Joe Biden - La tâche de la guerre à Gaza
Christophe Deroubaix
L'Humanité du 06 novembre 2024
Tel-Aviv a reçu depuis 57 ans 158 milliards d’aide, dont les trois quarts pour le secteur militaire. |
L’incapacité à sortir de la grammaire du passé… C’est peut-être ce qu’analyseront les historiens lorsqu’ils feront le bilan de la stratégie de Joe Biden face à la guerre totale faite à Gaza par Benyamin Netanyahou. Après les attaques terroristes du 7 octobre, le président américain apporte aussitôt un « soutien inconditionnel » au premier ministre israélien, dont celui-ci se servira comme d’un « blanc-seing ».
Alors que la vraie nature de la guerre apparaît rapidement, Joe Biden multiplie les mises en garde, fait connaître ses réserves mais ne mobilise, à aucun moment, les moyens de pression réels dont il dispose : les livraisons d’armes et le veto à l’ONU.
Comme si Netanyahou menait la danse de cette « relation spéciale » qui unit les deux pays depuis 1967. Les États-Unis avaient alors pris la place de partenaire privilégié abandonnée par la France du général de Gaulle avec le début de la colonisation de la Cisjordanie. Allié proche-oriental dans la guerre froide puis dans la « guerre contre le terrorisme », Tel-Aviv a reçu depuis cinquante-sept ans 158 milliards d’aide, dont les trois quarts pour le secteur militaire.
Mais Biden n’a sans doute pas vu que les temps avaient changé : le lobby pro-Israël organisé autour de l’Aipac (American Israel Public Affairs Committee) et du bloc chrétien évangélique est passé avec armes et bagages au Parti républicain tandis que, sur les campus, la jeunesse étudiante exprime la montée en puissance de la revendication des droits palestiniens dans la société américaine.
L’effet ciseau sera peut-être létal pour Kamala Harris, qui a pris la suite du président en exercice sans assumer de pas de côté. Sur la scène internationale, la diplomatie de Biden décuple le discrédit d’un pays qui se voit toujours comme la principale puissance mondiale, qui prétend défendre le droit international à Kiev mais le piétine, de manière complice, à Gaza. Une tache indélébile.