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Entre les syndicats hospitaliers et le nouveau gouvernement, l’histoire ne commence pas très bien. Inquiète par le souhait affiché de Michel Barnier de tenir le cap budgétaire, Stéphanie Faury de la CGT tire la sonnette d’alarme, en évoquant le cas de l’hôpital de Nemours (Seine-et-Marne).
Stéphanie Faury
J’ai écouté les premiers propos de Michel Barnier quand il est allé à Necker, disant que les dysfonctionnements ne sont pas un problème de moyens, mais d’organisation. Cela veut dire quoi ? Réorganiser les services, supprimer des postes ? On a vu cet été que la solution face aux sous-effectifs, c’était soit d’interdire l’entrée aux services des urgences, soit de fermer partiellement ou totalement. Est-ce que c’est une réponse ? De plus, ils mentent sur les chiffres, cela ne concernait pas 50 services d’urgence, mais en réalité, 206 !
Ces premières prises de paroles vous inquiètent ?
Stéphanie Faury
Si on n’a pas le même constat sur l’état des lieux et pas les mêmes propositions, je suis très inquiète. Dire que la santé n’aura pas plus que l’enveloppe dédiée, c’est une provocation.
Quelles sont les priorités selon vous ?
Stéphanie Faury
Il faut recruter 100.000 hospitaliers en hôpitaux et 100.000 en Ehpad et de donner la parole aux agents comme nous venons de le faire à Nemours. Nous sommes en voie de faire reconnaître les besoins, mais la lutte va s’intensifier. À l’Ehpminiad du Pays de Nemours, il manque 17 aides soignantes, c’est énorme. Cela fait deux ans qu’elles souffrent, elles disent qu’il faut s’organiser pour se faire entendre.
Ils disent « maintenant, on n’en peut plus ». Je suis optimiste sur leur réactivité. Ils veulent se prendre en main et s’appuyer sur les organisations syndicales. Il y a un temps pour démissionner, un temps pour se mettre en arrêt. Désormais, on a une mécanique collective. Je sens une vraie détermination. Il y a eu l’espoir des élections, mais rien n’a changé. Il n’y a plus d’illusion électorale.
Que pensez-vous de la nouvelle ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq ?
Stéphanie Faury
Ce n’est pas une femme de terrain. Olivier Véran au moins était issu du milieu hospitalier, ce n’est pas son cas. Elle a été nommée pour servir les intérêts d’un gouvernement qui dit qu’il faut diminuer les dépenses de santé. Le projet de loi de finances pour 2025 est très inquiétant, d’autant qu’on s’est rendu compte que si le Ségur a augmenté les salaires, il s’est traduit pas des diminutions de moyens pour les hôpitaux, pour compenser le manque à gagner.
Il faut donc s’attendre à des mouvements sociaux pour défendre l’hôpital ?
Stéphanie Faury
On se prépare lentement, mais sûrement pour mettre la pression.