LIBAN : Le massacre continue
Maurice Ulrich
L'Humanité du 28 octobre 2024
C’est un cri, illustré en une par l’artiste franco-libanais Rida Abdallah. C’est aussi parler et écrire pour témoigner, résister. Les mots de Charif Majdalani vont plus loin encore. Pour l’écrivain libanais, prix spécial du jury du prix Femina en 2020, c’est pour « donner la preuve indispensable que notre humanité n’est pas réduite par la brutalité des faits ». Ils font écho à ceux de la dramaturge Hala Moughanie, prix théâtre 2015 de Radio France internationale : « Nous avons l’impression que nous devons prouver que nous avons le droit de rester en vie. »
Un million de personnes, des familles entières ont été contraintes d’abandonner leurs maisons, leurs biens et leur histoire. L’agression israélienne a déjà fait bien plus de 2000 morts. Les destructions matérielles sont innombrables, mais il s’agit aussi de la destruction de l’âme d’un peuple avec des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants condamnés à l’errance et aux camps de fortune, sans savoir ce que durera ce cauchemar éveillé, sans savoir même si leur vie compte aux yeux du monde. Alors oui, il y a au Liban un peuple solidaire, mais qui ne peut pas tout, à une telle échelle.
Cela se passe devant les yeux du monde. À l’image des crimes contre l’humanité perpétrés à Gaza. Écoutons encore Hala Moughanie : « Il ne faut pas se taire. Qui finance l’armée israélienne. Qui lui fournit les armes, les renseignements, la logistique, les basses militaires ? (…) L’Occident et ses alliés continuent à nous tuer ». Cela quand il s’agit pour Netanyahou et ses ultraradicaux de « nettoyer gaza », d’éradiquer la présence palestinienne dans l’enclave, et de faire la même chose pour une partie du Liban.
Il faut arrêter avec les appels à la « retenue » dans le massacre. L’opinion internationale, les gouvernements, notre gouvernement et le président de la République, avec l’appui des Nations unies, doivent exiger un cessez-le-feu immédiat sous la menace de sanctions contre Tel-Aviv, exiger des États-Unis l’arrêt immédiat des livraisons d’armes et la fin du double langage. Stop. Assez. Le massacre doit cesser. Le monde doit entendre les voix de Gaza et du Liban. Il y va de notre humanité.