augmentations individuelles (AI).

« L’inspection du travail a été saisie par la CGT en 2023 parce que des pratiques discriminantes liées à l’état de santé des salariés avait été constatée. Plusieurs travailleurs qui ont été en arrêts-maladies ont dit qu’ils ne bénéficiaient pas comme les autres des augmentations individuelles. Ça faisait longtemps qu’on se doutait que quelque chose n’allait pas. En plus de cela, l’inspection du travail a constaté de la discrimination syndicale notamment envers la CGT » nous explique un militant de la CGT Airbus.

Pour mener à bien son enquête, l’inspection du travail s’est donc intéressée aux critères d’attributions des augmentations individuelles pour l’année 2023 en croisant les données des salariés selon leurs arrêts-maladies et les augmentations individuelles qu’ils ont perçues. Le 6 septembre, l’inspection du travail a adressé ses conclusions au CSE d’Airbus Opérations.

Dans son courrier, l’inspection du travail pointe tout d’abord des pratiques discriminantes liées à l’état de santé des salariés. En effet, elle constate « une propension plus importante à ne pas accorder d’AI aux salariés cumulant le plus d’absences maladie » avec 58 % des salariés qui cumulent plus de 100 jours d’arrêts-maladies et qui n’ont pas bénéficié d’augmentations individuelles, alors que c’est le cas pour seulement 16% des personnes qui cumulent moins de 100 jours d’arrêts-maladies.

De plus, l’enquête met en évidence « des différences flagrantes (qui) apparaissent selon l’appartenance syndicale des salariés ». Effectivement, pour les travailleurs qui se sont portés candidats aux élections professionnelles avec l’étiquette CGT, « le nombre de bénéficiaires d’AI est donc en très fort décrochage comparativement à la population générale ». L’enquête révèle aussi que le montant des augmentations individuelles pour les salariés affiliés CGT est inférieur de 13,9 % par rapport à l’ensemble des salariés et de 26,7 % par rapport à ceux affiliés à FO. L’inspection du travail pointe une différence flagrante de traitement entre les travailleurs affiliés au syndicat majoritaire FO et à ceux affiliés à la CGT.

« On sent qu’en tant que CGT, on n’est pas écouté et mal vu. Il y a un traitement à deux vitesses quand on compare avec le syndicat majoritaire FO. Tout simplement parce qu’à la CGT on soulève les vrais problèmes et qu’on défend les salariés » regrette le militant de la CGT Airbus. En effet, ces pratiques de discrimination syndicale envers la CGT ne sont pas nouvelles chez Airbus. Encore récemment, le 22 décembre 2023, le géant aéronautique était condamné par la cour d’appel de Toulouse pour discrimination syndicale.

Un phénomène de discrimination syndicale qui n’est pas sans lien avec un contexte où les attaques de la direction contre les salariés se multiplient à l’image de l’annonce récente du plan d’austérité nommé « Lead ». « Comme les conditions de travail se dégradent sur l’ensemble des postes d’Airbus avec le projet Reload qui a fait beaucoup de mal, le mécontentement monte et les gens voient d’un meilleur œil la CGT pour s’organiser. Si le syndicat majoritaire reste FO, la CGT progresse malgré tout à l’image des 24% réalisés par la CGT aux élections du CSE d’Airbus alors qu’avant elle n’existait pas. Tout ça ne plaît pas à la direction » résume le syndicaliste. Face à une telle situation, la direction pourrait être d’autant plus offensive contre un syndicalisme combatif qui gagne du terrain.

Le militant CGT que nous avons interrogé détaille quelles suites donner après cette enquête de l’inspection du travail : « je pense qu’il faudra lancer une procédure aux prud’hommes pour permettre à toutes celles et ceux qui ont été victime de ces discriminations, de faire valoir leurs droits. Il faut continuer à diffuser l’information, de plus en plus de salariés se rapprochent de la cgt pour dire qu’ils sont dans la même situation, cela va au-delà de la discrimination syndicale des salariés affiliés CGT. Il y a de nombreux salariés qui auraient « pris trop d’arrêts-maladies » pour la direction et qui sont mis de côté quand il s’agit des AI ».

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