Liban : pourquoi Benyamin Netanyahou tient tant à chasser les Casques bleus de la Finul

Publié le par FSC

Bruno Odent
L'Humanité du 13 octobre 2024

Le 8 octobre 2027, des soldats de la Finul, à Marjayoun dans le sud du Liban. © AFP

 

Après que l’armée israélienne a blessé cinq des soldats de la Finul, le premier ministre israélien prétend, dans une cynique adresse au secrétaire général de l’ONU, que le seul moyen d’assurer leur sécurité serait leur évacuation.


La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) a été au cœur de toutes les polémiques durant le week-end. En l’espace de 48 heures, vendredi 11 et samedi 12 octobre, ses Casques bleus ont essuyé des tirs des commandos israéliens qui interviennent sur le territoire libanais pour en découdre avec les milices du Hezbollah.
Cinq soldats de l’ONU ont été blessés et l’un de leurs porte-parole, Andrea Tenenti, a accusé l’armée israélienne d’avoir tiré de « façon répétée » et « délibérée » sur les positions de la Finul, infligeant « beaucoup de dommages » au dispositif installé sur place par l’ONU.

« Le conflit entre le Hezbollah et Israël n’est pas qu’un conflit qui implique deux pays. Très bientôt, ce pourrait être un conflit régional avec un impact catastrophique pour tous », a-t-il prévenu quelques instants plus tard, comme pour relever le rôle salutaire de la mission de maintien de la Finul.
Le président des États-Unis, Joe Biden, s’est ému de la situation, demandant à Israël de ne plus tirer sur les soldats de l’ONU, quand son homologue français, Emmanuel Macron, a jugé ces attaques « inacceptables ».

Exercice devenu classique de renversement des accusations


La Finul, qui est composée de quelque 10 000 soldats, est déployée au Liban depuis 1978 à la suite d’une décision du Conseil de sécurité de l’ONU. Il s’agissait alors de mettre fin à une première invasion israélienne condamnée par les Nations unies qui demandaient dans une résolution à Israël de retirer ses troupes du territoire libanais.
La Finul fut chargée d’opérer sur la frontière israélo-libanaise pour orchestrer le retrait des troupes israéliennes au Liban du Sud, consolider la paix et aider le gouvernement libanais à rétablir son autorité effective dans la région.


Pas de quoi impressionner le premier ministre israélien, peu enclin il est vrai à se plier aux décisions de la communauté internationale. Benyamin Netanyahou a appelé, ce dimanche 13 octobre, le secrétaire général de l’ONU pour qu’il sorte les Casques bleus de la Finul de leur poste d’observation.


« Monsieur le secrétaire général, mettez les forces de la Finul à l’abri. Il faut le faire tout de suite, immédiatement ! » a lancé en anglais un Netanyahou courroucé et passé maître dans l’art de la provocation lors d’un discours filmé au début du Conseil des ministres.


Et d’ajouter à l’adresse d’Antonio Guterres dans un exercice devenu classique de renversement des accusations sur l’origine des responsabilités : « Nous regrettons que les soldats de la Finul aient été blessés et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que cela ne se reproduise. Mais le moyen le plus simple et le plus évident d’y parvenir est tout simplement de les faire sortir de la zone de danger. »


Quelques instants plus tard, le Liban « condamnait » cet appel martial de Netanyahou à évacuer les Casques bleus de la frontière, le premier ministre libanais, Najib Mikati, s’indignant d’un « nouveau refus (israélien) de se plier au droit international » et dénonçant « l’agression israélienne contre la Finul ».

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