Bretagne : quand des élus font appel à des médecins cubains pour sauver l’hôpital public
À Guingamp, dont l’hôpital est confronté à une grave pénurie de docteurs, un élu a décidé de faire appel aux praticiens que Cuba dépêche aux pays qui en font la demande. L’idée fait son chemin : dans les Côtes-d’Armor, 56 maires ont signé des arrêtés en ce sens. Mais tout le monde n'est pas d'accord...
6 décembre 2024
Tout est parti d’un coup de gueule. Face aux déserts médicaux décidément bien implantés sur le territoire breton, pourquoi ne pas demander le renfort de médecins… cubains ? Depuis belle lurette, l’agence régionale de santé de Bretagne menace de fermer la maternité de l’hôpital de proximité de Guingamp, dans les Côtes-d’Armor. Pas assez de naissances, assure l’ARS. Et qui plus est, pas assez de sages-femmes, ni d’anesthésistes.
Une suspension des accouchements est prononcée en 2023. Six mois reconductibles… qui durent depuis dix-huit mois. Un vrai coup de massue. D’autant que c’est tout l’hôpital qui se trouve « à bout de souffle », selon les propos de son président du conseil de surveillance. Selon lui, l’établissement manque de chirurgiens, de cardiologues, de pneumologues.
Avec ses 7 000 habitants, la « petite cité de caractère » vantée par les dépliants touristiques se trouve à plus de 100 kilomètres de l’hôpital de Brest, lui-même bigrement saturé. À cela s’ajoute qu’en Bretagne, la moitié des communes se trouvent sans aucun médecin. L’agglomération de Guingamp ne compte que 5,8 généralistes pour 10 000 habitants, contre 9,6 pour la moyenne nationale. Mais les manifestations qui mobilisent une grande partie de la population pour la sauvegarde de l’hôpital public de Guingamp ne feront pas plier l’ARS.
De guerre lasse, en avril 2023, Gaël Roblin, conseiller municipal, balance cette idée saugrenue, histoire de déclencher enfin des réactions. Le militant de la gauche indépendantiste est aussi encarté à la CGT. « Plusieurs organisations au sein de ce syndicat mènent des actions de solidarité avec Cuba. J’étais au fait du travail mené par ce pays à l’international avec ses brigades de médecins. »
« En résistance pour notre maternité »
Inutile de préciser qu’on ne le prend pas d’emblée très au sérieux. Qu’à cela ne tienne. Gaël Roblin interpelle