Reconnaître l'état palestinien
Donald Trump a déjà dévoilé la majeure partie des membres de son gouvernement, en dépit des usages et de la procédure officielle. © Miami Herald/TNS/ABACA |
L’ivresse qui a envahi Beit Aghion, la résidence officielle du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, emporte tout avec elle. Les suprémacistes pourraient même se retrouver à court de champagne tant les perspectives qui s’ouvrent leur font tourner la tête. Gaza écrasée, Donald Trump de retour à la Maison-Blanche… un tel alignement des planètes relèverait presque de l’aubaine.
La paix au Moyen-Orient. Donald Trump n’a que ce mot à la bouche. Elle n’a chez lui que des relents d’annexion des territoires palestiniens. Elle écrase tout sur son passage pour mieux servir les desseins de l’extrême droite. Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, ne s’y est pas trompé. Une telle occasion ne se représentera peut-être pas pour l’annexion de la Cisjordanie occupée, une région qu’il connaît bien pour la coloniser lui-même. Les bulldozers de l’armée ont commencé le travail et les appels d’offres attendent d’être lancés.
À Washington, la fumée blanche se dégage, donc. Contrairement à 2016, Donald Trump est préparé à l’exercice du pouvoir. Les noms des personnalités qui composeront son administration n’ont pas tardé à tomber. Le nouveau chef de la diplomatie n’est autre que Marco Rubio. Le même avait parlé d’« animaux féroces » après le 7 octobre. Pour celui qui l’endosse, la déshumanisation de l’ennemi vaut déjà abandon de sa propre humanité. De l’Arménie au Rwanda, elle présage toujours le massacre à grande échelle.
À l’instar de Smotrich et Rubio, le futur ambassadeur des États-Unis en Israël, le messianiste Mike Huckabee, chérit les références bibliques. Au nom de Cisjordanie, il préfère celui de « Judée et Samarie ». Renommer un territoire, c’est déjà se l’approprier. En l’espèce, l’annexion ne signifie rien d’autre que l’apartheid de jure et de facto. La France, comme d’autres, sera tenue comptable de ses silences et de ses complicités. Elle peut encore se ressaisir. L’établissement d’un État palestinien dans les frontières de 1967 est le seul levier qu’offre le droit international pour garantir la paix. Il n’est pas trop tard.