Le maître chanteur : Benyamin Netanyahou menace le Liban de « destructions et souffrances » comme à Gaza s’il ne se « libère » pas du Hezbollah
Théo Bourrieau
L'Humanité du 09 octobre 2024
Benyamin Netanyahou au siège de l'ONU à New York, le 27 septembre 2024. ©️ Lev Radin/SPUS/ABACAPRESS.COM |
Alors que la violence guerrière d'Israël se déchaîne depuis mi-septembre sur le Liban, Benyamin Netanyahou menace le pays du Cèdre de connaître « des destructions et des souffrances comme celles que nous voyons à Gaza », si les Libanais ne « libéraient » pas leur pays du Hezbollah. Depuis octobre 2023, plus de 2 000 personnes ont été tuées par l’armée israélienne au Liban, dont plus de 1 110 depuis mi-septembre.
Le premier ministre israélien d’extrême droite s’enfonce toujours plus dans l’ignominie. Mardi 8 octobre, Benyamin Netanyahou a menacé le Liban de connaître « des destructions et des souffrances comme celles que nous voyons à Gaza » si la population du pays du Cèdre ne se « libérait » pas du Hezbollah. Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a dénoncé une « provocation ». « Si cette provocation était suivie d’effet, cela entraînerait le Liban, pays ami de la France déjà si fragile, dans le chaos.
Et cela poserait pour Israël des problèmes de sécurité plus importants encore que ceux qui prévalaient avant les opérations militaires au Liban », a-t-il mis en garde, sur France 2, rappelant que « la situation au Liban est catastrophique ».
Au moins 41 909 Palestiniens ont perdu la vie depuis le 8 octobre 2023, dont au moins un quart de mineur. Cet été, la revue scientifique The Lancet publiait un article sur le comptage des victimes en affirmant qu’il pourrait largement dépasser les 100 000. 150 000 bâtiments résidentiels ont été rasés, ainsi que plus de 600 mosquées, 200 bâtiments publics, et 125 écoles et universités. En un an, 699 Palestiniens de Cisjordanie occupée ont également été tués. C’est donc de ce genre de menace de massacre à grande échelle dont parle le premier ministre israélien.
Offensive terrestre élargie
Cette menace lourde de sens intervient alors que les forces israéliennes élargissent leur offensive terrestre dans le sud du Liban. Lundi 7 octobre, un an jour pour jour après l’attaque du Hamas sur Israël, l’armée a encore bombardé la plupart des régions libanaises et tué des dizaines de civils. Le ministère libanais de la Santé a dénoncé un « massacre » alors que « le déblayage des décombres se poursuit dans les bâtiments très endommagés » et « un nouveau crime de guerre contre les pompiers et le personnel paramédical ».
Le même jour, Benyamin Netanyahou avait promis de poursuivre le combat jusqu’à la victoire contre le Hezbollah libanais et contre le Hamas. « Nous avons éliminé (Hassan) Nasrallah », le chef du Hezbollah tué le 27 septembre dans une frappe israélienne dans la banlieue sud de Beyrouth « et le remplaçant de Nasrallah et le remplaçant de son remplaçant », a ajouté le premier ministre, sans donner de noms.
L’armée israélienne, engagée depuis le 30 septembre dans une offensive terrestre dans le sud du Liban, en plus des bombardements qui font rage depuis mi-septembre, a annoncé mardi 8 octobre qu’une quatrième division avait commencé à y être déployée et menait « des opérations limitées » contre le Hezbollah dans le sud-ouest du pays, bordant la Méditerranée.
Plus de 2 000 morts depuis un an, dont 1 100 en trois semaines
« Les membres de notre force de maintien de la paix au Liban [de la Finul] continuent de s’acquitter de leur mandat dans la mesure du possible », a déclaré sur X (ex-Twitter) le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avant de rappeler que « la mission repose sur le plein respect des engagements par toutes les parties ». « Tous les acteurs, insiste-t-il, doivent assurer la sécurité et la sûreté » des soldats déployés par la Finul.
Dimanche 6 octobre, cette dernière avait dénoncé des opérations de l’armée israélienne près d’une de ses positions à proximité du village frontalier de Maroun Al-Ras, les jugeant « extrêmement dangereuses ». Le Hezbollah avait affirmé avoir appelé ses combattants à ne pas intervenir et ne pas mettre en danger les casques bleus. « Nous avons des contacts continus avec la Finul pour être sûrs qu’ils ne se trouvent pas pris dans les échanges de feu entre le Hezbollah et nous », a déclaré, de son côté, à la presse un porte-parole de l’armée israélienne, Nadav Shoshani.
Depuis le début des affrontements, il y a un an, entre Israël et le Hezbollah, plus de 115 secouristes et pompiers ont été tués, selon un bilan établi par l’Agence France-Presse. Au total, le nombre de victimes s’élèverait désormais à 2 083 tués, dont plus de la moitié depuis mi-septembre, et 9 869 blessés. Plus d’un million de personnes ont été déplacées.