« L’enfer éclatera si les otages ne sont pas de retour » : Donald Trump menace de faire plonger le Moyen-Orient dans le chaos

Publié le par FSC

Pierre Barbancey
L'Humanité du 08 janvier 2025

 

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse au club Mar-a-Lago, le 7 janvier 2025.© SCOTT OLSON / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

 

Donald Trump n’a pas eu un mot pour le génocide en cours dans la bande de Gaza. Il a simplement averti que si les captifs israéliens n’étaient pas libérés avant sa prise de fonction, le 20 janvier, la région pouvait s’attendre à tout.


Si Donald Trump a pu surprendre par ses déclarations concernant le Groenland, le canal de Panama ou le Canada, on ne s’étonnera pas en revanche de son intérêt renouvelé pour le Moyen-Orient et plus particulièrement Israël. Lors de sa première présidence, il n’avait pas été seulement un défenseur acharné de Tel-Aviv et plus particulièrement de son ami Benyamin Netanyahou.


Donald Trump et son gendre Jared Kushner avait initié, défendu et imposé une politique visant à la normalisation des relations entre les pays arabes et Israël, sans passer par la case Palestine. Les accords d’Abraham comme on les appelle – jusqu’ici signés par le Maroc, le Soudan, les Émirats arabes unis et le Bahreïn – s’accompagnaient d’un feu vert plus ou moins déclaré à l’annexion des territoires palestiniens. Mais, dans la mesure où la question d’un État de Palestine n’était pas évoquée, qu’est-ce qui pouvait bien retenir Netanyahou et son gouvernement dominé par l’extrême droite ?


Rien d’étonnant donc à ce que lors de sa conférence de presse, le 7 janvier, dans sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, il ait donné la parole à son candidat au poste d’envoyé spécial au Moyen-Orient, Steve Witkoff. Un investisseur immobilier sans expérience en politique étrangère qui a participé aux récentes discussions de cessez-le-feu au Moyen-Orient.


Les négociations indirectes ont repris ce week-end à Doha (Qatar), mais sont qualifiées par l’Émirat de « réunions techniques ». Witkoff a déclaré que de réels progrès avaient été réalisés dans les pourparlers, qui sont centrés sur un accord de cessez-le-feu de quarante-deux jours en échange de la libération des otages. Ce dernier mot s’est transformé en chiffon rouge devant les yeux du taureau Trump.


Le président élu, qui sera investi officiellement le 20 janvier, a adopté une position plus dure, se concentrant sur la libération des derniers captifs détenus dans la bande de Gaza après les attaques du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël. Selon Tel-Aviv, environ 100 personnes resteraient détenues par le Hamas.


« Si cet accord n’est pas conclu pour les personnes qui représentent notre nation avant mon entrée en fonction, l’enfer va éclater », a asséné Donald Trump, martelant une menace qu’il profère depuis le mois dernier sans en détailler les conséquences possibles. Lorsqu’on lui a demandé d’expliquer ce qu’il voulait dire lors de la conférence de presse, Trump a hésité : « Dois-je vous le définir ? L’enfer éclatera si les otages ne sont pas de retour. »


Et d’ajouter au cas où il n’aurait pas été compris : « S’ils ne sont pas de retour avant mon entrée en fonction, l’enfer éclatera au Moyen-Orient, et ce ne sera pas bon pour le Hamas, et ce ne sera bon, franchement, pour personne. L’enfer éclatera. Je n’ai pas besoin d’en dire plus, mais c’est ce que c’est. » L’ajout fait par Steve Witkoff n’a rien pour rassurer : « C’est le président, sa réputation, les choses qu’il a dites qui motivent cette négociation, et j’espère que tout fonctionnera et que nous sauverons des vies. »

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