Benyamin Netanyahou poursuit sa folie guerrière
Gaël De Santis
L'Humanité du 30 septembre 2024
Benyamin Netanyahou a entamé une nouvelle phase du conflit en bombardant Beyrouth pour la première fois et des cibles houthies au Yémen. © AFP |
Tel-Aviv a entamé une nouvelle phase du conflit. Au Liban, pour la première fois, le centre de Beyrouth a été bombardé et deux nouvelles factions palestiniennes ont été attaquées : le FPLP et la Jamaa Islamiya. Au Yémen, des installations houthies ont été touchées. Et Benyamin Netanyahou a proféré des menaces contre l’Iran.
Selon la propagande, la colonisation israélienne a fait « fleurir le désert ». En réalité, les fleurs servent à garnir les tombes de ses victimes. Après Gaza, depuis la mi-septembre, c’est le Liban qui vit au rythme des frappes israéliennes.
Le pays du Cèdre a encore subi des attaques massives de l’armée de Tel-Aviv, dimanche et lundi : 105 autres personnes ont été tuées, ont informé, dimanche, les autorités libanaises. On enregistrait déjà, à la mi-journée de lundi, 45 morts à Saïda. Dans le sud du pays, un soldat libanais a été tué. Dans la plaine de la Bekaa, les forces israéliennes ont tué 6 secouristes du Comité islamique de la santé, lié au Hezbollah.
Au total, plus d’un millier de personnes ont perdu la vie au Liban, sous les bombes israéliennes, depuis le 23 septembre. Selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), par crainte d’une intervention terrestre, pas moins de 100 000 Libanais ont fui vers la Syrie, autre pays en guerre.
Beyrouth frappée pour la première fois
Pour la première fois, dimanche, une frappe a atteint Beyrouth intra muros. Et certains des bombardements ont ciblé des membres du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), une faction membre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Trois de ses dirigeants ont été tués.
« Mohammad Abdel-Aal (…), chef du département de la sécurité militaire, Imad Odeh, membre du (…) commandant militaire au Liban, et Abdelrahmane Abdel-Aal sont morts en martyrs dans un lâche assassinat perpétré par un avion d’occupation sioniste à Cola », a informé le mouvement nationaliste et laïc de gauche.
Après le Hamas et le Hezbollah, le FPLP, faction membre de l’OLP, est donc la troisième organisation à être ciblée. Par ailleurs, selon une source libanaise, quatre personnes ont été tuées, qui appartiennent à un autre groupe, la Jamaa Islamiya. Le Hamas a informé de son côté que son responsable au Liban avait été tué, lundi, dans une frappe sur le camp de réfugiés palestiniens d’Al-Bass, au sud du pays.
Malgré la mort de Nasrallah, l’offensive israélienne se poursuit
L’objectif du gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou semble être l’éradication de tous ceux qui s’opposent à sa domination régionale. Au Liban, sa principale cible demeure le Hezbollah, contre lequel une précédente offensive, en 2006, avait été un échec.
Vendredi, son chef, Hassan Nasrallah, a été tué dans la banlieue sud de Beyrouth, après que nombre de ses cadres ont été éliminés. Tel-Aviv ne s’arrêtera pas là.
« L’élimination de Nasrallah est une étape importante, mais ce n’est pas la dernière. Pour assurer le retour des communautés du nord d’Israël, nous utiliserons toutes nos capacités », a prévenu Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense. Selon une source sécuritaire américaine, citée par la BBC, une incursion terrestre israélienne au sud du Liban serait imminente.
À la suite des opérations militaires à Gaza après les attaques terroristes du Hamas, le 7 octobre 2023, le Hezbollah avait ouvert un « front nord » en lançant des roquettes sur l’État israélien : 60 000 Israéliens avaient dû être évacués.
Pari hasardeux de Tel-Aviv
Au Yémen, dimanche, ce sont des installations des rebelles houthis – alliés de l’Iran, qui ont lancé des missiles sur Israël – qui ont été attaquées : le port et des centrales électriques d’Hodeida. Quatre personnes ont été tuées.
Le pari hasardeux de Tel-Aviv semble consister à décapiter toutes les organisations palestiniennes, libanaises ou pro iraniennes. Pour l’heure, le Hezbollah a annoncé qu’un nouveau leader serait trouvé. Naïm Qassem, numéro deux de l’organisation islamiste chiite, a indiqué que cette dernière serait « prête » à repousser une éventuelle offensive israélienne par voie de terre. « Nos forces de résistance sont prêtes pour une confrontation terrestre », a-t-il prévenu.
Benyamin Netanyahou, en délicatesse chez lui du fait de poursuites judiciaires, semble jouer la carte de la terre brûlée. « Que veut Israël du monde arabe, de la Palestine ? Est-ce qu’ils veulent un État palestinien ? Non, ils l’ont bien dit. Ils veulent déplacer les Palestiniens en Jordanie. Ils veulent le chaos dans la région », s’est interrogé lundi sur France Inter Walid Joumblatt, dirigeant de la communauté druze du Liban.
Le soutien indéfectible de Washington
« Il n’y a pas d’endroit au Moyen-Orient qu’Israël ne puisse atteindre », a menacé Benyamin Netanyahou dans une vidéo adressée aux Iraniens. Cela n’a pas empêché les dirigeants de Téhéran de montrer leur proximité avec leurs alliés régionaux.
Le nouveau président « modéré » Masoud Pezeshkian s’est rendu, lundi, au bureau du Hezbollah à Téhéran. « Le monde doit savoir que le sang du noble martyr Hassan Nasrallah et de ses compagnons continuera à couler et à s’opposer à l’oppression et à la tyrannie », a-t-il prévenu.
Pour l’heure, la politique israélienne fait l’objet de mansuétude à Washington. Dans un communiqué à la suite de l’assassinat d’Hassan Nasrallah, Joe Biden, président des États-Unis, soutient « pleinement le droit d’Israël à se défendre contre le Hezbollah, le Hamas, les Houthis et tout groupe terroriste soutenu par l’Iran ».
Une diplomatie française totalement inefficace
Le gouvernement français a dépêché dans la région son nouveau ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il se rend au Liban en vue d’« échanger avec les autorités locales et d’apporter un soutien français, notamment humanitaire ». Une aide sanitaire d’urgence doit être délivrée au ministère libanais de la Santé.
« Les solutions diplomatiques existent », a déclaré le chef de la diplomatie française, qui appelle à un respect de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a mis fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006. En vertu de ce texte, seules l’armée libanaise et les forces d’interposition de l’ONU sont autorisées à se positionner entre la frontière et le fleuve libanais Litani. Une disposition qui n’est pas respectée par le Hezbollah.
Dès samedi, le gouvernement français a exigé la « cessation immédiate des frappes israéliennes au Liban » et rappelé son opposition « à toute opération terrestre ». Le jeudi 26 septembre, Emmanuel Macron avait pourtant jugé que ce serait une « faute » de la part de Benyamin Netanyahou que de refuser l’offre de cessez-le-feu du Liban. Sans conséquence, visiblement. Aucune menace de sanction n’a été proférée, comme c’est le cas pour d’autres conflits.