Disparition de Marcel-Francis Kahn, infatigable défenseur des droits des peuples

Publié le par FSC

Tribune
Isabelle Avran
L'Humanité du 1er janvier 2025

 

Le médecin rhumatologue de renom, militant engagé, vient de décéder à Paris, à l’âge de 95 ans. Nous publions l'hommage rendu par Isabelle Avran.
Marcel-Francis Kahn vient de décéder à Paris, à l’âge de 95 ans. Rhumatologue reconnu dans le monde, Francis était un militant des droits des peuples, de l’Algérie au Vietnam et à la Palestine, un internationaliste qui a su mettre sa grande culture et ses valeurs antiracistes et humanistes au service d’une solidarité active et efficace et d’un engagement permanent.
Né dans une famille juive, il s’est engagé dans la Résistance avec les FFI dès ses 15 ans pour combattre l’occupation nazie et le régime de Vichy. Il épousera Rena Cukier, survivante des camps, décédée trop tôt, en 1974.


Militant syndical et politique, au PSU puis à la Ligue Communiste (dissoute en 1973), il s’est engagé auprès du FLN pour l’indépendance de l’Algérie et, après une mission au Vietnam, a contribué à la création du tribunal Russel pour ce pays.
En 1970, professeur de médecine à l’Hôpital Lariboisière à Paris, il est parti en Jordanie avec d’autres médecins, via le Liban et la Syrie, et a soigné à Irbid des résistants palestiniens de l’OLP lors du tragique Septembre noir.
Dès la création de l’association France-Palestine en 1979, il a fait partie de sa coprésidence. Il vient de rejoindre ceux qui nous ont quittés depuis plusieurs années déjà : Louis Terrenoire, Louis Odru, Claude Bourdet.


Francis a fait partie de celles et ceux qui ont milité en faveur de la fusion des deux associations France-Palestine et AMFP qui a donné naissance à l’AFPS en 2001.
Il a été l’initiateur d’un appel « En tant que juifs » condamnant la politique israélienne d’occupation et l’usurpation de la mémoire des victimes du nazisme.
« Citoyens de la planète, nous n’avons pas de raisons ni pour habitude de nous exprimer en qualité de juifs.


Nous combattons le racisme, dont, bien sûr, l’antisémitisme sous toutes ses formes (…) Mais, en prétendant parler au nom de tous les juifs du monde, en s’appropriant la mémoire commune, en s’érigeant en représentants de toutes les victimes juives passées, les dirigeants de l’État d’Israël s’arrogent aussi le droit de parler, malgré nous, en notre nom. Personne n’a le monopole du judéocide nazi. Nos familles ont eu leur part de déportés, de disparus, de résistants. Aussi le chantage à la solidarité communautaire, servant à légitimer la politique d’union sacrée des gouvernants israéliens, nous est-il intolérable. » écrivait-il déjà en 2000, avec de nombreux signataires dont son ami Stanislas Tomkiewicz, appelant alors à un réel processus de paix.


Contre l’occupation et la colonisation israéliennes de la Palestine, les violences qu’elles engendrent, il a été l’un des fondateurs du tribunal Russel pour la Palestine lequel a mis en lumière la politique d’Apartheid israélienne.
Défenseur du droit international, il a milité pour la coopération entre résistance palestinienne, anticolonialistes israéliens et mouvements de solidarité dans le monde et s’est engagé contre l’impunité des dirigeants de Tel-Aviv.
Autant de combats lucides d’une terrible actualité.


Ses amies et amis se rappelleront sa solidarité envers les opprimés et celles et ceux qui résistent. Ils se rappelleront aussi sa défense du service public qu’il n’a jamais quitté et du droit à la santé. Ils se rappelleront de débats parfois vifs toujours passionnés.
Une génération s’éteint. Mais sa mémoire restera, celle de l’engagement pour la justice et l’égalité des droits sans frontières.

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article