Conférence nationale du PCF 14 décembre

Publié le par FSC

 

Dans la conjocture présente faisant suite à la dissolution de l'Assemblée nationale puis aux élections législatives, dans le contexte de guerre le PCF organise une conférence nationale le 14 décembre prochain pour faire le point et tenter de se mettre en situation de faire face aux défis majeurs de notre époque.

Les objectifs initiaux fixés à cette conférence demeurent limités et confinés dans un cadre électoraliste et court-termiste.

Ce qui manque le plus pour progresser et ouvrir la voie à une véritable alternative c'est l'existence et l'intervention d'un parti réellement révolutionnaire, agissant en toute indépendance des intérêts capitalistes et de l'idéologie dominante. En tout domaine !

C'est aux militants et plus largement aux citoyens conscients de cela et décidés à agir  que dépend l'avenir.

La confrontation des idées sans polémique inutile est le passage obligé de la nécessaire reconstruction de l'outil politique de la transformation socialiste de la société.

Dans la période qui vient nous nous efforcerons donc d'ofrrir un reflet de ce qui se débat et se confronte  au sein du PCF.

Conscients que ce qui s'y joue demeure capital pour notre sort commun.

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Premières réflexions :

 

Contribution de Yves Cotten (69)
Lundi 14 octobre 2024

 

La prochaine Conférence Nationale prévue le 14 décembre s’organise selon la volonté de la direction du PCF autour de trois questions qui, telles que posées pourraient cantonner les débats dans le champ restreint de l’analyse des questions électorales et opérationnelles alors que mon avis est que le Parti Communiste Français est en danger car il dérive fondamentalement sur des questions idéologiques qui conditionnent son utilité et son existence.

Sans détour, l’illustration la plus flagrante (mais pas la seule) de cette dérive idéologique concerne les questions géopolitiques et internationales.


Je soutiens que la question internationale est centrale et non secondaire dans ce moment historique ou l’impérialisme occidental est en perte d’influence sans que le capitalisme ne soit réellement remis en cause en tant que système économique faute d’un pôle révolutionnaire offrant une alternative internationale.


Dans ce champ d’analyse essentiel pour exprimer la visée communiste, le PCF suit une dérive dont on ne sait plus distinguer ce qui relève de l’esquive médiatique et ce qui relève carrément de l’adhésion aux thèses atlantistes et de l’abandon pur et simple de notre solidarité internationaliste vis-à-vis des révolutionnaires et des résistants qui luttent contre l’impérialisme.


Sur tous les fronts internationaux notre position est très discutable, apparaît opportuniste et de nature à semer le trouble parmi les militants les plus solides qui jusqu’à ce jour ont formé l’ossature la plus durable du PCF.


Je propose en conséquence que le PCF décide en Conférence nationale de mettre en place une véritable équipe de travail pour élaborer une vision géostratégique du même niveau que le travail opéré pour le plan Climat 2050 afin de le soumettre au prochain congrès. Un document de référence qui puisse devenir la boussole internationale des communistes Français et en conséquence le référentiel de notre communication politique aux grés des évolutions internationales.


Entretemps, je propose aussi pour concrétiser cette impulsion que la Direction du PCF change de responsable aux questions internationales et désigne au sein du CN une nouvelle équipe dès la prochaine conférence nationale.

1 Constat :


a) Sur l’Ukraine, le PCF fait fort pour dénoncer Poutine mais oublie carrément de dénoncer la manœuvre des impérialistes occidentaux.


La position que la direction du PCF sur l’Ukraine a prônée, (envers et contre le 1La position que la direction du PCF sur l’Ukraine a prônée, (envers et contre le texte du congrès et la position majoritaire des adhérent), c’est la livraison « d’armes défensives » au régime de Zelenski sans en dénoncer sa nature profondément réactionnaire et d’extrême droite à la solde des services occidentaux, sans même rappeler les circonstances historiques dans lesquelles les puissances occidentales ont largement fomenté ce conflit.


La communication du PCF dans ses campagnes électorales et notamment les Européennes (cf plusieurs interventions télévisées de Léon Desfontaines) fut une esquive permanente et insupportable qui a passé sous silence notre opposition à l’OTAN et notre demande actée par notre congrès de dissolution de cette machine de guerre. De même lorsqu’on lit l’humanité sur les questions ukrainiennes on a la désagréable impression d’être abonné à une revue de propagande européenne des médias dominants.


Demandons-nous où sont les communistes Ukrainiens aujourd’hui lorsqu’ils n’ont pas été assassinés par la police politique du régime de Kiev.


b) Sur Gaza et les événements de Palestine, le PCF, subjugué par l’émotion de l’attaque du 7 octobre 2024, amplifiée par les médias dominants, n’a pas su déjouer le piège tendu par la propagande occidentale.


Se conformant aux injonctions médiatiques, le PCF a sans courage repris les éléments de langage des médias sur le « Hamas Terroriste » et le « droit d’Israël à se défendre » au lieu d’éveiller immédiatement la population sur la manipulation de propagande qui visait à donner un quitus aux dirigeants d’Israël pour la boucherie. Nous avons manqué gravement à notre mission en n’éveillant pas immédiatement les Français sur la manipulation en cours et en ne situant pas dès le début l’évènement du 7 octobre dans le contexte qu’avaient créé depuis des années les dirigeants fascistes et d’extrême droite au pouvoir à Israël.

(Cette position ambiguë a d’ailleurs été payée cash électoralement dans les banlieues à forte représentation musulmane).


Face à la sauvagerie du 7 octobre, nous avons été à nouveau (après l’Ukraine) des acteurs politiques manipulables et manipulés. Les communistes se sont trouvés démunis d’une analyse géopolitique et même philosophique digne de ce nom,(comment résister au pouvoir absolu d’une puissance colonisatrice) qui les aurait rendus capables de surmonter les vagues émotionnelles organisées par l’appareil médiatique occidental.


S’agissant de la question sensible de l’antisémitisme, là encore le PCF pratique l’esquive en ne menant pas une campagne résolue et énergique contre le sionisme et pour expliquer qu’être antisioniste ce n’est pas être antisémite, une bataille essentielle pour barrer idéologiquement la route a la manipulation du lobby sioniste et pro israélien qui réunit aujourd’hui un large spectre de politiciens allant du PS au RN.


c) La même ambiguïté subsiste pour tous les espaces de conflits géopolitiques sur l’Amérique latine avec notre communication que j’estime indigente sur les récentes élections au Venezuela où nous nous alignons sur le récit préformaté de la propagande occidentale pilotée par les USA. De façon ambiguë, nous en appelons ingénument au respect de la démocratie en occultant la violence des forces ultra réactionnaires soutenues par l’impérialisme Yankee pour renverser le gouvernement socialiste par tous les moyens.


Cette posture ingénue, au mieux, est généralisable en particulier pour toute l’Amérique latine. (Je pense à nos positions hypocrites concernant le Nicaragua, ou le Chili) Mais aussi sur le Caucase avec nos communications par exemple sur la Géorgie et l’Arménie ou nous nous alignons globalement sur le récit des officines occidentales qui fomentent de nouvelles révolutions de couleur, et préparent les conflits de demain contre la Russie.


Au-delà de ce constat sommaire sur la posture des communistes Français mais qui devrait parler à beaucoup d’entre nous, je propose un diagnostic.


2 Analyse


En témoigne la quasi absence de débats internes sur cette question, Les communistes Français ne travaillent pas collectivement sur leur vision du monde et ne produisent pas suffisamment de travail intellectuel pour développer une conception internationaliste de leur rôle idéologique au sein de la population.


Le PCF n’a pas approfondi l’analyse géopolitique du monde actuel et surtout n’a pas établi un cadre global et réaliste de correspondance entre une vision communiste pour la planète et les écheveaux de situations concrètes qui sont le fruit de multiples rapports de forces visant notamment à s’émanciper de l’hégémonie des USA et de leurs satellites occidentaux (dont la France), mais aussi potentiellement à recréer de nouvelles aires hégémoniques.


Pour pouvoir répondre politiquement aux événements qui se produisent dans le monde il nous faut établir une grille de lecture globale permettant notamment de se positionner rapidement en offrant à la population une analyse objective de la situation s’appuyant sur de solides bases philosophiques et idéologiques tout en luttant contre l’appareil de propagande. (Incidemment, le même que celui qui biaise tous les processus démocratiques en occident.)


Cette préparation analytique et idéologique est le seul moyen qui nous permettrait de répondre aux dilemmes géopolitiques actuels. Exemple :

Poutine a instauré un régime que nous réprouvons en tant que communistes, mais ce sont les USA et leur doctrine hégémonique internationale qui ont créé le contexte de guerre hybride au travers d’un régime fantoche installé à Kiev issu d’un coup d’état avec l’appui des groupes néonazis. La stratégie agressive issu d’un coup d’état avec l’appui des groupes néonazis. La stratégie agressive des USA avait pour objectif de forcer la Russie à intervenir militairement, car ils pensaient, à tort, pouvoir l’écraser économiquement grâce à un ensemble de sanctions occidentales préparées opportunément à l’avance.


Ce n’est donc pas être pro Poutine que d’expliquer cela et ainsi redonner l’entière cohérence à notre exigence de dissolution de l’OTAN, d’arrêt de fourniture d’armes à l’Ukraine et de cesser le feu immédiat avant que l’Ukraine ne soit totalement détruite.
A travers le monde actuel nous vivons partout le même dilemme politique : des nations
dominées par des quasi dictatures (Turquie/Arabie Saoudite/Syrie/Iran/Russie...), se mettent à refuser le dictat impérial imposé par les USA et le cas échéant leurs satellites (dont la France).

Effectivement en tant que communistes nous sommes opposés a ces régimes, mais cela ne peut pas justifier un renoncement à la lutte contre l’impérialisme occidental qui est pour l’essentiel à l’origine des conflits dans le monde.


La compilation méthodique de l’ensemble des événements géopolitiques des 5 dernières décennies montre que l’impérialisme occidental vise à maintenir son hégémonie par tous les moyens et que si la « démocratie néolibérale manipulée » n’y suffit pas ce sera la force, les assassinats, les coups d’état et les révoltes fabriquées sous faux drapeau et les guerres par proxy.


La logique qui découle de cet état de fait c’est qu’il n’y a pas d’état démocratique qui puisse se développer paisiblement et résister à l’agression impériale qui mènera une guerre hybride jusqu’à saper l’état récalcitrant. (Une réflexion qui devrait aussi nous inspirer concernant l’issue qui serait réservée en France à une réelle alternative politique visant à s’émanciper du néolibéralisme)


Par conséquent les dictatures en but à l’empire sont probablement consubstantielles à celui-ci, tandis que leurs racines généralement nationaliste et rétrogrades sont le fruit d’une épuration méthodique des forces progressistes dans leur pays depuis plusieurs décennies avec le concours actif des services de l’empire du temps où il maitrisait totalement ces territoires.


Par extension, cette analyse sur les conséquences des contextes de lutte asymétrique (état contre empire/résistant contre colons) devrait aussi nous amener à comprendre politiquement les chemins qui mènent à l’escalade de violence pour pouvoir expliquer ce qui se passe à la population avec notre grille d’analyse. (Les événements du 7 octobre sont le fruit d’un processus de haine dont les dirigeants Israéliens sont les principaux responsables, tout comme les attentats du 11 septembre 2001 étaient la conséquence des manipulations de la CIA avec les fondamentalistes islamistes pour lutter contre l’URSS)


La guerre d’Ukraine était prévisible, tout comme les événements du 7 octobre car ces moments sont toujours une conséquence et non un début, or c’est toujours ce qu’essaie de nous cacher la propagande médiatique.


4Un autre volet d’analyse devrait porter sur la destruction systématique par le bloc occidental des lois internationales et de l’ONU en pratiquant méthodiquement et de manière éhontée le deux poids deux mesures ce qui finit par rendre inopérant tout processus de règlement diplomatique. Le résultat de ce processus suprémaciste de l’occident est une sauvagerie totale ou les valeurs humaines sont totalement bafouées. (Dernier exemple en date le report sans fin du mandat d’arrêt international contre Netanyahu par la CPI qui avait mis 6 mois seulement pour établir un mandat contre Poutine suite à une  supposée déportation d’enfants en Russie.)


Une simple ébauche du processus d’analyse géopolitique avec l’œil des communistes tels que je viens de le faire ouvre un large débat sur la vision du monde par les communistes.


Dans ces conditions nous devrions savoir quoi dire des évolutions et des perspectives géopolitiques avec notre angle d’analyse et en surmontant les effets de manche émotionnel conçus par les médias maîtrisés par les dominants. Nous devons aussi en tant que communistes pouvoir anticiper les situations en éclairant régulièrement notre population sur les manœuvres impérialistes et hégémoniques en cours et sur les conséquences néfastes qui pourraient en découler pour les populations. (Les articles actuellement insipides et inconsistants de l’humanité sur les questions internationales
seraient beaucoup plus éclairants pour tous nos militants s’ils s’appelaient à expliquer les mécanismes géopolitiques à l’œuvre).A cet égard, je trouve que les interventions publiques du PTB en Belgique sont exemplaires de clarté et représentent nettement mieux l’idée que je me fais de l’intervention d’un Parti communiste dans la tribune populaire.


Mais de fait nous n’avons pas pour l’instant développé le travail intellectuel sur la question géopolitique et il résulte de cette insuffisance une faiblesse idéologique qui incite le PCF à esquiver sur le fond les questions internationales pour éviter de se faire cibler par l’appareil de propagande. Le ressort classique de nos « esquives » consistant à éviter de dire sur le fond notre position (exemple sur l’OTAN), à battre en retraite sur les batailles de mots (exemple sur le terrorisme), et enfin suggérer mollement et sans éclat une solution inconsistante (proposer que les russes participent à la pseudo conférence de paix, traquenard médiatique, en Suisse, ou dire qu’un accord de paix nécessite au préalable un retour aux frontières initiales).(cf le communiqué du 7 juin 2024 signé par Fabien Roussel)

 

 

 

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