Proche-Orient : derrière les chiffres, des êtres humains !

Publié le par FSC

Par Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen
L'Humanité du 18 octobre 2024

 

 

- Gaza, camp de réfugiés palestiniens de Jabalyia (01/11/2023) : « Scène d’horreur après vingt-cinq jours de bombardements continus : 3 500 enfants morts et 6 800 enfants blessés » (Unicef) !
- Gaza, camp de Rafah (17/05/2024) : le ciblage délibéré du camp fait 45 morts… à la suite d’un « incident tragique » (selon l’armée israélienne).
- Gaza, camp de Nuseirat (22/07/2024) : le camp, surpeuplé, est bombardé 63 fois en une semaine : 91 morts et 251 blessés.
- Gaza, bombardement de la « zone humanitaire » d’al-Mawasi à Khan Younès (10/09/2024) : 40 morts et 60 blessés.
- Cisjordanie (05/10/2024) : dans deux camps de réfugiés de Tulkarem, les tirs d’un chasseur F16, visant un responsable du Hamas ont fait 18 morts.
- Liban, centre de Beyrouth (10/10/2024) : 3e frappe sur la capitale libanaise : 22 morts et 117 blessés.
- Liban, la banlieue sud de Beyrouth, où se trouve le camp de réfugiés dramatiquement célèbre de Chatila, subit le conflit le plus meurtrier depuis la fin de la guerre civile libanaise en 1990…

Pas un jour sans que tombent des chiffres, à donner le tournis, de victimes de la sauvagerie de l’armée israélienne. Parmi elles, une écrasante majorité de civils, des dizaines de milliers d’enfants et nombre de réfugiés, ainsi que des travailleurs humanitaires à leur service (205 employés de l’UNRWA sont morts depuis le 07/10/2023 !) et même, dorénavant, des Casques bleus, soldats de la paix de l’ONU, stationnés au Liban… Derrière les bilans anonymes à glacer le sang se cachent des personnes singulières, des drames particuliers, des réalisations anéanties.

Une récente rencontre entre des élus et élues de villes françaises jumelées avec des camps de réfugiés palestiniens en a illustré toute la tragique réalité. Depuis trente-cinq ans, en effet, l’association organisatrice de cette forme très spécifique de solidarité franco-palestinienne tisse des liens personnels avec les réfugiés, promeut des échanges entre citoyens palestiniens et français. Ses membres, pour l’essentiel des élus et élues de proximité, sont autant de lanceurs d’alerte. Pas moins de 40 municipalités, comités citoyens ou organismes divers coopèrent, chacune et chacun avec les partenaires de « son » camp de réfugiés : qui, à un projet de distribution d’eau ou d’amélioration de l’assainissement ; qui, à une collecte d’instruments de musique destinés aux enfants d’une école palestinienne ; qui encore, à l’organisation d’une rencontre de sportives palestiniennes avec leurs semblables en France…


Quiconque a eu la chance de participer à l’un de ces voyages dans un camp de réfugiés n’oubliera jamais ces instants de bonheur partagé entre amis solidaires, que, jusqu’ici, l’enfer du quotidien ne parvenait pas à étouffer : « Nous continuons à chanter et à danser malgré la répression », disaient les jeunes du camp de Balata en offrant un spectacle au maire d’une localité du Pays basque, lui-même fils de réfugiés espagnols, lors d’un récent jumelage entre les deux communautés.


Les initiatives interculturelles sont tout autant à l’honneur parmi les partenaires français, comme en témoigne la réalisation, par les enfants d’une ville d’Île-de-France, d’une fresque solidaire qui orne désormais le fronton de la mairie…
Le combat de la solidarité, dans toutes ses dimensions, s’impose plus que jamais. Il se poursuit en Palestine, malgré les souffrances indicibles que génère la barbarie en cours. Puisse-t-il, en France, se hisser à la hauteur des exigences !

 

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