« Un risque imminent de mourir » : le martyre sans fin des Gazaouis et des Libanais

Publié le par FSC

Benjamin König
L'Humanité du 03 novembre 2024

Alors que le monde a les yeux rivés sur les États-Unis, leur soutien indéfectible au gouvernement israélien permet à celui-ci de poursuivre l’escalade meurtrière. Désormais aux portes de la Syrie et de l’Iran, la guerre fait rage, plus que jamais.
À lui seul, le chiffre donne le tournis et la mesure des moyens engagés : depuis le 7 octobre 2023, les États-Unis ont octroyé pas moins de 23 milliards de dollars (21,2 milliards d’euros) à Israël en soutien militaire, selon une étude de l’université Brown (Rhode Island). Les chercheurs ont également chiffré en dollars constants le montant de l’aide militaire yankee depuis 1959 : 251 milliards de dollars. Un dixième en seulement un an : ce rapport laisse augurer de la puissance de feu colossale utilisée par l’armée israélienne avec le plein soutien états-unien.


Alors que les États-Unis s’apprêtent précisément à élire un ou une nouvelle président(e), Benyamin Netanyahou et l’armée israélienne poursuivent à toute force les guerres menées à Gaza, au Liban, mais aussi contre des cibles syriennes ou iraniennes.
Le guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Khamenei, a d’ailleurs accusé les États-Unis : « Les événements en cours au Liban et à Gaza ont entraîné le martyre de 50 000 personnes l’année dernière, principalement des femmes et des enfants (…). Les États-Unis, qui prétendent défendre les droits de l’homme, soutiennent et sont complices de ces crimes. Les plans et les armes utilisées en proviennent », a-t-il déclaré.

1 900 personnes tuées au Liban


Ce week-end, l’armée israélienne a mené de nombreuses opérations militaires : samedi 2 novembre, elle a à nouveau bombardé la banlieue sud de Beyrouth. Selon le ministère de la Santé libanais, une personne est morte et quinze autres ont été blessées.
Depuis le 23 septembre, début des attaques d’ampleur contre le Liban, 1 900 personnes ont été tuées, selon ce ministère. Un autre bombardement a visé « le poste-frontière de Jousieh, où de nombreux Libanais et Syriens passent du Liban vers la Syrie », a indiqué le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi.


Selon le diplomate, « des structures humanitaires ont également été touchées. Fuir est devenu difficile et dangereux alors que la guerre poursuit son extension ». Dimanche 3 novembre, trois autres personnes ont été tuées et neuf blessées, selon un bilan toujours provisoire, par des bombes lâchées près de Saïda, la grande ville du sud du Liban.
Vendredi, de nombreux bombardements ont touché la ville de Baalbek et ses environs, dans l’est du Liban, près de la frontière syrienne. Le bilan humain est très lourd, avec plus de 60 personnes tuées. La moitié des 82 000 habitants ont fui la ville en deux jours. Ce dimanche, l’armée israélienne a réitéré son ordre de déplacement, provoquant un nouvel exode massif de réfugiés. Les bombes ont explosé tout près des vestiges romains classés au patrimoine de l’humanité, faisant craindre – comme à Gaza – des destructions culturelles majeures.
Toujours au Liban, l’armée israélienne a organisé une opération commando par une unité de marine à Batroun, au nord de Beyrouth, pour kidnapper un membre du Hezbollah qualifié par l’armée « d’agent de haut rang ». Un autre cadre du mouvement islamiste chiite a été tué : selon les militaires israéliens, il était le responsable des systèmes de missiles et roquettes du Hezbollah.

Tous les habitants du nord de Gaza courent « le risque imminent de mourir »


Tandis que le gouvernement israélien étend la guerre sur l’ensemble du Liban et de la région, Gaza reste toujours sous le feu. Selon la directrice de l’Unicef, Catherine Russell, « plus de 50 enfants auraient été tués à Jabaliya, où des frappes ont rasé deux immeubles résidentiels abritant des centaines de personnes ».
Six Gazaouis ont été blessés dans le bombardement d’un centre de vaccination situé dans le nord de la bande de Gaza. « Les attaques contre Jabaliya, la clinique de vaccination et contre un membre du personnel de l’Unicef sont un nouvel exemple des graves conséquences des frappes aveugles contre les civils dans la bande de Gaza », a réagi la directrice de l’organisme de protection de l’enfance.
Durant la seule journée de dimanche, 31 Palestiniens ont été tués lors des attaques israéliennes, portant le bilan à 43 341 morts et 102 105 blessés, selon le ministère de la Santé du Hamas. L’ONU a fait part de sa vive préoccupation : tous les habitants du nord de Gaza courent « le risque imminent de mourir » sous les bombes ou par manque d’eau et de nourriture.


À un peu plus de 70 km de là, à Tel-Aviv, une nouvelle manifestation des familles des otages se tenait samedi. L’une des figures du mouvement, Ifat Kalderon, dont le cousin fait partie des 97 otages encore en vie, a accusé Benyamin Netanyahou : « Chaque fois qu’on tente un accord sur les otages, il le sabote. Il rendait Sinouar (Yahya Sinouar, ancien chef du Hamas à Gaza – NDLR) responsable et maintenant qu’il n’est plus là, il trouve à chaque fois une autre raison. »
Engagé dans une fuite en avant qui met en péril toute la région du Proche-Orient, soutenu à coups de milliards d’euros par les États-Unis, qui quoi qu’il arrive ne changeront en rien leur politique, Benyamin Netanyahou poursuit son œuvre macabre.

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